Chapitre IV : Quelques aspects de l'inégalité



Les commémorations posthumes et les cérémonies à son honneur sur sa tombe, ne lui seront d'aucun profit; elles ne serviront qu'à maintenir une légende creuse, du fait que la personne en question ne serait rien qu'une forme assemblée par la nature pour sa distraction comme un jouet durant quelques jours avant de se transformer en une poignée de poussière. Si nous observons le sort de la majorité des peuples qui sont constamment en lutte avec les différents types de souffrance, de privation et d'angoisse, le tableau est de plus en plus morne.Avec une telle vision de la vie humaine, le seul paradis que le matérialisme peut offrir est l'enfer de la terreur et de la peine. La position matérialiste qui veut que l'homme manque de liberté et de choix a même fait de lui une créature misérable.

Le point de vue unidimensionnel du matérialisme voudrait que l'homme soit tel un automate dont le mécanisme et le dynamisme des cellules sont opérés par la nature. L'intelligence et l'instinct humains et encore moins les réalités de l'existence peuvent - elles accepter une telle interprétation ridicule et banale de l'homme, de sa vie et de son destin?
Si cette interprétation était vraie, l'homme serait il plus heureux qu'une poupée? Pris dans une telle situation, l'homme serait obligé de faire de ses propres passions et goûts la base de la moralité et la mesure de la valeur, afin de juger de toutes les choses selon le gain et la perte personnels. Il fera tout son possible afin de détruire tout obstacle sur son chemin et de lever toutes les restrictions sur ses envies sensuelles. Au cas où il agirait autrement, il serait considéré comme arriéré et ignorant.
Toute personne possédant le moindre bon sens et qui juge le cas d'une manière désintéressée et impartiale, considèrera comme valables ces notions bien qu'elles soient décorées dans un sophisme philosophique et scientifique.

Un homme avec une mentalité religieuse verra ce monde comme un système possédant une conscience, une volonté, de la perception et un but. L'intelligence de Dieu dispensatrice de la justice suprême règne sur tout l'univers et toute particule de l'être et elle surveille toutes les actions et faits. Un homme religieux ressent un sens de responsabilité vis à vis de la conscience qui gouverne le monde, et sait que le monde créé et administré par Dieu est nécessairement un monde d'unité, d'harmonie et de bien. Il comprend que la contradiction et le mal ont une existence épiphénoménale et jouent un rôle fondamental dans la réalisation du bien et de l'émergence de l'unité et de l'harmonie.

En outre, selon cet aperçu général du monde qui ouvre de larges horizons à l'homme, la vie n'est pas restreinte à ce monde, et même la vie de ce monde n est pas restreinte au bien être materiel ou la libe ration de l'effort et de la peine. la libération de l'effort et de la peine. Le croyant (en Dieu) verra le monde comme un chemin qui doit être traversé, comme un lieu de test, comme une arène d'effort. C'est dans ce monde que la vertu des actes de l'homme est mise à l'épreuve. Au début de la vie de l'au - delà, le bien et le mal dans les pensées, croyances et actions seront mesurés dans la plus précise des balances. La justice de Dieu se révèlera sous son véritable aspect, et quelle que soit la privation de l'homme dans ce monde, matérielle ou autre elle lui sera rendue.

A la lumière de cette destinée qui attend l'homme, et vu l'indigence essentielle des biens de ce monde matériel, l'homme oriente son effort de conscience exclusivement vers Dieu. Son but devient ainsi de vivre et de mourir pour Dieu. Les vicissitudes de ce monde n'attirent plus son attention. Il voit les choses éphémères telles qu'elles sont, et il ne permet à rien de séduire son coeur. Car il sait que les forces de séduction causeraient le dépérissement de sa nature humaine et l'entraîneraient dans le tourbillon de l'égarement.

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En conclusion, nous ajouterons que mis à part la question de la réceptivité, l'existence de la différence dans le monde n'implique pas l'injustice. L'oppression et l'injustice signifient que quelqu'un est soumis à la discrimination bien qu'il ait des droits égaux à ceux d'une autre personne. Mais les êtres n'ont jamais eu de revendications et ne peuvent en avoir envers Dieu. Ainsi si quelque chose jouit d'une supériorité sur une autre, ceci ne peut être considéré comme étant une injustice.

Nous n'avons rien de nous - mêmes; tout souffle, tout battement de coeur, toute pensée et toute idée traversant notre esprit, tout ceci est puisé d'une provision à laquelle nous n'avons contribué en rien. Cette provision est un don de Dieu, qui nous a été offert à notre naissance.

Une fois que nous comprenons que tout ce que nous possédons n'est qu'un don divin, il sera évident que toutes les différences entre les dons accordés à l'homme sont basés sur sa sagesse, mais elles n'ont rien à faire avec l'injustice, du fait qu'il n'était pas question de mêrite ou de revendication de notre part. Cette vie temporaire et limitée est un don qui nous a été accordé, un cadeau du créateur. Il a la discrétion absolue pour décider de la quantité et de la qualité du don, et nous n'avons aucune réclamation contre lui. Par conséquent, nous n'avons aucun droit de désapprouver, ni d'objecter même si le don qui nous a été accordé à titre gratuit apparaît minime et inconséquent.

 



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