Chapitre III : Dieu et la méthode expérimentale



D'autre part, puisque la vie pratique des gens est inévitablement dépendante des sciences, et que le savoir expérimental embrasse tous les aspects de la vie matérielle, enserrant l'homme dans un cadre hermétique, au point que parmi ses outils et instruments, très rares sont ceux qui n'en portent pas la marque (de la science), de telles conditions entraînent forcèment une plus grande confiance des gens dans les sciences. Leur comportement s'en ressent, et un certain scepticisme se fait jour à l'endroit de l'existence.

Dès que la logique scientifique marque de son empreinte toutes les pensées, les hommes élaborent leur conception du monde au creuset de cette logique, au point d'être persuadés que toute question ne peut être approfondie que sur la base de la connaissance scientifique qui confère crédit et authenticité.
Finalement toute chose qui échappe à la perception sensible est considérée comme inconnaissable, et aucune voie n'est ouverte pour sa démonstration.

Paul Clarence Ebersold, le célèbre physicien écrit:

"Au début de mes études, j'étais fasciné par les méthodes scientifiques et j'étais persuadé qu'un jour la science découvrira tout, et révèlera les secrets de tous les phénomènes, et même qu'elle éclairera le principe vital, ses manifestations et la conscience humaine.

Mais au fur et à mesure que j'apprenais, et que j'examinais toutes les choses depuis l'atome jusqu'aux galaxies, je me suis rendu compte que beaucoup de choses demeurent inconnues. La science peut avec succès expliquer en détail la constitution de l'atome ou encore définir les propriétés des entités naturelles, mais elle ne sera pas capable de définir l'âme et l'intelligence humaine. Les savants ont conscience de ne pouvoir étudier et connaître que les qualités et les quantités des choses sans accèder aux causes premières et au pourquoi de leurs propriétés. l'intelligence humaine, les sciences ne peuvent pas nous dire d'où viennent les atomes, les galaxies, l'âme, ou encore l'homme aux aptitudes stupéfiantes.

Les sciences peuvent avancer la thèse qu'à l'origine de l'univers, il y eut une explosion de laquelle sont issus les atomes, les étoiles et les galaxies, mais elles ne sauraient nous dire d'où vient cette matière initiale, ni la force qui a causé l'explosion. Pour répondre à cette question tout homme doté d'un esprit normal reconnaît l'existence d'un créateur."13

Par conséquent, l'empiriste qui ignore la méthode de connaissance religieuse, se fera pour règle de n'admettre comme juste et nécessaire que ce qui est conforme à la logique et à la méthodologie des sciences. En revanche, il se donnera le droit de considérer comme dénué de valeur, tout ce qui contredira les conclusions de sa science. La méthode ici est celle même qui dicte d'avoir confiance dans les expériences, et de fait il rapportera toute sa démonstration au critère de l'expérience.

Dans ces conditions où son sens religieux est l'objet d'une indifférence, en particulier cet ensemble de questions religieuses pratiques concernants les ordres et les interdits, et dont il ne retrouve pas de façon concrète les fondements dans ses recherches scientifiques pour pouvoir les expliquer.
Il s'attache obstinèment à la méthode qu'il a choisie lui-même, et en raison du pli qu'il a pris de tout exprimer avec ses propres concepts et de tout mettre en formules, il suppose comme vides et dénuées de valeurs les prescriptions religieuses les plus simples, les plus générales et les plus franches.

Cette facon de penser est fondamentalement incorrecte et erronée. Et ces sciences perdent leur caractère dès qu'elles entrent dans notre vie pratique, bien qu'elles aient des formules compliquées et extraordinairement minutieuses dont la connaissance exige de l'homme qu'il s'engage dans des recherches profondes et difficultueuses. Leur terminologie auparavant restreintes aux savants, devient un lien commun. Quand il en va autrement, elles restent des sciences qui ne sortent pas des cercles spécialisés et industriels ainsi que des bibliothèques et autres centres de recherches.

Tout le monde peut se servir des moyens comme le téléphone et la radio. Il en va de même de tous les instruments scientifiques. Malgré toute leur complexité et leur minutie, de simples instructions donnés par le spécialiste, suffisent à rendre le public familier avec eux.



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