L'expédition de Wàdi-l-Ramal ou de T'àatal Salàsil et d'autres événements



L'armée continuait à avancer. Le voyage était fatiguant, car l'eau se faisait rare sur la route. Et comme on était en été, la chaleur du soleil et du sable brûlant était insupportable pour la tête et les pieds des soldats. Après un voyage difficile de sept jours, l'armée arriva à la vallée fertile de Hejer où vivait jadis le peuple rebelle et impie de Thamûd qui fut détruit sous la colère divine. Elle commença à faire halte sur les pâturages verts, à puiser de l'eau dans les sources fraîches et à préparer le repas. Mais dès que le Prophète - qui marchait habituellement à l'arrière de l'armée fut arrivé sur le lieu, il interdit aux combattants de faire halte dans cet endroit maudit et ordonna que personne ne boive de l'eau, ni n'en utilise pour l'ablution, et que la pâte qu'ils avaient pétrie pour leur pain soit donnée aux chameaux. Ils obéirent tout de suite à l'ordre et reprirent la route pour ne s'arrêter quelque part, la nuit venue, que lorsqu'ils se trouvèrent très souffrants en raison du manque d'eau. Toutefois, le lendemain matin, à leur grande surprise, une averse abondante, survenue après la prière faite par le Prophète à cet effet, compensa la perte des puits de Hejer et ressuscita les hommes et les animaux. Quittant le lieu pour poursuivre leur marche, ils arrivèrent à Tabûk, une ville située à mi-chemin entre Médine et Damas, sur la frontière sud de l'ancien Edom, à dix étapes de Médine. Là, ils découvrirent que la rumeur qui avait été à l'origine de cette expédition était fausse. Le Prophète donna l'ordre de faire halte à cet endroit, ne voulant pas aller plus loin. Il envoya ses capitaines avec un petit détachement pour reconnaître la région environnante et pour inviter les chefs de ce territoire et leurs peuples à l'Islam. Il resta vingt jours à Tabûk. Durant cette période, plusieurs clans juifs et chrétiens embrassèrent l'Islam et professèrent leur adhésion au Prophète.

Certains offrirent de payer un tribut annuel en signe de soumission à son autorité. Donc, l'expédition n'était pas tout à fait inutile. La presque totalité du nord de la Péninsule était désormais soumise. Après les vingt jours de halte à Tabûk, le Prophète entama le chemin du retour vers Médine, qu'il atteindra au mois de Ramadhan.

Conspiration contre la Vie du Prophète

Sur le chemin de retour de Tabûk, le Prophète avait à traverser `Aqabah Thî Fetaq. Il ordonna à ses hommes de ne pas prendre ce passage avant qu'il ne le traverse lui-même. Pendant la nuit, alors qu'il traversait `Aqabah sur son chameau, guidé par Hothayfah B. al-Yaman qui tenait la bride à la main, et `Ammâr Ibn Yâcir qui le poussait par derrière, un soudain éclair de lumière leur fit voir quatorze ou quinze hommes s'avancer vers eux. Hothayfah poussa un cri d'alarme et le Prophète accosta durement les intrus qui prirent la fuite. "Et ils avaient combiné ce qu'ils n'ont pas pu réaliser" (Sourate al-Tawbah, verset 74). "Les commentateurs nous informent que quinze hommes avaient projeté l'assassinat de Mohammad lors de son retour de Tabûk, en le poussant de son chameau vers un précipice, pendant qu'il traversait la nuit sur son chameau la plus haute partie de `Aqabah. Mais alors qu'ils s'apprêtaient à exécuter leur dessein, Hothayfah qui suivait et conduisait le chameau du Prophète, tirer par `Ammâr B. Yâcir, ayant entendu le bruit des pas de chameaux et le cliquetis d'armes, donna l'alerte, ce qui les fit fuir" (Sale).

Le Prophète demanda à Hothayfah s'il les avait reconnus. Il répondit par la négative. Le Prophète dit alors que ces hommes avaient projeté de l'assassiner en terrifiant son chameau afin qu'il le jette du haut de la falaise escarpée, et qu'ils resteraient des hypocrites jusqu'au dernier jour. Il donna le nom de chacun, accompagné du nom du père, tout en interdisant strictement à Hothayfah de divulguer leur secret. Hothayfah lui exprima son désir de les voir tous décapités, mais le Prophète, refusant cette suggestion, dit : "Les gens vont dire que Mohammad ayant obtenu des victoires avec leur concours veut maintenant les tuer". Hothayfah fut par la suite connu sous l'appellation du "Possesseur du Secret".

Plus tard, importuné constamment par des adjurations solennelles du Calife `Omar, Hothayfah semble avoir fini par donner les noms des hypocrites. Mais étant donné que la liste comprenait d'éminents Compagnons du Prophète, les historiens et les commentateurs se seraient abstenus de les rendre publics. Ibn Babawayh (al-ÇadQq), un savant érudit a toutefois divulgué leurs noms que je me garde de mentionner, par décence.

La Destruction du Masjid al-Dherâr

Alors qu'on était encore à une heure de voyage de Médine, le Prophète, reçut une délégation des mêmes hommes de Qobâ qui l'avaient prié, au moment de son départ pour Tabûk, de consacrer par ses prières leur masjid nouvellement construit, consécration qu'il avait différée jusqu'à son retour. Ces hommes étaient revenus voir le Prophète pour la même commission. Le Prophète ordonna qu'on détruise le bâtiment et envoya quelques-uns de ses hommes pour porter son ordre.

En fait, ce masjid avait été construit dans un dessein hostile ou sectaire comme cela ressort du récit suivant : il y avait un prêtre Khazrajite, Abû `Amîr, qui était très versé dans l'Ecriture et savait qu'un Prophète devait apparaître. Mais ayant refusé cependant de reconnaître en Mohammad le Prophète promis et étant devenu jaloux de son influence et de son pouvoir en constante augmentation à Médine, il avait fui à la Mecque après la victoire du Prophète à Badr. Il avait rejoint les Mecquois et les avait accompagnés dans la campagne d'Ohod contre le Prophète. Après le retrait des Mecquois, il avait fui vers le territoire romain. Quelques mécontents étaient entrés en communication avec lui et l'avaient invité à se rendre à sa ville natale, Qobâ. Là, il avait suggéré de construire un masjid en vue d'y trouver un refuge et de faciliter les réunions avec ses associés pour discuter des mesures à prendre contre le Prophète. Ils avaient donc construit un masjid, et pour attirer les gens du masjid original de Qobâ, ils avaient demandé au Prophète de venir le consacrer lui-même en y priant. C'était au moment où le Prophète se préparait à aller à Tabûk; c'est pourquoi le Prophète avait différé l'exaucement de leur désir jusqu'à son retour. Entre-temps, il avait reçu la révélation suivante du Ciel : "Et ceux qui ont édifié une mosquée nuisible et impie pour semer la division entre les croyants et pour en faire un lieu d'embuscade au profit de ceux qui luttaient auparavant contre Dieu et contre son Prophète, ceux-là jurent avec force : "Nous n'avons voulu que le bien !" Mais Dieu témoigne qu'ils sont menteurs" (Sourate al-Tawbah, verset l07). Lorsqu'ils avaient réapparu devant le Prophète pour la même raison après son retour de Tabûk, il ordonna la démolition du bâtiment.

La Mort d'Om Kulthûm



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