Al-Qadir » et la question de l’unité islamiqueLe livre « Al-Qadir » a créé une grande vague dans le monde de l’Islam. Les penseurs musulmans l’ont étudié de différents points de vue : la littérature, l’histoire, la scolastique, la science des hadiths et l’exégèse du texte coranique. Ce qui mérite d’être étudié du point de vue sociologique est la question de « l’unité islamique ». Les pacificateurs, les savants et les intellectuels musulmans de notre temps estiment que l’unité et la solidarité des nations musulmanes et des adeptes de différentes écoles islamiques constituent les priorités les plus importantes du monde de l’Islam, notamment dans le contexte actuel, où les ennemis font des populations musulmanes les cibles de leurs assauts et agressions tous azimuts, en essayant constamment de développer les différends anciens ou en créant de nouvelles divisions parmi les musulmans. Nous savons tous que l’unité et la fraternité islamiques font l'objet d’une attention toute particulière dans la sainte religion qu’est l’Islam. Le Coran, la Sunna et l’histoire de l’Islam en sont les témoins les plus crédibles. Dans ce contexte, certains s’interrogent sur la rédaction et la diffusion d’un ouvrage comme « Al-Qadir » dont le thème principal est, en tout cas, l’une des plus anciennes questions qui se trouvent à l’origine des discordes et divergences parmi les musulmans. Cet ouvrage ne crée-t-il pas un obstacle devant la réalisation d’un but sacré et d’un idéal sublime, c’est-à -dire « l’unité islamique » ? Nous jugeons nécessaire de présenter d’abord une introduction pour décrire et déterminer la définition et les limites de l’unité islamique. Nous procéderons ensuite à la présentation du rôle du noble livre qu’est « Al-Qadir » et de son vertueux auteur, le défunt Allameh Amini. L’unité islamique : Que signifie d’abord l’unité islamique ? Est-ce qu’elle veut dire que parmi toutes les écoles et confessions musulmanes, il faudrait en choisir une et écarter les autres ? Faut-il s’appuyer sur les points communs et les affinités, qui existent parmi toutes les écoles islamiques, et abandonner toutes les différences, qui pourraient exister parmi elles ? Faut-il ainsi inventer une nouvelle école sous une forme qui n’a jamais existé ? Est-ce vrai que l’unité islamique n’a essentiellement rien à voir avec la question de l’unité parmi les différentes écoles, et qu’elle signifie seulement l’union des musulmans appartenants aux différentes écoles et confessions, au-delà de toutes les différences doctrinales, pour faire un front uni face aux non fidèles ? Les détracteurs de l’idée de l’unité des musulmans tentent souvent de la mettre toujours dans un contexte d’unité religieuse, afin d’en tirer une signification illogique et irrationnelle, de sorte qu’elle soit vouée à l’échec dès les premiers pas. Il est évident que ce que les oulémas et les intellectuels musulmans entendent par l’unité islamique ne veut absolument pas dire l’abandon de toutes les écoles religieuses pour une seule perception de l’Islam. Par ailleurs, mettre l’accent sur les affinités et les points communs des écoles, et écarter leurs différences ne semblent ni logiques, ni souhaitables et ni possibles. En réalité, ce que les oulémas et les intellectuels musulmans partisans de l’idée de l’unité souhaitent réaliser au sein du monde musulman, consiste à créer un front uni face aux ennemis communs de l’Islam et des musulmans. Ces penseurs nous disent que les musulmans, indépendamment de leurs appartenances doctrinales, ont en commun de nombreuses affinités qui peuvent servir naturellement d’une base solide pour leur unité. Les musulmans adorent tous le Dieu unique, Allah. Ils croient tous en la révélation et la mission prophétique du vénéré Messager de Dieu, Mohammad (SA). Les musulmans croient tous en le Saint Coran, et ils se tournent tous vers la maison de Dieu, la Kaaba, pour prier. Ils participent ensemble, et pendant le même temps et selon les mêmes rituels, aux cérémonies annuelles du Hadj. Ils font leur prière de la même manière. Les musulmans procèdent tous aux mêmes principes et valeurs pour leur vie familiale et leurs affaires commerciales, ainsi que pour l’éducation de leurs enfants. Ils respectent les mêmes rites funéraires pour inhumer leurs morts. Bref, il n’y a pas la moindre différence dans les moindres détails de leur existence et de leur vie quotidienne. Les musulmans de toutes les écoles ont en commun le même type de vision du monde, et ils appartiennent tous à la même culture. Ils ont contribué ensemble, les uns à côté des autres, à la création d’une même civilisation, grandiose et somptueuse. Cette unité en matière de la vision du monde, de la culture et du passé historique et civilisationnel, du mode de vie, des croyances, des rites, des us et des coutumes sociales, suffit largement à faire des musulmans du monde entier un bloc unifié et une Oumma unique. Cette unité peut leur donner un immense pouvoir, qui conduira les grandes puissances mondiales à respecter bon gré mal gré le monde de l’Islam. Or, l’Islam a toujours mis l’accent sur l’importance de l’unité en tant qu’un de ses principes fondamentaux. Selon le noble Coran, les musulmans sont tous frères. Un système de droits et de devoirs les lie étroitement les uns aux autres. Dans ce contexte, pourquoi les musulmans ne doivent-ils pas se servir de ces immenses possibilités que la région musulmane leur offre pour renforcer leur unité ? Pour les oulémas et les penseurs partisans de l’unité islamique, il n’est absolument pas nécessaire de sacrifier toute ou une partie des croyances propres à leur école religieuse, pour assurer leur unité avec les adeptes des autres écoles islamiques. En d’autres termes, l’unité est à leur portée, sans qu’ils se passent, les un et les autres, des principes fondamentaux ou secondaires de leurs écoles respectives. Dans le même temps, rien ne leur interdit de se débattre, entre eux, des principes fondamentaux et secondaires de la religion musulmane. Dans ces polémiques religieuses et doctrinales, la seule limite qu’ils devraient, en réalité, observer et respecter, c'est d’empêcher que l’inimitié, la rancune ou l’hostilité ne se développent parmi eux. Ils devront donc faire preuve du calme et de la retenue dans ce domaine en évitant l’injure et le blasphème les uns par rapport aux autres. Ils ne doivent pas accuser les adeptes d’autres écoles de quoi que ce soit. Ils devront s’abstenir réciproquement d’attribuer le mensonge les uns aux autres, ou de se railler les uns contre les autres. Ils devront éviter de vexer les sentiments et les croyances des adeptes d’autres écoles islamiques. Dans leurs débats, ils ne devront jamais sortir du cadre de la logique et de la raison. En réalité, il leur faut respecter entre eux les limites que l’Islam trace pour définir les relations entre les musulmans et les non musulmans : ادع الی سبیل ربک بالØکمه Ùˆ الموعظه الØسنه Ùˆ جادلهم بالتی Ù‡ÛŒ اØسن
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