L'utilité de la philosophie dans la religionAu nom d'Allah le Clément, le Miséricordieux. Gloire à Allah, le Seul digne de louanges et de toute adoration. Lorsque frère Maalik m'a demandé il y a trois semaines de cela, de préparer un discours en français, je me suis demandé ce que je pouvais Nous apporter. Je dis “ Nous “ car si je dis “ Vous apportez “, cela signifie que je me mets dans la position du savant et Vous des ignorants. Alors que lorsque je regarde cette assemblée, je vois beaucoup plus de savants que d'ignorants. Nous sommes tous au même niveau. C'est pour quoi j'ai dit “ Nous apporter “. D'ailleurs, mon propos n'est pas affirmatif mais plutôt interrogatif c'est à dire je cherche à susciter le questionnement en chacun de nous. C'est pour quoi, j'ai choisi le thème de “ Philosophie et Religion “. Bien sur, il est impossible et prétentieux de vouloir traiter cette question et d'y apporter des réponses définitives en une quinzaine de minutes. Nous tenterons plutôt de questionner ces deux notions en nous demandant ce qu'elles sont en elles mêmes et ce que la Philosophie peut apporter à la Religion. Je tiens à préciser une chose : toutes les critiques ou tous les conseils que je pourrai émettre sont d'abord diriger vers moi-même. I-La Philosophie Qu'est ce que la Philosophie ? Si on fait un tour d'horizon des différents préjugés sur la Philosophie, celles-ci se résument à quelques uns, à savoir : la Philosophie est un luxe, Elle ne sert à rien, Elle est inutile, Tous les philosophes sont des fous, etc... Donc Philosophie égale perte de temps. Effectivement, lorsque l'on a rien compris à la Philosophie, lorsqu'on n'a pas réellement compris ce qu'elle est, elle peut apparaître comme inutile. Pourtant si on fait un effort de réflexion, on se rend très vite compte que la Philosophie est indispensable. En effet, à l'époque est apparue la Philosophie dans le monde Occidental, c'est à dire vers le quatrième siècle avant JC, la Philosophie n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui. A notre époque, la Philosophie, c'est produire un discours théorique sur le monde, c'est s'intéresser à des choses aux quelles le commun des mortels ne s'intéresse pas comme par exemple “ Comment la connaissance est elle possible ? “, “ Comment l'acquisition des connaissances est elle rendue possible ? “. C'est ce qu'on appelle, la Philosophie de la Connaissance. Bref, la Philosophie c'est discourir, c'est resté dans le monde des idées, pour reprendre l'expression de Platon. Alors qu'à l'époque antique, la Philosophie n'était pas qu'un discours. Au contraire, c'était avant tout une manière de vivre, un engagement existentiel, donc le Philosophie est ici rattaché à la pratique. On est dans du concret, dans le monde réel. “ Que signifie manière de vivre ? “. Cela signifie, vivre selon ses idées. C'est à dire selon les idées de l'école à laquelle on s'est attaché car à cette époque, il était question d'adhérer à une école. Les plus connues étaient les suivantes : l'école épicurienne, platonicienne, aristotélicienne, stoïcienne, cynique. Chacune de ces écoles avait une doctrine et il s'agissait à ce moment là , d'appliquer, de vivre en fonction de cette doctrine. On voit à partir de là que celui qui décidait de vivre philosophiquement prenait la décision de changer radicalement sa manière de vivre mais aussi sa manière de voir et de comprendre le monde. Que recherchaient toutes ces écoles ? Elles cherchaient toutes à transformer l'individu, à le rendre meilleur. Le but était de vivre vertueusement, de se détacher de ce monde matériel, de prendre de la distance à l'égard de ses passions, de ses désirs. Il était question de devenir meilleur et l'outil fondamental qui permettait cette transformation était LA RAISON. Par exemple, pour l'école stoïcienne, il s'agissait de ne pas être affecté par le monde extérieur, c'est à dire le monde extérieur ne peut pas nous faire du mal. Si nous sommes malheureux, ce n'est pas parce que le monde qui nous entoure nous rend triste, ce n'est pas le monde qui est la cause de notre tristesse, c'est nous même qui sommes la cause de notre propre malheur car l'école stoïcienne a un principe fondamental qui se résume dans cette formule d'Epictète :
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