Chapitre II : L'idée de Dieu profondèment ancrée en l'homme



Chapitre II

L'idée de Dieu profondèment ancrée en l'homme

Hormis cet ensemble complexe que constitue son corps physique, l'homme possède une vaste série d'activités vitales qui ne se réduisent jamais aux mécanismes organiques.

Pour la connaissance de ce domaine métaphysique il faut enquêter dans son fond psychologique pour entrevoir au-delà de ses activités physiologiq ues les larges horizons de la structure de la nature humaine, et les manifestations les plus sublimes de ses sentiments et instincts.

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Il existe en l'homme certaines formes de perception spécifiques inhérentes à sa nature, qui ne dépendent d'aucun agent extérieur.
Avant que l'homme naturel n'entre sur la scène de la science et de ses débats, il pouvait en se servant de ses potentialités innées, connaître les réalités. Mais quand il foule le domaine scientifique et philosophique et que son esprit s'encombre de différentes preuves et arguments, il se peut que son pouvoir inné s'étiole et se perde dans l'oubli , ou qu'il vienne à douter de sa validité. C'est pourquoi nous voyons que les divergences surgissent entre les hommes qu'ils écartent leur nature primordiale de la connaissance de la foi.

Dans ses manifestations initiales, l'attraction pour la religion et la foi prend sa source dans les motivations instinctives et les perceptions inhérentes,puis elle croît et se développe par la raison et la pensée. Les racines du sens primordiale sont à ce point profondes et en même temps manifestes et claires que si un homme lavait son esprit et son ame de toute pensée et imagination anti-religieuse et qu'il se concentrait sur soi-même et l'univers, il réaliserait parfaitement qu'il se dirige aux côtés des autres créatures, vers un même objectif.
Sans qu'il l'ait voulu ou souhaité, il a commencé à vivre. Puis encore sans le vouloir, il s'est dirigé vers une destination inconnue.
Et c'est une réalité qu'il observe, avec une méthode et un ordre précis, chez toutes les créatures.
En examinant les conditions qui l'entourent un homme clairvoyant éprouvera mieux l'existence d'une force immense régissant le monde et lui-même.
Il découvre l'existence de la science, de la force et de la volonté en lui-même qui n'est qu'un élément infiniment petit de l'univers infiniment grand. Il se demande alors: "Pourquoi l'univers ne serait-il pas doté de science, de force et de volonté, comme l'homme?"
Bref, ce qui nous oblige à croire en l'existence d'un ordonnateur de l'univers, du commandement et de la prédestination duquel dépend tout ordre, c'est cette même règle et ce mouvement continu, minutieusement prédéterminée. Car on ne peut expliquer cela autrement que par une volonté agissante.

Quand l'homme évalue sa situation dans le monde, il se rend compte qu'une force invisible et inconnaissable l'a créé, l'a doté du mouvement et le fera disparaître quand elle voudra, sans le consulter ni demander son aide.
Il s'agit là d'un jugement naturel et inné (de la Fitrat), car nulle part et jamais on n'a vu un homme conçu sans concepteur, ni agissant sans Agent.

La recherche de la relation de cause à effet est une opération d'origine intérieure. Et puisqu'on ne peut extirper de l'homme la loi de la causalité, le sens religieux et la quête du créateur sont indissociables de son âme.
Même l'enfant qui n'a encore rien vu du monde détourne son regard vers la source du bruit qu'il entend ou du mouvement qu'il perçoit.
La vie pratique et les fondements scientifiques reposent aussi sur l'acceptation d'une cause à tout effet.
La règle de la causalité est à ce point générale qu'elle n'admet d'exception en aucun cas.

Toutes les disciplines, la géologie, la physique, la chimie, la sociologie et l'économie, etc... consistent en l'examen des phénomènes, pour en déduire les causes et les effets et en diagnostiquer les relations. Ainsi, il est clair que la science ne consiste en rien d'autre qu'en la recherche des causes, et que l'ensemble des progrès de l'humanité est le fruit de l'effort soutenu des savants pour connaître les causes des phénomènes.

S'il nous était possible de présenter, en exemple, quelque part dans le monde, ou dans une créature quelconque, un cas de création spontanée absolue, nous serions en droit de généraliser à d'autres cas cet. exemple.
Certes, il n'est pas nécessaire que la loi de causalité se présente à nos yeux dans sa forme ordinaire.
Car la variété des causes est telle qu'il se peut que le chercheur n'ait pas la capacité de les discerner toutes dans le cas d'un incident donné. Mais dans aucun cas, partiel ou total, de nos jours comme dans le passé, un point fortuit ne peut ëtre trouvé, que ce soit au plan individuel ou social.

Quand les sciences expérimentales démontrent que toutes les voies sont fermés à la génération spontanée des éléments de la nature, quand toutes nos expériences, nos sens,nos déductions parviennent à cette conclusion que rien dans la nature ne se produit sans agent et cause, et que tous les évènements reposent sur un ordre fixé et des lois déterminées, il est surprenant de voir certains tourner le dos aux lois scientifiques, aux jugements élémentaires, et aux observations étayées par la raison, et nier l'existence d'un créateur.

En d'autres termes, on peut considérer la nature primordiale (Fitrat) comme l'instinct animal qui aurait évolué et atteint la perfection, et qui se serait émancipé des limites qui le retenaient, de façon à ce qu'il puisse percer le mur du monde sensible et embrasser les secrets de l'inconnu.



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