Le traité de Hodaybiyyà h et d'autres événements importantsOn découvrit plus tard un groupe de quatre-vingts Mecquois qui guettaient le camp des Musulmans, cherchant à attraper les personnes égarées. Tous ces hommes furent entourés, faits prisonniers, et amenés auprès du Prophète, lequel, par sagesse, les traita très généreusement. Les Mecquois, craignant le déclenchement d'une bataille, après avoir appris la teneur de l'engagement sous l'Arbre, dépêchèrent Suhayl Ibn `Amr et quelques autres représentants au camp musulman pour conclure un traité de paix avec Mohammad. Après de longues discussions, les termes de la paix furent posés et le Prophète demanda à `Ali, son lieutenant, de transcrire les termes du Traité au fur et à mesure qu'ils seraient dictés. Le texte du Traité commença ainsi : "Au nom d'Allâh, le Clément, le Miséricordieux". Mais Suhayl fit objection et dit qu'il fallait qu'il commence par la formule que les Mecquois avaient l'habitude d'utiliser, à savoir : "En Ton nom, Ô Dieu !" Le Prophète concéda et demanda à `Ali d’écrire : "Bismeka Allâhomma". Puis il dicta : "Ceci est le Traité conclu entre Mohammad, le Prophète d'Allah et Suhayl Ibn `Amr". Là encore, Suhayl objecta que si les Mecquois le reconnaissaient comme Prophète d'Allah, ils n'auraient pas porté les armes contre lui. Il demanda au Prophète de mettre le nom de son père au lieu de l'expression "Prophète d'Allah". Le Prophète céda une seconde fois, mais `Ali avait déjà écrit les mots "Mohammad, le Prophète d'Allah". Le Prophète ordonna à `Ali d'effacer les mots contestés, mais comme ce dernier semblait hésiter, il prit les instruments d'écriture, effaça l'expression "le Prophète d'Allah" et la remplaça par les mots : "fils de `Abdullah". Il prophétisa en même temps, en s'adressant à `Ali, qu'il devrait lui aussi céder, à son époque, dans une occasion similaire. Cette prophétie fut réalisée lors de la conclusion d'un traité entre `Ali et Mu`awiyeh, quelque trente ans plus tard. Les Clauses du Traité de Hudaybiyyah Les clauses suivantes furent inscrites dans le traité : aucune des deux parties ne commettra d'agression ni d'attaque contre l'autre partie ou ses alliés pendant les dix années à venir. Quiconque désirera se joindre à Mohammad et entrer en ligne avec lui sera libre de le faire, et de même, quiconque désirera se joindre aux Quraych et entrer en traité avec eux aura la liberté de le faire. Si quelqu'un passe à Mohammad et qu'il est réclamé par son tuteur, il devra lui être renvoyé, mais si quelqu'un parmi les partisans du Prophète passe aux Quraych, il ne sera pas extradé. Mohammad et ses partisans retourneront cette année à leur base de départ sans entrer dans l'enceinte sacrée. L'année suivante, ils pourront visiter la Mecque pendant trois jours après que les Quraych s'en seront retirés. Mais ils devront y entrer sans aucune arme, excepté celle de voyageur, c'est-à -dire chaque homme avec une épée rengainée. Les doutes de Certains Compagnons dans la Croyance Certains parmis les partisans éminents du Prophète, s'étant fiés à son rêve, ne pouvaient s'attendre qu'à une victoire totale sur les Mecquois. Or, constatant à présent que ces derniers avaient l'avantage sur le Prophète qui sollicitait une permission (d'entrer dans l'enceinte sacrée) qu'ils s'entêtaient à lui refuser, ils furent exaspérés par la déception après de longs jours de fatigue et d'inquiétude. `Omar Ibn al-Khattâb dit carrément qu'il n'avait jamais jusqu'à présent suspecté si fort la véracité du fait que Mohammad était le Prophète d'Allah, et il osa même s'adresser à lui dans les termes suivants : "N'es-tu pas un vrai Prophète d'Allah ?" "Si, sans aucun doute", répondit le Prophète. `Omar lui demanda encore : "N'avons-nous par raison et notre ennemi n'a-t-il pas tort ?" "Bien sûr ! Nous avons raison et nos adversaires ont tort". `Omar conclut : "Pourquoi devrions-nous donc mettre une tache à notre foi et supporter le choc de l'humiliation ?" Le Prophète répondit : "Je ne suis que le Messager d'Allah, et je ne peux rien faire contre Sa Volonté". Toutefois, `Omar ne fut pas satisfait des réponses du Prophète, puisqu'il tint des propos similaires indignés devant Abû Bakr : "Quoi ! Mohammad n'est-il pas le Prophète d’Allah ? Ne sommes-nous pas Musulmans ? Ne sont-ils pas des infidèles ?". "Si ces clauses avaient été fixées par toute autre que Mohammad lui-même - fût-il le Commandeur de ma propre nomination - j'aurais jugé indigne de moi des les accepter". Alors que le Traité était en train d'être rédigé, Abû Jandal, fils de Suhayl, un converti à l'islam, mais que son père avait confiné à la Mecque, s'enfuit et gagna le camp de Mohammad. Il fut vite découvert et réclamé par son père Suhayl en vertu des termes du traité. Le Prophète ordonna son retour à son tuteur. Abû Jandal se mit alors à crier. Le Prophète l'exhorta à patienter, et lui promit qu'Allah lui accorderait bientôt la liberté et