Al-Qadir » et la question de l’unité islamique



« Avec la sagesse et la bonne exhortation, appelle au sentier de ton Seigneur. Et dispute avec eux, avec ce qu’il y a de plus beau. Â» (Sourate XVI, verset 125)

Certains pensent que l’unité n’est possible que parmi les adeptes des écoles qui partagent les mêmes principes fondamentaux et qui se divergent uniquement dans les principes secondaires, comme c’est le cas des deux écoles chaféite et hanafite. Les adeptes de ces écoles peuvent donc faire acte de fraternité, de sympathie ou de solidarité. Or, selon cette croyance, les adeptes des écoles qui ne partagent pas les mêmes principes fondamentaux, ne pourront en aucun cas réussir à s’unir et à s’entendre les uns avec les autres, en tant que frères coreligionnaires. D’après ces penseurs, les principes religieux font un tout indivisible et le moindre changement dans une composante porterait atteinte à tous les autres principes de la religion. A titre d’exemple, ils croient que si le principe de « l’imamat Â» auquel ils croient en tant que principe fondamental de leur religion, est mis en question, il faut catégoriquement se passer de l’idée de l’unité avec les adeptes d’autres écoles, qui n’y croient pas en tant que principe fondamental. Selon cette conception, il n’est absolument pas possible qu’il y ait l’unité ou la fraternité entre les musulmans sunnites et les musulmans chiites. Par contre, ils seraient toujours en conflit et leurs relations se définiront par la rancune et l’animosité.

En réaction à cette théorie, les partisans de l’unité islamique disent qu’il n’y a aucune raison pour que les principes religieux soient considéré comme un tout indivisible, et que l’on soit obligé à accepter « tout ou rien Â». Par contre, ils croient que là il faut obéir à un autre principe de la logique : « Le difficile n’est pas annulé ni perturbé par le facile Â» ( المیسور لایسقط بالمعسور ) ou « Celui qui ne comprend pas tout, n’abandonne pas nécessairement la pratique de tout Â» ( ما لایدرک کله لایترک کله ). Dans ce domaine, la vie et l’attitude du Prince des croyants, le vénéré Imam Ali _béni soit-il_ peuvent nous servir de modèle. En effet, le vénéré Imam Ali savait adopter, dans ce domaine, la voie la plus logique et la plus raisonnable de la modération.

Il a eu recours à tous les moyens et à toutes les possibilités pour recouvrer son droit afin qu’il défende le principe de l’imamat. Mais pour ce faire, il n’a jamais obéi au slogan de « tout ou rien Â». Par contre, il a respecté avec sagesse le principe logique de « Celui qui ne comprend pas tout, n’abandonne pas nécessairement la pratique de tout Â».

Dans une de ses lettres à Malek Achtar (lettre n° 62 de « La Voie de l’éloquence Â»), l’Imam Ali _béni soit-il_ avait écrit :

فامسكت يدی حتی رأيت راجعة الناس قد رجعت عن‏ الاسلام ، يدعون الی محق دين محمد صلی الله عليه و آله ، فخشيت ان لم انصر الاسلام و اهله ، اری فيه ثلما او هدما تكون المصيبة به علی اعظم من فوت‏ ولايتكم التی انما هی متاع ايام قلائل

« J’ai décidé de me retirer, lorsque j’ai vu qu’un groupe de gens s’était retourné de l’Islam et appelait les autres à abandonner la religion de Mohammad (AS). J’ai donc pensé que si je n’intervenais pas pour secourir l’Islam et les musulmans, je verrais plus tard des écarts et des dégâts au sein de l'oumma islamique, ce qui serait plus préjudiciable que de m'en passer du poste du califat, qui ne durerait que quelques jours. Â»

Ces propos indiquent clairement que le vénéré Imam Ali ne croyait pas au principe de « tout ou rien Â». Plusieurs autres indices historiques confirment cette attitude sage du vénéré Imam Ali.

L’Allameh Amini :

Il faut essayer maintenant de savoir qui était l’auteur vertueux d’ « Al-Qadir Â», le défunt Ayatollah Allameh Amini. A quel groupe appartenait-il ? Quelle était sa méthodologie ? Quelles étaient ses pensées? Croyait-il à l’idée de l’unité des musulmans uniquement dans la sphère du chiisme ? Ou croyait-il que l’idée de la fraternité islamique pourrait avoir une signification plus vaste, et que le fait d’être musulman serait confirmé par l’affirmation des « deux témoignages Â» ? Car, dans ce dernier cas, du point de vue juridique, il incombe aux musulmans de respecter le droit d’autres musulmans, car le noble Coran affirme explicitement que les musulmans doivent Å“uvrer tous pour l’établissement du principe de la fraternité au sein de la communauté des fidèles. L’Allameh Amini était parfaitement sensible au fait qu’il devait exprimer clairement son opinion à propos du rôle de son ouvrage « Al-Qadir Â» dans la question de l’unité islamique, pour déterminer si ce rôle serait positif ou négatif. C’est la raison pour laquelle, l’Allameh Amini a décrit plusieurs fois son opinion sur ce sujet, afin que son Å“uvre ne fasse pas l’objet d’abus par ses détracteurs, soit ceux qui s’étaient placés aux rangs du camp opposé, soit ceux qui s’étaient infiltrés dans le camp des amis.



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