La joie et la tristesse dans le noble Coran



Faute du temps, il nous est impossible il d'entrer dans tous les détails de ces questions multiples, cependant, nous pouvons dire qu'en général, il est difficile pour nous de porter une évaluation absolue sur les différents aspects de l'existence et de la vie de l'être humain. Imaginons par exemple que l'homme ne connaîtrait jamais dans la vie la signification de la douleur. Est-ce que cela aurait été bien pour lui ? Non, car n'ayant aucune notion de la douleur, il n'aurait pas compris qu'il avait été tombé malade, et il n'aurait pas su qu'il lui fallait se faire soigner, ce qui entraînerait finalement sa mort à cause d'une maladie dont les symptômes n'avaient pas apparus. Ceci étant dit, l'utilité du sentiment de la douleur est de prévenir l'homme d'une perturbation qui s'est produite dans le fonctionnement de son corps, pour qu'il pense à la guérison et aux soins. La même situation existe dans le domaine des affaires liées à la vie psychique sociale ou morale des êtres humains. Les gens qui sont égoïstes, orgueilleux ou égocentriques ne connaissent pas leurs propres maux, et ils deviennent pratiquement incapables de comprendre ceux des autres. Par conséquent, ils ne peuvent pas les aider. Ceci étant dit, bien que la douleur ne soit pas une chose agréable en soi, mais son existence est un avantage pendant notre vie dans ce bas monde.

Mais cette situation sera complètement bouleversée dans l'au-delà. En effet, pendant la vie éternelle dans l'au-delà, les habitants du Paradis céleste n'éprouveront aucun mal et ne sentiront aucune douleur. A ce propos, le verset 48 de la sourate 15 du noble Coran dit : « Nulle fatigue ne les atteindra. Et on ne les en fera pas sortir.»

لاَ یَمسُّهم فیها نَصَبٌ و ما هم مِنها بِمُخرَجین

Pendant leur vie éternelle, les humains n'éprouveront aucune fatigue. Les habitants du paradis ne connaîtront plus jamais le sentiment de la faim. Ils mangeront et ils boiront pourtant uniquement pour en prendre plaisir.

Mais pour les humains qui vivent dans ce monde, la situation est tout à fait différente. S'ils sont sages, ils apprennent que le confort n'existe pas sans souffrance, et le plaisir n'existe pas sans douleur.

C'est donc évident qu'il existe dans le corps de l'homme mais aussi dans sa structure mentale des réalités indéniables qui permettent à l'homme de rire mais aussi de pleurer. Si l'homme est naturellement capable de rire, il est également capable, tout naturellement, de pleurer. En effet, il y a des moments où l'homme doit pleurer. Celui qui n'arrive pas à pleurer, mettra sa santé physique et psychique en péril. En d'autres termes, les rires et les pleurs sont des facultés propres à l'être humain. De même, le confort et la douleur sont l'un comme l'autre propre à l'homme et à sa vie dans ce monde. Il est donc normal que l'homme connaisse la souffrance et la douleur. Il est vrai que les rires sont nécessaires pour lui et qu'ils sont bien pour sa santé physique et psychique, mais cela ne signifie pas que l'homme ne doit pas pleurer ou souffrir. Comme nous venons de le dire, une personne qui n'arrive pas à pleurer souffre en réalité d'une imperfection dans ses caractères humains. Il existe donc des limites tant pour rire que pour pleurer; car ni l'un ni l'autre ne sont pas absolu. Si nous insistons sur la nécessité de la joie et de l'allégresse, et si les psychologues et les psychiatres insistent sur l'importance d'une vie pleine de joie, cela ne signifie aucunement que la joie ait une valeur absolue dans la vie humaine. En effet, les psychologues et les psychiatres expriment ici leur point de vue professionnel, car ils ont souvent affaire aux personnes qui souffrent des maladies psychiques et des déséquilibres émotifs. C'est donc normal qu'ils leur conseillent de mener une vie calme et joyeuse et de rire autant qu'ils peuvent, car le rire est le remède de beaucoup de leurs maux. Mais est-ce que ce conseil sera également valable pour des hommes qui ne sont ni déprimés ni malades, et qui se trouvent en parfaite santé physique et psychiques ? Devront-ils vivre dans une insouciance totale ? Ne doivent-ils éprouver aucun inquiétude, angoisse, tristesse ou chagrin ? C'est une question très importante, car comme nous venons de le dire, la joie et la tristesse ne sont pas des valeurs absolues. La colère et la fureur sont souvent considérées comme des états d'âme désagréables, ayant des effets et des conséquences indésirables sur les hommes. En effet, la personne qui se met en colère, souffrira des perturbations physiques et psychiques et morales, ce qui créera de véritables dégâts et problèmes non seulement pour lui mais aussi pour la société. Il faut admettre pourtant que l'homme qui soit privé de la colère serait un être imparfait. Il serait un homme indifférent et insouciant qui restera tiède devant tout ce qui pourrait lui arriver : il se résignerait à ce que l'on viole ses droits. De même, il restera indifférent face aux atteintes contre son honneur, sa famille, sa patrie, sa religion, sa foi, ses intérêts matériels, sa vie et sa culture. Un homme pareil pourra-t-il être considéré comme un homme « parfait » ? Bien que la patience soit présentée comme une vertu désirable, il faut souligner que l'homme doit être capable aussi de pouvoir se mettre en colère, lorsque cela est nécessaire. Dans un hadith il est dit : « Celui dont le visage n'exprime pas d'indignation devant la pratique du péché, verra son visage embrunir dans le feu de l'enfer. » Voir les autres personnes pratiquer les péchés et les blâmables et les rencontrer avec le sourire, cela signifierait l'encouragement du péché et du blâmable. Est-ce souhaitable en tant que modèle humain ? Il est possible que les psychologues disent qu'une telle personne ne souffre pas de maladie ou de trouble mental particulier, mais en réalité, cet homme n'est pas en bonne santé du point de vue moral.

