Introduction au livre intituléDeuxièmement : en compagnie de l’auteur Envahi par ce sentiment, j’écoutais le professeur émérite et génial homme de lettres, Solaymân Kettaneh, dans son ermitage de Baskinta [2] situé sur le versant [ouest] du Mont Sannine [3], lire son précieux ouvrage intitulé Fâtima la Resplendissante, une exception cachée. Je l’écoutais et voyais devant moi d’admirables tableaux, qui révélaient clairement son bon goût et le sublime de son art. Pendant de longues heures, j’ai parcouru avec lui le monde vaste et lumineux de Fâtima, éprouvant un sentiment de grandeur et d’élévation, jouissant de la vision et du discernement, fier dans ma raison et mon cœur devant ce patrimoine glorieux et engagé. Devant la manifestation de la beauté divine en Fâtima, reflétée dans la pensée et le cœur de cet honnête homme, ces heures furent un plaisir de la vie. J’en revins à l’introduction du livre et je l’entendis poursuivre en lisant ceci : « C’est pourquoi je vais écrire Fâtima la Resplendissante, en évitant autant que possible la préposition « sur », utilisée dans les biographies, et je vais éviter également la narration, car la plume se trouvant entre mes doigts n’a pas tant à analyser la proportion de fer et de souffre dans la tige d’une fleur qu’à en peindre la couleur et frémir sous l’emprise du parfum qui s’en dégage ». Je lui dis : « As-tu réservé ton exposé original sur Fâtima à ceux qui la connaissent déjà et sont informés de sa vie grâce aux biographies et aux récits existants, l’interdisant de ce fait à ceux qui veulent en faire la connaissance ? Pourquoi ne pas tracer le chemin qui mène au soleil et à la source de vie, afin que notre société, en lisant le livre, puisse éduquer une femme et un homme dignes de Fâtima ? » Je lui dis : « Ces fresques magnifiques vont certainement étonner et attirer l’esprit des gens décontenancés, embarrassés par les recherches, les théories et les expériences menées sur la femme [4], de sorte que la femme est devenue le plus grand problème de la société traditionnelle et moderne ; or cet étonnement et cet attrait les pousseront à chercher les éléments constitutifs de ces tableaux, fer et souffre, et ouvriront l’accès à ces maisons dont Dieu a autorisé la célébration [5] . Les chercheurs contemporains des caractéristiques de la civilisation moderne l’appellent « civilisation de la sexualité », ce qui révèle l’importance prise par la question de la vision portée sur la femme et les erreurs monumentales dont nous souffrons à cause des errements de la civilisation au sujet de la femme. Les opinions des écrivains, des psychologues et du matérialisme dominant tout, jusqu’à l’existence de la femme, ont assombri les pistes et les ont inondées de passions, anéantissant le vrai, généralisant l’incertitude et pulvérisant l’humanité de la femme sous le poids des expériences anciennes et modernes. Aussi ressentons-nous aujourd’hui plus que jamais le besoin d’une présentation concise de la vie de Fâtima la Resplendissante, afin d’en faire un guide dont la biographie nous inspirerait la voie de la perfection et de la réforme ». Je lui dis tout cela. Je l’entendis dire alors d’une voix assurée et avec le sentiment du devoir accompli : « C’est pourquoi je t’ai laissé le soin d’écrire l’introduction au livre et de t’acquitter de cette obligation, de sorte que la boucle soit bouclée et que l’ouvrage soit complet ». Je ressentis une grande gêne face à cet objectif élevé et quant au procédé. Aussi lui rapportai-je la parole du vénéré Imâm ’Abd al-Hussayn Sharaf al-Din dans son éloge du livre intitulé L’Imâm ’Ali, voix de la justice humaine, adressée à son auteur, brillant écrivain : « Prête-moi ton crayon pour que je loue ton œuvre ». C’est l’expression employée par celui dont les livres et les essais rayonnent au firmament de l’écriture, un homme de science et de traités : qu’en serait-il alors de mon piètre crayon et de ma marchandise de peu de valeur ? Malgré tout, je m’inspirerai de Fâtima la Resplendissante pour cette modeste tentative et remplirai autant que possible mon devoir en implorant