la prospérité, comme IL le ferait pour tous ceux qui étaient dans la même situation. Mais `Omar bondit pour le conforter avec des idées telles que : "Le sage des infidèles n'est pas meilleur que celui des chiens", et il l'incita à tuer son père pour compromettre toutes les négociations de paix. Abû Jandal récusa cette proposition. Le Traité fut achevé lorsque `Ali termina d'en écrire le texte. Il fut certifié par les compagnons les plus éminents du Prophète, malgré le fait qu'ils considéraient la paix ainsi obtenue, comme étant la paix la plus humiliante et la plus déshonorante. Une copie du Traité fut remise à Suhayl, lequel repartit avec ses compagnons. Le document original fut gardé par le Prophète. Ayant conclu le Traité, le Prophète désira accomplir des cérémonies du pèlerinage adaptées à la nature des circonstances présentes. Aussi ordonna-t-il à ses compagnons d'abattre leurs chameaux sacrificatoires et de se couper les cheveux. Mais il fut attristé en constatant que personne ne suivait son ordre. Il ressentit si fortement cette désobéissance qu'il en parla à sa femme, Om Salma qui l'accompagnait dans ce pèlerinage. Mais une fois qu'il eut égorgé ses propres chameaux, et qu'il eut coupé ses propres cheveux, le premier, tous ses compagnons l'imitèrent progressivement. Ayant donc terminé les rites du pèlerinage, le Prophète se mit en marche avec tous ses partisans, en direction de ses bases de départ, et ce, après un séjour de vingt jours à Hudaybiyyah. Sur le chemin du retour et vers la fin de la première étape de sa marche, le Prophète reçut la révélation de la Sourate al-Fath qui commence ainsi : "Oui, Nous t'avons accordé une éclatante victoire", et alors qu'il était sur le dos de son chameau, il la récita à haute voix. Certains de ses compagnons furent étonnés et demandèrent si cela était une victoire. Le Prophète leur répondit que, sans aucun doute, c'était une victoire glorieuse. `Omar et les autres rappelèrent au Prophète sa promesse d'entrer à la Mecque sans obstacle et sans opposition. Ce à quoi il répondit que Dieu l'avait promis en effet, en ajoutant : "Mais quand a-t-IL promis que ce serait cette année-ci ?" Les Conséquences du Traité de Hudaybiyyah Les événements subséquents prouvèrent toutefois que la paix de Hudaybiyyah constituait une victoire glorieuse pour le Prophète sur les Mecquois. En effet, en vertu du traité, toute personne, toute famille, tout clan, toute tribu avait la liberté de rejoindre le Prophète, de professer son credo, d'influencer les autres pour qu'ils le reconnaissent en tant que leur chef spirituel, de prier selon ses enseignements sans courir le risque de subir la persécution des incroyants qui n'avaient plus la possibilité de les maltraiter ou de les mettre au ban de la société. Chaque Musulman était désormais libre d'établir des rapports sans restriction avec les non Musulmans. Ainsi, des relations mutuelles d'amitié ayant pu se rétablir, la paix et la tranquillité fut restaurées grâce au Traité. Dans un laps de temps incroyablement court tout le Hijâz chantait les louanges du Prophète qui l'aidait à sortir du paganisme obscurantiste vers la lumière joyeuse du monothéisme. Désormais l'Islam progressait d'un pas ferme à travers tout le territoire. Il n'y avait aucune personne de bon sens et de jugement parmi les idolâtres qui n'éprouvât un sentiment de profonde considération envers les commandements du Prophète. Immédiatement après le Traité, les Banû Khozâ`ah, qui avaient depuis fort longtemps une inclination pour la nouvelle Religion, entrèrent ouvertement en alliance avec le Prophète. C'était là le premier résultat concret du Traité. Bref, en deux ans après le Traité, la Mission Divine de Mohammad eut plus de succès qu'elle n'en avait eu pendant les dix-neuf années précédentes. Tout cela était le résultat glorieux de la Paix, cette même paix qui avait été considérée sur le moment comme déshonorante et humiliante et comme étant propre à rabaisser le niveau de la Religion de Dieu, et qui n'avait été possible que grâce à ce Traité que le Prophète n'avait pas hésité à conclure avec les Mecquois, malgré les remontrances de ses principaux compagnons. C'est évidemment subséquemment à ce même Traité que deux ans plus tard, il fut suivi par dix mille hommes dans sa marche pour la Conquête de la Mecque, alors qu'à présent, à Hudaybiyyah, il n'avait pu amener avec lui qu'à peine mille cinq cents partisans. C'était là vraiment une grande victoire, dépassant toutes les autres dans ses effets de grande portée. Sans combat ni effusion de sang, le Traité fit plier les infidèles et les amena à reconnaître ce même Mohammad - dont ils avaient abusé et qu'ils avaient persécuté et banni - comme une Force indépendante, au point de conclure avec lui un Traité lui donnant le droit d'occuper en toute quiétude et pendant trois jours, leur cité, l'année suivante.
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