Introduction au livre intitulé



Concernant la vie conjugale, afin de protéger l’épouse, d’éviter que la vie commune des époux ne débouche sur une impasse et de permettre de trancher dans des questions relevant de leurs affaires communes, [le Coran] a accordé un rang supérieur à l’homme par rapport à son épouse, et à aucune autre femme – cela après avoir affirmé l’identité des droits et des devoirs entre eux dans le noble verset [22]. Ce rang, c’est celui que le Coran a évoqué en un autre endroit [23]. Et qui a approfondi l’étude du saint Coran trouve que les différences qu’il consacre entre l’homme et la femme affirment une égalité substantielle et accorde également à tous deux une importance juste. Car la disparité des règles, des devoirs et des droits naît de la disparité entre eux dans les compétences, les spécialisations et, souvent, les dispositions spécifiques. Ainsi la femme est-elle adaptée, de par sa constitution corporelle et spirituelle, à la maternité et à l’éducation des enfants et cette mission a été considérée comme l’institution la plus importante en islam en vertu du hadîth [24]. Non moins importante que toute autre mission vitale, dans la mesure où elle forme l’individu qui est le pilier des sociétés, cette mission s’accorde à la nature de la femme ; en vertu de quoi l’islam lui recommande d’assumer cette vocation sans toutefois le lui imposer [25] . En guise de compensation, il double la quote-part de l’homme par rapport à celle de la femme dans l’héritage afin que se réalise la justice et afin que, selon l’expression coranique, le capital "ne soit pas attribué à ceux d’entre vous qui sont riches." Et l’islam fonde les dispositions légales restantes sur la base de cette spécificité et de cette pratique, en acceptant le témoignage de la femme dans le cadre de son travail et de sa compétence notamment. Quant à la question du voile en islam, elle ne vise pas à dévaloriser ou enfermer la femme, ni à la glorifier exagérément, comme il était de coutume chez certains peuples, mais c’est plutôt une arme en faveur de la femme et un barrage à la suprématie de la féminité en elle, afin d’éviter que cet aspect ne domine toutes ses autres compétences. Cette intention est claire dans les versets coraniques qui interdisent la sujétion dans le discours, ou le piétinement dans la démarche ou le maquillage et l’étalage de ses atours [26]. En réalité, l’ostentation des charmes de la femme aboutit à la suprématie de la féminité sur son existence, et la transforme en simple Å“uvre d’art. C’est là un mépris de la femme et une récusation de ses compétences, un abrégement de sa durée de vie, de son temps et de ses chances ; en particulier, cela conduit à la priver, et à priver la société, de son talent pour la maternité.

Ce sont là les principales grandes lignes de la position de l’islam vis-à-vis de la femme, à partir desquelles nous pouvons reconnaître les coutumes et les distinguer des dispositions légales, de même qu’il nous devient possible de discerner celles des narrations qui décrivent la situation de la femme à une étape historique particulière. Et le Messager de Dieu a fourni un effort infini pour améliorer la situation des femmes de son époque, qui portait les traces de la persécution et des préjugés d’un long passé, et pour la valoriser aux yeux des gens, en considérant que « les filles sont la meilleure progéniture Â», que « le meilleur des hommes est celui qui se comporte le mieux envers sa femme Â», que « la femme lui est aussi agréable en ce monde que la prière Â» et que « les femmes sont un dépôt confié par lui à sa Nation Â». Et il me semble que les propos rapportés de l’Imâm ’Ali au sujet de la femme lui ont valu d’être considéré par certains chercheurs, orientalistes et autres, comme un ennemi de la femme, tel ce propos : « La femme est tout entière un mal, et le plus malin en elle est qu’elle est nécessaire Â» ; ou cet autre propos : « Les femmes sont un bégaiement et un point faible, alors dissimulez ce bégaiement dans le silence et ce point faible dans les demeures Â», entre autres… Ces citations, en supposant qu’elles soient bien de l’Imâm ’Ali, ne sont autres que les « questions extérieures Â» de la terminologie usulite décrivant la situation de la femme à une époque historique particulière.