En Irak, en Palestine, ou en Afghanistan, des dizaines de personnes innocentes perdent leur vie. Celui qui reste tiède face à tous ces tristes événements et qui n'en éprouve aucune colère, ou qui n'en ressent aucun chagrin, ne peut pas être considéré comme un homme modèle. Par conséquent, nous pouvons déduire que l'être humain doit pouvoir se mettre en colère là où il faut. Pour répondre à la question sur la valeur absolue de la joie, nous devons dire que tant que nous vivons dans ce monde, rien n'est absolu et que toutes les valeurs sont relatives. La seule valeur absolue qui existe dans ce monde est celle du véritable perfectionnement de l'homme à la lumière de la soumission à la volonté de Dieu le Très-haut. C'est la seule valeur qui soit absolue dans ce bas monde, car plus l'homme se soumet à Dieu, plus il acquiert de valeur.

La question suivante se pose sur les moyens permettant d'acquérir de la joie. Est-ce qu'il est souhaitable que l'homme acquière la joie par tous les moyens possibles dont la drogue ou l'alcool, au prix de l'oubli de toutes les valeurs et les devoirs humains ? Autrement dit, l'homme est-il permis d'acquérir la joie par tous les moyens ? Personne ne dit que l'homme est autorisé à passer toute sa vie en consommant l'alcool ou la drogue pour rester gai et joyeux. Mais il y a certains gens qui pensent qu'il serait admit de les consommer de temps en temps pour passer une période de crise ou de dépression. Par conséquent, la joie est bonne et désirable lorsqu'elle est acquise par des voies licites et correctes. Mais quelles sont les voies licites et correctes à travers lesquelles l'homme pourrait acquérir la joie ? Et quels en sont les critères ? Il est évident que la consommation de la drogue n'est pas une voie juste et saine. Alors quelles sont les limites et les lois qui existent pour l'acquisition légitime et licite de la joie ?

Pour répondre à ces questions, nous pouvons rappeler que dans ce monde, tous les phénomènes sont en paradoxe et contradiction les uns avec les autres. Dans ce contexte, il faut que nous comparions les faits et les choses en contradiction pour évaluer leur valeur et leur permanence. En effet, la durée et la permanence de la joie sont un critère important et non négligeable de sa valeur. Plus la joie dure, plus elle est noble. Il existe pourtant des joies profondes et immenses qui ne durent peut-être qu'un court instant, mais qui ont une très grande valeur. C'est le cas par exemple de la joie d'un amoureux qui rencontre sa bien-aimée après de longues années de séparation. Bien que la rencontre ne dure que quelques instants, elle a une valeur inestimable aux yeux de l'amant. C'est une courte joie qui peut égaler toutes les joies du monde. Il existe donc des critères pour évaluer la force ou la faiblesse des joies. Si nous respectons ces critères, nous n'accepterons jamais que l'on puisse passer sa vie à la consommation de l'alcool ou de la drogue. Que nous soyons musulmans ou non musulmans, nous affirmerons tous que ces fausses joies passagères n'auront d'autres résultats que la maladie, la dépression, l'isolement et la faiblesse. Les gens qui abusent de l'alcool ou de la drogue détruisent leur cerveau et se mettent en proie à des maladies psychiques. Ce sont de fausses joies passagères qui ne durent qu'une minute ou une heure. Mais très vites elles se transforment en maladie, faiblesse et malheur jusqu'à la fin de la vie. Ce sont les courts moments de joie qui sont suivis par de longues douleurs et souffrances. C'est tout à fait contraire à la raison. Les gens qui sont raisonnables et sages le comprennent très vite et ils savent qu'il ne faut pas se mettre en péril pour des fausses joies éphémères.

Dans toutes les religions monothéistes, la priorité est donnée à la joie et au bonheur éternels et infinis par rapport aux joies et aux plaisirs passagers de ce bas monde, mêmes si elles durent 70 ou 80 ans. Le raisonnement logique nous fait comprendre qu'une joie passagère qui ne dure qu'un bref instant n'est pas du tout comparable avec un jour, une semaine ou un an de souffrance qu'elle peut entraîner. De même, une joie passagère qui peut même durer la vie d'un homme pendant 70 ou 80 ans, n'est pas du tout comparable avec la souffrance et les douleurs interminables dans la vie éternelle dans l'au-delà. Même si nous passons toute notre vie terrestre en joie et bonheur, nous ne pouvons pas le comparer avec notre sort heureux ou malheureux dans l'au-delà pendant la vie éternelle. La raison nous dit que cette joie passagère n'est pas désirable et n'a pas de véritable valeur. Par contre, nous pouvons imaginer qu'un individu passe toute sa vie en douleur et souffrance, mais qui acquiert le bonheur et la joie éternels dans la vie de l'au-delà. Comme nous venons de le dire, il faut donc essayer de comparer la valeur relative de toutes les choses qui sont en contradiction dans la vie, ainsi que les joies et les tristesses.



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