Chapitre III : Dieu et la méthode expérimentale



Il est un être dont l'essence ne dépend pas des contingences temporelles, ni des conditions spatiales. Son essence n'éprouve aucun besoin ni nécessité. Il connaît ce qui est manifeste dans le monde et ce qui y est caché.
Tout est uniformément apparent pour lui. Il est la perfection même au - dessus de laquelle n'existe aucune autre perfection. Il est au - dessus de tout ce que l'esprit humain peut concevoir. Et s'il nous est possible d'appréhender son essence, c'est à cause de l'insuffisance qui nous caractérise, ainsi que nos instruments et autres moyens de la connaissance.

Pour la même raison, si vous examiniez tous les livres des sciences expérimentales, il n'y sera pas fait mention du moindre cas d'expérience relative à l'existence de Dieu, ni de jugement sur lui.
Et si en outre, nous considérons les sens comme le seul moyen d'investigation de la réalité, il faut noter qu'en s'appuyant sur eux, on ne peut pas démontrer si rien n'existe hormis le monde sensible.

Une telle assertion n'est pas expérimentale puisqu'elle ne résulte d'aucun argument sensible.
Si nous supposons que les partisans des doctrines religieuses n'avaient aucun argument pour étayer leurs professions de foi, le point de vue niant l'existence d'un monde suprasensible est lui aussi un point de vue arbitraire, reposant sur l'imagination et l'illusion.

Une telle négation n'est pas digne de la science ni de la philosophie, et contredit même la logique de l'expérimentation.
Dans son ouvrage, Principes élémentaires de la philosophie, Georges Politzer écrit:
"La représentation de quelque chose échappant au temps et à l'espace, et préservé du changement et de la transformation est impossible;."

Il va de soi qu'une telle affirmation reflète un type de pensée qui ne sait pas ce qu'elle cherche, et dans quel but elle oeuvre. Sinon, elle se serait inquiétée de la façon de le chercher. Mais comme le pivot de son activité ne concerne que la nature et le monde sensible, elle perçoit naturellement comme impossible tout ce qui est loin de son domaine d'action et qui ne se prête pas à l'expérience des sens.
Le reconnaître comme possible, lui semble être en contradiction avec la méthode de pensée scientifique.

Alors que, en tenant compte de l'infinité des seules inconnues se rapportant à cette planète et à cette matière inerte palpable avec laquelle il est en rapport constant, le seul droit qu'on puisse reconnaître à un savant naturaliste - quand on sait que le monde matériel lui - même ne se réduit pas à la terre où il habite - est qu'il dise:
"Je me tais, et je ne nie pas"

Comment en effet pourrait-il se permettre de nier quelque chose qui exige la connaissance de tout l'ordre universel, alors qu'en comparaison, son savoir est quasiment nul.

Et quelle preuve avons-nous que l'existence se réduit au monde matériel? Quel savant négateur de la métaphysique a pu jusqu'ici étayer sa négation avec des arguments et de la logique, et fournir la preuve qu'au delà du monde sensible il n'y a que le néant pur?

* * *

Bien que la science ne rejette pas catégoriquement toutes les inconnues quand elle réalise que ses moyens sont insuffisants pour les appréhender, et bien qu'elle ne perde pas espoir de les ajouter au domaine du connu, les matérialistes refusent d'évoquer la question de l'existence de Dieu, même sous la forme d'un doute.

Avec leurs préjugés erronés et hâtifs, ils demeurent dans leur position de négation d'un créateur.
Ils ont donné leurs propres critères, mais refusent de s'en servir dans certains cas. Ils n'autorisent pas par exemple que l'on utilise le critère de la surface à propos du volume. Mais quand ils en viennent à l'évaluation du monde suprasensible, ils veulent soumettre Dieu, l'âme et l'inspiration céleste aux mêmes moyens et critères matériels; et quand ils se rendent compte de l'impossibilité de leur entreprise, ils décident carrément de les nier.

Cela étant, si quelqu'un se limitant à sa logique expérimentale veut admettre de l'existence cette part que lui permettent ses expériences sensible, et nie l'existence d'un monde extra - physique, il devra reconnaître qu'il s'agit là d'une voie qu'il s'est choisie lui - même, et non d'un résultat dicté par les enquêtes et les expérimentations scientifiques.
Ce pseudo - intellectualisme procède d'une sorte d'indiscipline mentale, et de rebellion contre les règles de la nature primordiale.

Les croyants ne considèrent pas comme Dieu, celui dont les savants démontreraient l'existence par des instruments naturels. Et les sciences de la matière sont encore impuissantes à remporter un tel succès.

"La logique démontre l'existence de Dieu, et ne peut la nier. Il se peut que comme par le passé, certains continuent de nier l'existence du Créateur, mais personne ne pourra étayer sa position par des arguments rationnels. Et s'il existe une preuve rationnelle pour nier ou douter de l'existence d'une chose il faut la nier ou en douter.

Pour ma part, jusqu'à ce jour, je n'ai rencontré personne, tout au long de mes recherches, qui ait eu une preuve correcte pour nier Dieu.
Par contre, j'ai vu un nombre incalculable d'arguments acceptables par la raison et démontrant l'existence de Dieu."16

 



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