Quelques imposteurs. La dernière maladie du Prophète et



La Dernière Maladie du Prophète

La fièvre du Prophète revint à la charge dans la maison de Maymûnah, en s'aggravant et avec des accès occasionnels d'évanouissement. Toutes ses femmes et tous ses parents se rassemblèrent pour le voir. On lui conseilla de ne plus se déranger pour rendre visite à tour de rôle à toutes ses femmes, comme il le désirait, et de rester tranquille dans un même endroit pendant sa maladie. La maison de `Âyechah fut proposée et admise à ce propos, d'une façon unanime. Le Prophète, la tête bandée et les vêtements mis hâtivement autour de son corps, fut conduit à la demeure de `Âyechah, soutenu par al-Fadhl, le fils d'al-`Abbâs d'un côté, par Ali Son cousin et fils adoptif de l'autre. Selon le récit fait par `Âyechah, celle-ci affirme que le Prophète était soutenu d'un c6té par al-Fadhl, de l'autre par une autre personne. Elle répugnait à citer le nom de `Alî, en raison du sentiment d'inimitié qu'elle éprouvait pour lui.

Âyechah Espionne les Mouvements du Prophète

Une nuit, alors qu'il se trouvait dans la maison de`Âyechah, le Prophète se leva doucement de son lit et sortit dehors. `Âyechah pensa qu'il allait chez une autre femme et le suivit à pas de loup jusqu'à ce qu'il arrivât au cimetière de Baqî` où il pria pour le pardon de ceux qui y reposaient. Avant qu'il ne retournât, elle se hâta vers sa maison, où tout de suite après le Prophète arriva. Il devina ce qu'elle avait fait et l'interrogea. `Âyechah n'avait d'autre solution que d'avouer. Il lui dit : "Tu m'as soupçonné d'être allé chez une autre femme alors que je me suis rendu au cimetière par obéissance au Commandement d'Allah". Selon un autre récit, le Prophète fut suivi par Borayah, la bonne, envoyée par `Âyechah pour surveiller le Prophète. Selon une troisième version de ce fait, c'est Abû Râfi`, le serviteur du Prophète qui l'accompagna. Un quatrième récit affirme que c'est Abû Muwayhebah qui alla avec lui.

Hâter l'Expédition vers la Syrie

Bien que la maladie du Prophète s'aggravât de jour en jour, elle ne le confina toutefois pas totalement à la maison. Il maintint l'habitude d'aller chaque jour au Masjid par la porte de son appartement donnant sur la cour, pour diriger la prière. Une semaine après avoir appelé ses hommes à préparer l'expédition vers la Syrie, il s'aperçut qu'ils ne s'empressaient pas d'aller au camp de rassemblement à Jorf. Il était en colère d'entendre les gens dire : "Il choisit un adolescent pour commander le chef des Muhâjirin". Un jour, après la prière, il s'assit sur la chaire, la tête toujours bandée avec une serviette, et s'adressa ainsi à l'assistance : "Ô vous les hommes ! Qu'est-ce que cela veut dire ? On dit que certains d'entre vous grognent contre le fait que j'aie nommé Osâmah pour le commandement de l'expédition vers la Syrie. Si vous me reprochez maintenant cette nomination, désormais vous me blâmerez aussi pour la nomination de son père, Zayd. Je voudrais que vous le traitiez bien, car il est l'un des meilleurs d'entre vous. Maudit soit celui qui s'abstient de rejoindre l'armée". Il demanda ensuite que l'expédition fasse mouvement le plus tôt possible, et quittant la chaire, il rentra chez lui.

Avertissement aux Muhâjirîn et aux Ançâr

Un autre jour, toujours après la prière, il dit à l'assemblée : "Le Seigneur a donné d Son serviteur le choix de continuer dans cette vie, alors qu'elle est pour lui ténèbres. Quant à moi, j'ai choisi l'autre vie. Tous les autres Prophètes moururent avant moi. Vous ne devriez pas vous attendre à ce que je vive éternellement". Après un moment de silence, il poursuivit : "Vous les Ançâr ! Traitez bien ceux à qui vous avez donné refuge. Et vous les Muhdjirîn ! Les Ançàr me sont sûrement chers, car c'est parmi eux que j'ai trouvé refuge. Honorez-les donc et traitez-les bien". Puis, il récita la Sourate al-`Açr : "Par le temps ! Oui, l'homme est en perdition, sauf ceux qui croient; ceux qui accomplissent des œuvres bonnes; ceux qui se recommandent mutuellement la Vérité, ceux qui se recommandent mutuellement la patience", et le verset 24 de la Sourate Mohammad : "Que peut-on attendre de vous, si vous déteniez l'autorité, sinon semer la corruption sur la terre et rompre vos liens de parenté". Il mit ainsi en garde ses Compagnons contre leurs desseins malicieux.

