Chapitre II : L'idée de Dieu profondèment ancrée en l'homme



Will Durant dit:
"Herbert Spencer pense que les magiciens n'étaient pas seulement les premiers hommes de lettres; ils étaient aussi les premiers savants. Ils ont débuté la science dans les observatoires astronomiques, où ils cherchaient à déterminer le temps précis des cérémonies religieuses. De telles informations et données étaient conservées dans les temples, et étaient transmises de génération en génération, au titre de patrimoine religieux."11

Le rôle du sens religieux dans le développement et l'élévation des qualités humaines, dans la modération des instincts, et dans la fécondation des potentialités de la morale et de la vertu, est indéniable. Les personnes qui ont conscience de leur expérience religieuse constatent que la plus importante fonction de la religion est d'aider l'homme à contrôler ses instincts et acquérir un caractère fort et digne de respect.

La pensée religieuse est aussi un des facteurs du développement du sens esthétique, et ce depuis le début de l'histoire, Les générations précédentes ont consacré le meilleur de leurs oeuvres artistiques à louer leurs divinités; les magnifiques temples de la Chine, les grandes pyramides de l'Egypte, les statues admirables du Mexique, l'architecture fine et subtile de l'Orient islamique, procèdent tous du sens religieux.

Les psychologues sont persuadés qu'il existe un lien entre la crise de la puberté et l'euphorie soudaine des sentiments religieux. Dans cette phase de la vie, une sorte de tendance particulière se manifeste, même chez des individus qui étaient jusqu'alors indifférents aux questions religieuses.

"Pour Stanley, la limite de ces sentiments religieux se situe au x alentours de 16 ans. Cette période peut être considérée comme une image réduite de la personnalité future de l'adolescent. Ces sentiments permettent au jeune qui se trouve sous l'influence de différentes forces, d'entrevoir que la cause ultime de son existence est dans l'existence de Dieu.12

Il n'y a pas de doute que les appels de la nature originelle ne sont perceptibles que dans les cas où rien ne fait obstacle à leur manifestation. Un facteur comme la propagande réduit et entrave le développement des potentialités naturelles et de l'intelligence, bien que cette façon de réprimer n'arrive jamais à déraciner les tendances innées. C'est pour cela que dès que l'agent qui fait obstacle est écarté, les structures originelles reprennent leur activité, et se remanifestent par l'effort créatif.

Nous savons que plus de soixante ans se sont écoulés depuis la Révolution Communiste en Union Soviétique. Cependant les aspirations religieuses demeurent encore vivaces dans les âmes de vastes couches de la population soviétique, et malgré tous les efforts déployés tout au long de cette période par ceux qui détiennent le pouvoir pour enrayer la religion, ils n'ont pas encore pu en venir à bout dans les coeurs des hommes.

Par conséquence l'existence d'idées matérialistes dans le monde ne constitue pas un argument contre l'innéité de la foi en Dieu. Cet éloignement et cette scission par rapport à la voie naturelle, propre à une doctrine particulière et exceptionnelle par rapport aux doctrines et aux nations différentes, ayant des croyances métaphysiques, ne peut jamais, de nos jours comme par le passé, être considérée comme une réfutation de la connaissance naturelle de Dieu, parce que de telles exceptions existent en toutes choses.

Mais ce que l'on peut déduire de l'histoire, c'est que les bases de cette école de pensées ont été jetées aux VIIe et VIe siècle d'avant l'ère chrétienne. Les partisans de l'école matérialiste étaient successivement:
- Thalès, philosophe grec né en 622 avant J - C et mort en 560 ou 567.
- Héraclite: 535- 475.
- Démocrite: 540.
- Epicure: 346.

Malgré cela, on ne peut pas attribuer la paternité du matérialisme à ces derniers, parce que certains penseurs comme "Bangoun" ne partagent pas cette opinion; ce dernier, écrit dans son ''Histoire de la Philosophie" à propos de Thalès:
"Il pensait que les transformations de la matière se font sous l'influence de facteurs spirituels."

A propos de Démocrite, il écrit:
"Démocrite n'est pas un matérialiste, il croyait en l'existence de l'âme."

Bien entendu, le matérialisme moderne n'a commencé à s'élaborer qu'au XVIIIe siècle. Il eut aussi ses partisans même parmi les savants physiciens, bien qu'ici aussi les jugements sont divergents. Par exemple, certains historiens classent Jean-Jacques Rousseau parmi les matérialistes, alors que d'autres le considèrent comme Croyant en Dieu. Il se peut que le matérialisme qu'on lui attribue soit dû à ce que l'on méprise son anti-cléricalisme.

Farid Wajdi, auteur d'une encyclopédie, cite cette parole de Rousseau à propos du principe de l'existence:
"Plus j'approfondis mon regard sur les évènements que créent la force de la nature, et ce qui survient comme conséquence de ces évènements, et plus je médite sur la qualité des influences réciproques des uns sur les autres, j'acquiers la certitude qu'il faut bien une cause permière à la volonté.

Par conséquent, c'est Sa volonté à lui, Dieu, qui meut l'existence, et qui fait revivre les morts. Mais vous direz! Où est - Il? En réponse je dirai: Il existe, dans les cieux auxquels il a imprimé le mouvement, dans les étoiles qu'Il pourvoit en lumière. Il n'est pas seulement en moi, mais aussi dans le troupeau qui paît, dans l'oiseau qui vole, dans la pierre qui tombe, dans la feuille de l'arbre que le vent emporte çà et là; Il est partout. Combien donc sont loin de la raison, ces hypothèses! Ces théories qui supposent que cet ordre merveilleux est le résultat d'un mouvement aveugle de la matière.

Qu'ils fassent ce qu'ils veulent!
Je vois pour ma part un ordre continu dans la création et je ne perçois pas la sagesse qui régit cet ordre. Je ne suis pas de ceux qui pensent que la matière aveugle puisse produire des êtres vivants, que la nécessité aveugle crée des êtres conscients, et que ce qui est privé d'intelligence puisse créer des êtres sages et raisonnables.

 



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