Le paradis au regard des versets et des hadithsL’explication du verset ci-dessus et le hadith qui vient d’être cité ne sont-ils pas la preuve que la vie des habitants du paradis n’est en rien monotone, quand chaque jour, chaque matin et chaque soir, de nouveaux dons et de nouvelles grâces leurs sont attribuées ? Cette phrase ne signifie-t-elle pas que là -bas, la voie du perfectionnement de l’être humain se poursuivra à partir du composé de leur croyance et de leurs actes en ce monde, sans que de nouveaux actes ne soient posés ? Après la description succincte du paradis et de ses grâces matérielles et spirituelles, le Coran présente par une phrase courte les habitants du paradis : « Tel est le Jardin dont hériteront ceux de nos serviteurs qui craignaient Dieu. » Ainsi, la clef du paradis et de l’ensemble de ses grâces n’est autre que la piété. Bien que le terme ‘ibâdinâ / عبادنا (mes serviteurs) fasse une brève allusion à la foi et à la piété, il ne se trouve cependant ici pas de place pour que l’on se contente d’une allusion abrégée, car c’est au contraire avec précision que la vérité du paradis comme le lieu des seuls vertueux s’énonce. C’est là que nous tombons sur le mot irth / ارث, qui désigne habituellement les biens qu’un individu transmet à un autre après sa mort, alors même que les biens n’existent pas au paradis, et qu’il n’y est apparemment pas question de transmission. On peut répondre à cette interrogation de deux façons : 1- Irth / ارث, dans le dictionnaire a le sens de « don de propriété » et n’est pas réservé à la transmission faite par un défunt à ceux qui lui survivent. 2- Nous lisons dans un hadith du noble Prophète (s) : « Chacun, sans exception, dispose d’une résidence au paradis et d’une résidence en enfer. Les mécréants héritent du séjour infernal des croyants et les croyants du séjour paradisiaque des mécréants. » (Nûr al-Thaqalayn, Vol. 2, p. 31). Il est également nécessaire de mentionner que la notion d’héritage évoquée dans le hadith n’est pas fondée sur les liens de filiation, mais se trouve reliée à la religion et aux actes de piété. Les portes du paradis De même, les versets du Coran et les hadiths musulmans annoncent que le paradis, tout comme l’enfer, comporte des portes. Dieu dit : « … les jardins d’Eden. Ils y entreront avec ceux qui ont été justes, ainsi que leurs pères, leurs épouses et leurs enfants. Les anges entreront auprès d’eux, par toutes les portes. » (sourate Al-Ra‛d (Le tonnerre) ; 13 : 23). Bien entendu, s’il y a plusieurs portes, ce n’est pas pour éviter que les gens entrent au paradis par la même porte, ou comme si cela poserait un problème. Ce n’est pas non plus lié au groupe ou à la classe auquel ou à laquelle les gens appartiennent, chaque groupe étant tenu d’entrer par la porte qui lui est réservée. La question n’est pas liée non plus au chemin plus ou moins long à parcourir, ni à des considérations esthétiques qui exigeraient l’existence d’une multitude de portes ! Dans le principe, les portes du paradis ne sont pas comme les portes de ce monde que l’on franchit à l’entrée des vergers, des palais ou des maisons. Au contraire, ces portes désignent les actions ayant conduit à l’entrée au paradis, et pour cette raison, nous lisons dans une partie des hadiths que « le paradis dispose de portes aux noms différents. Il se trouve par exemple une porte que l’on nomme bâb al-mujâhedîn (la porte des combattants de la guerre sainte), et les combattants (9) , portant les armes avec lesquelles ils ont combattu, entrent dans le paradis par cette porte, alors que les anges leur souhaitent la bienvenue ! » Nous lisons dans un hadith rapporté de l’Imâm al-Bâqer (as) : « Sachez que le paradis dispose de huit portes, dont la largeur de chacune équivaut à quarante années de cheminement. » (Al-Khisâl, Shaykh Sadûq, Abwâb al-thamâniya, ‘Les huit portes’). Ceci nous montre que la notion de porte, dans ce genre de cas, est bien plus large, au sens propre, que ce qu’elle indique ordinairement. Il est intéressant d’observer ici dans le Coran que l’enfer dispose de sept portes (« Elle (10) a sept portes. », sourate Al-Hijr ; 15 : 44), tandis que selon les hadiths, le paradis en a huit, ce qui indique que les voies menant à la félicité et au paradis éternel sont plus nombreuses que celles conduisant à l’enfer, et que la miséricorde de Dieu prend le pas sur sa colère (« Ma miséricorde prend le pas sur ma colère ») (Jawshan kabîr (11) ). Plus attrayant encore, il se trouve dans le cas des Ûlûl al-albâb (Ceux qui sont doués d’intelligence), dans les versets du Coran qui précèdent (12) , la question de huit programmes dont chacun constitue en réalité une des portes du paradis et une voie permettant l’accès à la félicité éternelle. Les proches des habitants du paradis les y rejoindront. Les versets cités ne sont pas les seuls à exposer clairement ce dernier sujet, d’autres également expriment le fait que parmi les habitants du paradis qui y entreront figurent les pères, les épouses et les enfants de ceux qui auront été pieux. Cette réalité est destinée à compléter les grâces divines qui leur reviennent, afin qu’ils ne ressentent aucun manque, même en ce qui concerne les êtres qu’ils ont aimés. Et dans cette demeure de la nouveauté et de la perfection, tout y sera neuf, aussi ils y entreront avec un nouveau visage, une intimité et un amour plus brûlants encore, un amour démultipliant la valeur des grâces paradisiaques. Bien que le verset ci-dessus cite uniquement les pères, les enfants et les épouses, en réalité, tous les proches seront rassemblés, parce que la présence des enfants et des pères, sans la présence des frères et des sœurs, et même, d’autres proches, n’est pas envisageable. Ceci est évident si l’on y prête quelque peu attention, en effet, là où se trouve un habitant du paradis, son père vertueux le rejoint également, et là où le père vertueux est donc au paradis, tous ses enfants le rejoignent, et par conséquent les frères et sœurs seront donc réunis. Par cette logique, les autres proches se verront présents au sein de cette réunion. Les jardins de l’Eden (جنات عدن) Jannât /جنات signifie des vergers et ‘adan / عدن désigne un long séjour, à comprendre ici comme « éternel », et le fait que l’on parle de ma‛dan / معدن (mine, minerais, métal) est dû au long séjour que ces matières accomplissent là où elles se trouvent. On peut déduire des différents versets du Coran que le paradis est pour ses habitants permanent et éternel, mais comme nous l’avons dit à la suite du verset 72 de la sourate Al-Tawba (Le repentir) (9) (13) , certains versets indiquent que les jardins de l’Eden représentent un lieu précis du paradis. Ce lieu se distingue des autres jardins du paradis, et seuls trois groupes y résident : les prophètes (as), les amis sincères, à savoir leurs propres compagnons, et les martyrs. Shaykh Sadûq, l’un des grands savants shiites, écrit : « Notre croyance à propos du paradis est qu’il est la demeure éternelle, la demeure du salâm. La mort et la vieillesse, la maladie et le malheur, la ruine et l’impotence, la tristesse, la pauvreté, la fatigue et la lassitude ne s’y rencontrent pas. » Les degrés du paradis
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