De l'Or Destiné à l'Aumône

Un jour, le Prophète interrogea `Âyechah sur l'or qu'il lui avait confié pour qu'elle le gardât. Il s'agissait de sept dinars, le reliquat d'une somme qu'il avait reçue pour la distribuer comme aum6ne. `Âyechah ayant répondu qu'elle l'avait chez elle, il lui demanda de le distribuer parmi les pauvres. Puis il tomba dans un état de semi inconscience. Peu après, lorsqu'il reprit connaissance, il demanda encore à `Âyechah d'offrir l'or en charité. Il réitéra sa demande une troisième fois mais vainement. A la fin il lui reprit l'argent et le confia à Ali qui le distribua tout de suite aux familles pauvres.

Le Prophète Empêché de Transcrire sa Volonté

Le Jeudi précédant sa mort, et alors que beaucoup de ses principaux Compagnons étaient présents dans la chambre, le Prophète, étendu sur son lit, demanda qu'on lui apportât ce qu'il fallait pour écrire quelque chose : "Apportez-moi du papier et de l'encre afin que je puisse consigner pour vous un document qui vous évitera de retomber dans l'erreur". `Omar s'interposa immédiatement ainsi : "L'homme est en délire. Le Livre de Dieu (Une grande partie des Musulmans considère cette phrase de Omar comme un geste de séparation de l'orthodoxie établie par le Prophète qui avait ordonné à tout le monde à suivre le Coran et sa Famille, en déclarant : "Je vous laisse deux grands Préceptes dont chacun dépasse l'autre en grandeur : le Livre de Dieu et ma Famille. Ils ne se sépareront pas jusqu'à ce qu'ils me rencontrent au Paradis") nous suffit". Quelques-uns parmi l'assistance dirent qu'il fallait apporter le nécessaire pour écrire; d'autres se rangèrent du côté de `Omar. La discussion s'anima et des voix s'élevèrent très haut pour contrarier le Prophète. Les dames derrière les rideaux voulurent fournir le matériel de l'écriture mais `Omar les rabroua : "Silence ! dit-il. Vous êtes comme les femmes de l'histoire de Joseph. Lorsque votre maître tombe malade, vous fondez en larmes et dès qu'il va un peu mieux, vous vous mettez à faire des taquineries". Ayant entendu ces propos, le Prophète dit : "Ne les grondez pas : Elles valent sûrement beaucoup mieux que vous cependant". Maintenant quelques personnes se mirent à demander au Prophète ce qu'il désirait enregistrer. Mais le Prophète récita sur un ton de colère le verset 2 de la sourate al-Hujurât (Il est dit que ce verset fut descendu à la suite d'une dispute entre Abû Bala et Omar concernant la nomination du gouverneur d'une ville, au cours de laquelle ils élevèrent la voix si haut en présence du Prophète qu'on pensa qu'il convenait d'interdire de telles indécences dans l'avenir (Sale). Le non-respect de ce Commandement conduit le Prophète à rappeler l'avertissement à cette occasion) («Ô vous les croyants ! N'élevez pas la voix au-dessus de celle du Prophète. Ne lui adressez pas la parole d voix haute, comme vous le faites entre vous, de crainte que vos Å“uvres ne soient vaines, sans que vous vous en doutiez"). Et dit : "Allez-vous en ! Laissez-moi seul ! Car ma condition présente est meilleure que celle à laquelle vous m'appelez". Après avoir marqué une pause, il poursuivit : "Mais faites attention aux trois injonctions suivantes : un, chassez tout Infidèle de la Péninsule; deux, recevez avec hospitalité les délégations et offrez-leur le repas avec largesse, de la même façon que je le faisais". Quant à la troisième injonction, on dit qu'elle a été oubliée par le narrateur ou que sa mention a été omise.

Ibn `Abbâs se lamenta sur l'irréparable perte subie par les Musulmans ce Jeudi, par suite de l'empêchement du Prophète d'écrire ce qu'il voulait pour la guidance de ses adeptes. Se rappelant cet événement, il pleura jusqu'à ce que ses joues et sa barbe fussent mouillées par ses lamies.

La maladie du Prophète s'aggravait chaque jour un peu plus et il en était très conscient. L'expédition de Syrie le préoccupait cependant sérieusement. Il continua à dire à ceux qui l'entouraient : "Envoyez rapidement l'armée d'Osâmah".

Abû Bakr Conduit la Prière

C'est un fait admis que jusqu'au soir du Jeudi précédant son décès, le Prophète continua à aller au Masjid pour diriger les prières à toutes les occasions. Mais la nuit de ce Jeudi-là, on dit qu'il ne put présider à la congrégation.

Il y a beaucoup de hadiths qui affirment que c'est Abû Bakr qui conduisit la prière de nuit ce jour-là. On dit qu'à dix-sept reprises, le Prophète recommençant à faire la prière de la nuit du Jeudi précédant sa mort, et ne pouvant pas présider à la congrégation au Masjid, commanda à Abû Bakr de diriger la prière. Il est admis également que le matin du jour de sa mort, le Prophète alla au Masjid, s'assit à côté d'Abû Bakr qui présida à l'assemblée et que lorsque les prières prirent fin, le Prophète fit un sermon du haut de la chaire avec une voix si puissante que sa portée dépassa de très loin les portes extérieures du Masjid.



back 1 2 3 4 next