Chapitre II : L'idée de Dieu profondèment ancrée en l'homme



Dans ce monde, je ne Te demande rien, car ce qui doit y être, y est, soit par Ton commandement soit par la loi de la nature. Mais s'il y a un autre monde, j'y attends de Toi une récompense, bien qu'ici-bas ce que j'ai fait je l'ai fait pour moi- même."6
Outre les sources intérieures se trouvant en l'homme et l'aidant à bien saisir les réalités pour qu'il puisse choisir sa voie dans l'entière liberté et loin de tous les préjugés, contraintes et impositions, il doit y avoir un facteur d'orientation externe à lui, pour renforcer sa nature et son intelligence, pour maîtriser les éléments de rebellion et les extrêmistes, et préserver aussi l'esprit et la nature de toute déviation, et la sauvegarder contre toute adoration et soumission aux fausses idôles.

Les prophètes ont été suscités pour orienter l'homme vers le sens sublil de sa nature primordiale, canaliser son penchant pour Dieu dans une voie juste, et promouvoir ses aspirations supérieures.
Cette orientation et cette canalisation ne visent nullement à éteindre en lui la flamme de sa volonté créatrice, ni à lui retrancher sa liberté, sa faculté de penser et son libre arbitre, mais constituent plutôt une sorte de soutien aux penchants et motivations positifs, dans la voie du développement et de la perfection, et de l'émancipation de toutes les chaînes, pour que les potentialités innées s'épanouissent et soient utilisées au mieux.

Les premiers à répondre à l'appel des prophètes étaient les hommes purs de coeur et de conscience; alors que rejoignaient les rangs de leurs opposants ceux qui s'appuyaient sur leur richesse et leur puissance éphémères, ou qui s'enorgueillissaient de leur savoir méprisable, de leur esprit impuissant et pollué par les illusions, de sorte que ce même orgueil et ces mêmes prétentions devenaient un obstacle à l'éclosion de leurs aptitudes et de leurs facultés sublimes.

"La loi de l'offre et de la demande existe aussi en matière de valeurs morales. s'il n'y avait pas de demande religieuse dans la nature des hommes, l'offre des prophètes aurait été vaine.
Et d'autre part, le fait que l'offre des prophètes a trouvé des acquéreurs, et que leurs conceptions authentiques et fructueuses aient trouvé une si large aud ience, prouve que la demande en religion est ancrée au fond de l'homme."7

En principe, la base de la prédication des prophètes était plutôt un appel au monothéisme, qu'une démonstration de l'existence de Dieu. Ils réfutaient l'adoration des idôles, du soleil, de la lune, des étoiles etc... pour que leur soif spirituelle inhérente ne soit pas étanchée par de fausses divinités, et que les hommes cherchent plutôt à réaliser les objectifs et les valeurs dans la quête du dieu réel, loin de toute déviation, et sur la voie de la perfection infinie, qu'ils se hâtent dans leur course ininterrompue vers la source de toutes les valeurs et de toutes les vertus, pour parvenir enfin à leurs aspirations.

Par conséquent, le polythéisme et l'athéisme, sous leur forme traditionnelle d'idôlatrie, ou leur forme moderne de matérialisme, résultent tous les deux d'une déviation par rapport à la nature innée.
Le progrès scientifique, en particulier au sujet de l'expérience religieuse qui connaît de nos jours un regain dans tous les coins du monde, a donné lieu à des conclusions qu'on peut d'ores et déjà exploiter dans tous les débats.
D'une part, l'histoire des religions, s'appuyant sur des documents importants réunis par les savants en sociologie, archéologie et enthropologie soumet à l'analyse le sens religieux, les structures, les tendances, les habitudes et autres facteurs constitutifs de la société, avec une méthode nouvelle totalement différente des orientations précédentes.

D'autre part, la psychologie investissant l'étude de l'inconscient, entreprise par Freud et poursuivie par Adler et Jung, est parvenue aux profondeurs de l'âme humaine, découvrant ainsi un univers nouveau des forces secrètes et des formes d'appréhension pararationnelles, et ouvrant un champ d'investigation scientifique pour les facteurs irrationnels qui échappent à la volonté, comme le "sens religieux".

En ce moment, il existe un courant intellectuel qui persuade de plus en plus de penseurs de différentes écoles de ce que le sens religieux est l'un des éléments primordiaux naturels et immuables de l'esprit humain, et qu'il est le mode de perception innée du domaine situé au - delà de la raison.

Vers 1920, un philosophe allemand a pu démontrer que parallèlement aux éléments rationnels "moraux", il existe aussi dans le sens religieux, des éléments innés ou irrationnels. Et tous les attributs de Dieu, comme la Toute - puissance, la sacralité et la grandeur, concourrent à montrer que le concept de "sacré" ne peut être renvoyé à aucune faculté perceptive, et qu'il est autonome et ne procède d'aucun autre concept, et l'on ne peut le confondre avec aucun autre concept rationnel ou irrationnel.

Une découverte propre à notre époque est celle de la "durée", quatrième dimension de la nature, et intimement lié au corps. Il n'existe aucun corps dans l'univers qui soit en dehors du temps, qui procède lui même du mouvement et de l'évolution.
De même, les savants contemporains ont conclu à une quatrième dimension dans l'âme humaine qui est celle du "sens religieux", les trois autres étant:



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