Le mouvement de la traduction dans le monde de l'Islam



La ville d'Alexandrie était l'un des centres scientifiques importants de l'époque de l'avènement de la civilisation islamique, et elle a joué un rôle de premier plan dans le mouvement de la traduction des ouvrages scientifiques.

Après les expéditions militaires d'Alexandre vers l'Orient et la fin de l'époque florissante des sciences et de la philosophie en Grèce, surtout à Athènes, la ville d'Alexandrie est devenue le centre le plus important de l'héritage scientifique de la Grèce antique, car la plupart des savants grecs se sont installés dans cette ville qui a remplacé peu à peu la ville d'Athènes en tant que centre scientifique. En outre, la ville d'Alexandrie est devenue le carrefour des cultures et des civilisations grecque, égyptienne, juive et babylonienne. Même après l'avènement de l'Islam et la conquête de l'Egypte par les musulmans, la ville d'Alexandrie a continué les traditions grecques dans ces activités scientifiques et philosophiques.

De très célèbres savants sont apparus à l'école scientifique d'Alexandrie parmi lesquels Euclide, Archimède, Galien, Oribase, Philon d'Alexandrie. Grâce aux efforts de ces grands savants, la ville d'Alexandrie est devenue le berceau de nouvelles écoles scientifiques et philosophiques dont l'école des néoplatoniciens et des néo-pythagoriciens. Plus tard, ces mouvements de pensée ont fait l'objet des recherches et études des savants musulmans qui les ont développés et transférés sous une nouvelle forme vers l'Europe.

Au fur et à mesure, la ville d'Alexandrie a perdu son prestige scientifique et philosophique, et elle s'est vue remplacée par un nouveau centre de sciences, c'est-à-dire la ville d'Antakya. L'école d'Antakya a laissé une grande influence tant dans la région de l'Asie mineure que dans le nord de l'Irak. Les recherches et les études des grands savants de l'école d'Antakya ont été traduites plus tard par les savants iraniens, juifs et syriaques et ont été largement utilisées pendant l'époque du grand mouvement de la traduction islamique à Bagdad.

D) Harran :

Outre les centres importants comme Odessa ou Nusaybin qui étaient les foyers principaux de la transmission des sciences et de la philosophie de la Grèce antique vers le monde de l'Islam, il faudrait évoquer ici l'importance de Harran (Carrhes) qui était après la ville d'Alexandrie, l'un des centres les plus prestigieux de la transmission de la civilisation et de la culture grecques vers le monde musulman. Par ailleurs, la ville de Harran était également le centre des Sabéens qui se considéraient comme peuple du prophète Idris (Hénoch). Ils propageaient les enseignements de l'école pythagoricienne à l'époque de la civilisation musulmane.

Les sciences et la philosophie grecques ont été transférées à Harran par l'intermédiaire des écoles de la ville d'Antakya, et sous le règne du calife abbasside al-Mutawakkil elles sont entrées dans le monde de l'Islam. En réalité, les Sabéens de la ville de Harran ont joué un rôle très remarquable dans la traduction directe des ouvrages et des manuscrits grecs en langue arabe.

La ville de Harran est devenue très célèbre en raison de la présence de savants et de philosophes illustres qui se sont installés dans cette ville à l'époque de la civilisation islamique, parmi lesquels nous pouvons citer surtout Sabit ibn Kurra et ses descendants.

La genèse du mouvement de la traduction dans le monde de l'Islam :

Après avoir collecté et rassemblé les ouvrages, les essais et les documents qui étaient venus de différents foyers civilisationnels, les savants musulmans se sont mis à traduire ces ouvrages scientifiques en langue arabe. Les premiers pas ont été franchis sur cette voie à l'époque du règne du calife abbasside al-Mansour. En effet, le calife al-Mansour avait donné l'ordre de la traduction des livres grecs en arabe. Selon certains récits historiques, il avait bâti la ville de Bagdad afin d'y créer un centre spécial pour la traduction d'ouvrages scientifiques des civilisations anciennes en langue arabe. Le deuxième pas important a été pris à l'époque du règne du calife abbasside Haroun al-Rachid. Sur ordre de ce calife abbasside, plusieurs savants musulmans se sont rendus à Constantinople pour y chercher des livres et des manuscrits dont des copies n'existaient pas dans les pays musulmans. Ces savants avaient été également chargés de traduire ces ouvrages en langue arabe. Selon des documents historiques après avoir vaincu l'armée des Byzantins à Ankara, les troupes du calife Haroun al-Rachid ont obtenu de nombreux livres en langue grecque. Le calife a chargé Yuhanna Massouyeh de les traduire en langue arabe. Selon certains chercheurs, c'était le calife abbasside Haroun al-Rachid qui avait fondé Beit al-Hikmat (Maison de la sagesse). Selon cette hypothèse, le successeur de Haroun al-Rachid, c'est-à-dire le calife al-Mamoun n'a fait que développer davantage cette école prestigieuse fondée par son père.



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