du Seigneur de m’accorder ainsi qu’au respectable lecteur, la grâce d’une analyse juste et de l’inspiration. Troisièmement : la femme En réalité, découvrir la position de l’islam sur la femme de nos jours n’est pas exempt de difficultés, car les écrits religieux islamiques semblent d’emblée divers et contradictoires ; la difficulté augmente également du fait que certaines coutumes persistant chez les peuples islamiques se sont mêlées aux enseignements islamiques authentiques, donnant l’impression au chercheur d’appartenir toutes à l’islam. Si nous considérons les opinions des orientalistes, même ceux de bonne foi parmi eux, et si nous étudions également ce qu’ont écrit certains auteurs musulmans, nous constatons que ces difficultés de l’étude ont rendu obscure et ignorée la véritable position de l’islam sur la femme, de sorte que la plupart ont adopté des opinions éloignées de la vérité et que certains ont jugé la femme opprimée en islam. La vérité est qu’il existe chez les musulmans deux types de patrimoine : des enseignements religieux coutumiers et des habitudes héritées du passé qui ne figurent pas dans le corpus religieux. Et l’on doit précisément s’efforcer de les distinguer. Et puis ce corpus religieux islamique est à son tour de deux sortes : la première aborde la situation de la femme à un moment donné de l’Histoire ; la seconde sorte est constituée par des enseignements fondamentaux immuables. Pour clarifier cela, j’attire l’attention du chercheur sur la terminologie des logiciens et des usulites [6], lesquels distinguent pour chaque information (selon leur terminologie, chaque question) la question réelle de la question extérieure [7] : la première s’intéresse aux règles constantes s’appliquant à l’objet en tout temps et en tout lieu, alors que la seconde s’intéresse à l’objet tel qu’il se présentait au temps de la promulgation de la règle et explore sa situation uniquement dans ce contexte. Afin de découvrir la vérité de la position islamique sur la femme, il nous faut mettre les versets coraniques au fondement de la recherche sur la femme et les considérer comme le cadre des enseignements réels, et non pas extérieurs, au sujet de la femme ; c’est alors seulement que nous pourrons distinguer les coutumes des règles et identifier les règles constantes en les démêlant des opinions temporaires. Avis du Coran sur la femme Le saint Coran, contrairement à l’ensemble des opinions philosophiques, doctrinales et coutumières qui prévalaient avant et pendant sa Révélation, et contrairement à beaucoup d’opinions et de coutumes tardives, définit la femme et la considère équivalente à l’homme dans les faits et dans l’essence [8]. Puis il déclare qu’elle participe essentiellement à la constitution de l’enfant, qu’elle n’est pas un passage vers la procréation de l’homme ni un champ pour sa semence [9]. Et Dieu a fait du prophète Mohammad un témoin cautionnant cette position, sa descendance se poursuivant à travers Fâtima, en dépit de ceux qui l’avaient surnommé l’amputé (abtar [10]]) après le décès d’Ibrâhim, le fils qu’il avait eu de Marya la Copte, en l’an 2 de l’Hégire [11]. Et le saint Coran insiste sur cette égalité dans de nombreux versets en répétant l’expression « les uns des autres » [12] , puis il décrète des lois pour le respect de la personne de la femme et de sa famille, et pour le respect matériel [13], spirituel [14], économique [15] et politique [16] de son travail ; il affirme son respect de la parenté lors d’une succession [17] et sa reconnaissance de l’ensemble de ses droits dans toutes les affaires de la vie [18]. De plus, nous ne trouvons dans aucun verset coranique ce qui interdirait à la femme de gérer ses biens, même après le mariage [19] ou permettrait de lui imposer un mariage sans son contentement [20]. Et les versets qui associent la femme à l’homme dans l’explication des règles, dans les hommages, dans les admonestations ou les leçons sont très nombreux, sans baisser son rang, ni la mépriser ou la considérer moins importante que l’homme [21].
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