L’Allameh Sharafeddin Ameli



En l’an 1340 de l’Hégire, Sharafeddin s’est préparé pour le voyage de Hadj afin de faire le pèlerinage à la Mecque. Il a embarqué à Beyrouth avec plusieurs amis pour se rendre en Arabie Saoudite et faire le pèlerinage du Hadj. Lorsqu’il est arrivé en Arabie, il a été officiellement accueilli par les autorités et le représentant spécial du roi Malek Hossein d’Arabie. Selon les témoins, les cérémonies du Hadj de l’an 1340 de l’Hégire étaient différentes des années précédentes, en raison de la présence de Seyed Sharafeddin Ameli. Il a participé, au côté du roi Malek Hossein aux cérémonies de dépoussiérage de Kaaba à la Mecque. Le roi lui a demandé de faire l’imam de la prière collective à la mosquée al-Haram à la Mecque. C’était la première fois, dans l’histoire de la Mecque, que la prière collective de cette mosquée avait pour imam un religieux chiite. Tous les participants sunnites ou chiites se sont mis derrière lui pour faire la prière. En réalité, l’un des plus grands idéaux de Seyed Sharafeddin Ameli était de voir les Musulmans sunnites et chiites participer ensemble, fraternellement et dans les mêmes rangs, à la prière collective, notamment à la mosquée al-Haram à la Mecque, selon la tradition de l’Ahlulbeyt.

L’un des efforts importants de l’Allameh Sharafeddin Ameli pour renforcer l’unité entre les Sunnites et les Chiites était l’organisation des cérémonies de fêtes à l’occasion de l’anniversaire de la naissance du vénéré Prophète de l’Islam, le 12 Rabi ul-Awwal. Après la célébration de la fête à la mosquée et chez lui, Seyed Sharafeddin s'est rendu aux cérémonies organisées par les Sunnites pour y participer également.

L’un des œuvres les plus importantes de Sharafeddin au Liban, dans le cadre de son combat contre le colonialisme français, consistait en la création des écoles islamiques dans le pays. Il s’agissait des écoles non lucratives et gratuites qui se chargeaient de l’enseignement religieux des filles et des garçons. L’objectif de cette démarche était de présenter une troisième voie aux familles musulmanes par rapport aux écoles des missionnaires évangélistes et aux écoles publiques qui présentaient des cours modernes à l’occidentale.

L’Allameh Seyed Abdelhossein Sharafeddin était un grand réformateur musulman et il dirigeait non seulement les Chiites mais l’ensemble des Musulmans libanais sur les plans théologiques et politiques. Dans une telle situation, il ne pouvait évidemment pas rester indifférent à ce qui se passait dans les autres pays musulmans et il soutenait toujours les mouvements de libération et les mouvements révolutionnaires dans les pays islamiques. A titre d’exemple, il était l’un des grands partisans de la nationalisation du canal de Suez en 1956, et il soutenait le mouvement arabe pendant la même période.

L’industrie pétrolière iranienne avait été nationalisée en 1951. L’Allameh Sharafeddin connaissait parfaitement les objectifs et les intentions de ce mouvement en Iran. Il avait essayé également d’informer les Libanais par rapport à ce qui se produisait en Iran. Il est à noter que l’Ayatollah Kachani avait voyagé au Liban en 1952. Pendant ce voyage, il a rencontré l’Allameh Seyed Sharafeddin Ameli. Plus tard, l’Ayatollah Kachani a dit qu’il était très étonné de voir que les Libanais connaissaient très bien le mouvement de la nationalisation du pétrole en Iran grâce aux efforts de l’Allameh Sharafeddin.

Le martyr Navvab Safavi, leader du parti des « Dévoués de l’Islam Â» a voyagé dans plusieurs pays arabes en 1953. Avant de se rendre à la conférence internationale de Qods, Navvab Safavi s’est rendu auprès de l’Allameh Sharafeddin et il s’est entretenu avec lui des questions politiques et sociales des pays islamiques.

L’Allameh Seyed Abdelhossein Sharafeddin Ameli s’est éteint en 1377 de l’Hégire au Liban. Ses dépouilles ont été transférées dans la ville sainte de Nadjaf où elles ont été inhumées auprès du mausolée du vénéré Imam Ali.

Il convient ici de parler aussi des pensées et des œuvres de l’Allameh Seyed Sharafeddin Ameli. Comme nous venons de le dire, il a sacrifié toute sa vie à l’unité des Musulmans et à rapprocher surtout les Sunnites et les Chiites. Il a lutté longtemps contre les puissances colonialistes et il a écrit également des livres et des articles à ce sujet.

« Al-Fousoul al-Mohemah Â» est l’un des premiers livres de Sharafeddin Ameli et il compte, en réalité, comme la charte de l’unité des Musulmans à l’époque contemporaine. Dans cet ouvrage, l’Allameh Sharafeddin a donné des informations et des commentaires qui peuvent éveiller grandement l’esprit des musulmans sunnites et chiites à propos de l’importance de l’unité islamique. Il pense que la vulgarisation de ces informations peut renforcer les liens entre les Chiites et les Sunnites et améliorer considérablement leurs relations amicales et fraternelles. Dans l’introduction de ce livre, l’Allameh Sharafeddin Ameli a écrit : « C’est uniquement l’unité islamique qui peut rendre le terrain propice au progrès et au développement des communautés musulmanes. Grâce à l’unité, les Musulmans pourront mettre fin à la domination des étrangers et construire ainsi un avenir prometteur pour les générations futures. Â» L’Allameh Sharafeddin a écrit « Al-Foussoul al-Mohemah Â» en 1327 de l’Hégire.

L’Allameh Sharafeddin Ameli est également l’auteur de « Al-Moradjéat Â». Ce livre est le fruit de son premier voyage en Egypte. Il avait très bien compris que pour impressionner les oulémas égyptiens, il fallait surtout se tourner vers l’Université Al-Azhar qui était le plus grand centre théologique des Musulmans sunnites. Il est allé donc visiter les grands oulémas de l’Université Al-Azhar notamment le Cheikh Salim Nochri. Ce dernier est devenu très vite l’un des admirateurs des pensées et des points de vue de l’Allameh Sharafeddin Ameli. Les correspondances théologiques et doctrinaires entre les deux hommes ont été intégrées plus tard dans le livre de Sharafeddin sous forme de 112 lettres échangées entre Sharafeddin et le Cheikh Salim Bochri. Il est intéressant de savoir que ces lettres ont été signées « S Â» par le Cheikh Salim, initial de son nom et indiquant le point de vue sunnite, tandis que les lettres de Sharafeddin ont été signées par « Sh Â» initiale également de son nom et représentant les points de vue chiites.



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