Chapitre XVII : Les raisons de la mécréance et de l'athéisme



Cependant, la forme de religion prévalant alors était trop fautive et présentait trop d'incohérences pour être acceptée. Ils n'hésitèrent pas à la rejeter en bloc. Un préjugé regrettable s'ancra dans leur esprit par lequel ils comdamnèrent toutes les relitions. Ce qui de leur part était une injustice envers la logique et la raison.
Cette réalité est confirmée par Walter Oscar, le physiologiste et biochimiste de renommée qui dit:
"L'indifférence manifestée par certains savants dans leurs études à l'égard de la question de l'existence de Dieu a plusieurs causes. Citons - en notamment: -Premièrement, la situation politique despotique, les conditions sociales, les mesures gouvernementales, impliquent en général la négation d'un créateur.
- Deuxièmement, la pensée humaine subit l'influence même des illusions et fantasmes. Même si l'individu ne subit aucune sorte de torture physique ou morale, il n'est cependant jamais libre totalement dans son choix et ses préférences.

"La plupart des fils de familles chrétiennes croient dans leur enfance à l'existence d'un Dieu à forme humaine. Pour eux l'homme a été créé à l'image de Dieu. Quand ces personnes entrent dans un milieu scientifique et commencent à y exercer leur profession, ils s'aperçoivent de l'immense écart conceptuel entre l'idée du créateur telle qu'elle leur a été inculquée et les concepts scientifiques rigoureusement et laborieusement établis. Impuissants à concilier ces deux notions, ils préfèrent chasser de leur esprit l'idée même du créateur.
"La raison essentielle en est que les arguments logiques et les définitions scientifiques ne sont pas à même de changer les croyances précédentes chez ces personnes. D'autre part, elles savent bien que leur notion de Dieu est fausse, ce à quoi s'ajoutent d'autres facteurs psychologiques qui font que l'on est effrayé par l'insuffisance de conceptions religieuses, et que l'on devient indifférent à la connaissance de Dieu."31

Pour cette raison, les savants de cette classe travaillèrent pour trouver des solutions scientifiques tenant lieu de réponses aux questions de l'existence, et ne comportant aucune référence ni mention de Dieu et de la religion. Ils espéraient ainsi extirper à long terme l'espoir des hommes dans la religion, et ôter à celle - ci toute influence dans l'ordre naturel et social.

Chaque fois qu'ils se retrouvaient devant une impasse, ils imaginaient différentes théories pour lui donner une solution, ou encore pour reporter sa solution jusqu'à ce que de nouvelles découvertes scientifiques leur apportent un supplément d'information. Ainsi ils s'imaginaient ne pas céder à la superstition et au charlatanisme. Bien qu'ils se libéraient du polythéisme, ils n'en retombaient pas moins dans l'athéisme.

* * *

La croyance au principe premier et la connaissance de Dieu sont un besoin inné. Mais elles ne présentent pas le même caractère de nécessité que les besoins matériels de la vie, que l'homme cherche à satisfaire sans relâche. Elles sont un besoin spirituel tout à fait distinct de la vie matérielle, qui requiert une grande perspicacité, une profondeur de vue.
Il n'y a pas de similarité de nature entre ces deux sortes de besoins.

D'autre part, comme il est plus aisé de rejeter et de renier l'existence d'un créateur invisible que de le reconnaître, ceux qui n'ont pas la capacité suffisante pour sentir cet être invisible, optent pour la voie aisée du renîment et de l'athéisme.

* * *

Nous ne pouvons cependant pas perd re de vue les suggestions des faux - religieux menant les gens à la répression de leurs instincts. Ceux - ci, indissociables de la vie de l'homme, ne sont non seulement pas en trop, mais sont aussi une force déterminante et un facteur de croissance et de mouvement dirigeant l'homme vers l'objectif qui lui a été assigné dès sa création.

Pourtant, de même qu'il ne faut pas, à l'instar d'un prisonnier totalement soumis à son geôlier, se laisser aveuglèment conduire par son instinct, il ne faut pas non plus se comporter en tyran à l'égard de ses forces intérieures, et tuer tout désir instinctif. Au contraire, étant donné qu'une fonction ne pourrait être fructueuse que lorsqu'elle s'exerce librement bien que de façon contrôlée, la répression totale des instincts ne causera que la destruction de la personnalité.
Au Moyen - Age, la conception du monde prévalant dans le christianisme se tournait entièrement vers l'au - delà et l'obtention des faveurs divines après la mort. Les chrétiens ne considéraient l'ici - bas que comme absurde et futile.

Quel serait alors le rôle d'une religion sacralisant la vie cloîtrée et l'isolement, dans l'édification et l'amendement de l'homme et de la société? Cette religion qui a présenté le mariage et la formation de famille -sans lesquels il n'est point de perpétuation de l'espèce- comme une souillure, et la pauvreté matérielle comme le bonheur.

La mission de la religion, à notre sens, n'est pas de tuer l'instinct, mais de le canaliser, de lui délimiter le domaine de son libre exercice, en lui évitant les écueils de l'abus dans l'un ou l'autre sens.
En maîtrisant ses instincts, et en oeuvrant sans cesse de façon à s'émanciper de ses chaînes, l'homme a pu se frayer une voie vers la réalisation de ses objectifs, volontairement et en toute liberté. Autrement, il n'aurait jamais eu la possibilité d'accéder facilement à la connaissance de son être intime, en raison des conflits engendrés en lui par les instincts non conditionnés par une éducation pluridimensionnelle.



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