En outre, on trouve chez l’Imâm des formules et des sagesses qui correspondent parfaitement à ce que nous avons déduit du saint Coran. Il essaie parfois de donner une explication pénétrante des propos répandus parmi les gens sur les femmes, si bien que quand il entend le fameux proverbe : « Certes, les femmes ont une raison défaillante, une quote-part d’héritage incomplète et une faible foi Â», il le commente en accord avec ce que nous avons observé des enseignements coraniques sur la différence portant sur l’héritage, le témoignage et l’acquittement de certains devoirs dans des situations particulières ; on rencontre dans cette méthode une posture pédagogique éminente qui se retrouve dans la vie du Prophète, des Imâms et de Fâtima la Resplendissante.

Quatrièmement : brève biographie

Fâtima est née cinq ans après le début de la Mission du Prophète béni c’est-à-dire huit ans avant l’Hégire. C’est le dernier enfant du Prophète avec Khadija. Elle est née à La Mecque, dans la demeure de la révélation et du jihâd, dans une atmosphère de patience, de persévérance et d’endurance face aux difficultés. Elle a grandi entourée des sentiments sincères et du pur amour réciproque entre le messager de la miséricorde et Khadija, dont le Prophète n’oubliera jamais les sentiments et la fidélité tout au long de sa vie. Elle émigra après le messager de Dieu depuis La Mecque vers Médine, avec les autres femmes de la famille du Prophète, sous la supervision de ’Ali bin Abi Tâleb. Ils se rassemblèrent dans un seul convoi d’émigrants à la station de Qoba près de Médine. Elle se maria avec ’Ali bin Abi Tâleb la deuxième année de l’Hégire (623 apr. J.-C.), alors qu’il avait vingt-trois ans et qu’elle en avait dix [27] .

Le Prophète a affirmé à ses compagnons que la préférence donnée à ’Ali sur les nombreux prétendants de Fâtima était une recommandation divine et découlait de l’insatisfaction manifestée par Fâtima vis-à-vis de tout autre prétendant que ’Ali. Elle ne fut consentante qu’envers ’Ali, malgré les multiples tentatives des femmes de Médine, qui déconseillaient à Fâtima de l’épouser, arguant de sa pauvreté, de sa participation continue au jihâd et de son intransigeance dans l’obéissance à Dieu. Elle vécut avec ’Ali huit années d’une vie exemplaire, devenue le symbole de la vie de couple, et lui donna Hassan, Hussein, Zaynab et Oumm Koulthoum, et Mohsen qu’elle perdit par une fausse couche suite au décès de son père lors des événements douloureux qui se produisirent à ce moment-là.

Elle décéda quelques mois seulement après son père et est enterrée en un lieu tenu secret, conformément à sa volonté, de même que la cérémonie d’inhumation et le convoi funèbre se firent secrètement, selon son désir. Des indices historiques et des narrations rapportées évoquent l’un des trois emplacements suivants pour sa tombe : le cimetière de Baqi’, son logement aujourd’hui contigu à la tombe du Prophète, enfin le splendide parterre situé entre la niche-mihrab du Prophète et son tombeau, que l’on peut aujourd’hui identifier par des colonnes spécifiques. Quant à son âge, il a atteint dix-huit ans et quelques mois et représente, malgré sa brièveté, un exemple complet et parfait de la vie de la femme, telle que Dieu la souhaite et que sa religion cherche à réaliser. En effet, les enseignements religieux ont besoin de personnes exemplaires qui les incarnent pleinement et en sont une réalisation complète, afin de les extirper d’une idéalisation hypothétique et de retirer aux gens tout faux prétexte une fois confrontés au Tout-Puissant.

Et quand le Messager de Dieu voulut faire une exécration réciproque – consistant à solliciter de Dieu la malédiction sur le menteur parmi une assemblée afin de manifester la véracité d’une partie prenante à une polémique –, cela constitua le dernier recours efficace d’apostolat de la part des prophètes pour faire triompher la religion authentique de Dieu ; il l’ordonna sur la base du verset béni [28] si bien que le grand Prophète dut exhiber les fils, les femmes et les personnes, qui représentent les hommes, les femmes et les enfants de l’islam ; c’est ainsi qu’il choisit ’Ali, Fâtima, ainsi que Hassan et Hossayn, affichant ainsi sa foi dans la vérité et dans le fait que ceux-ci en représentent parfaitement la religion. Ainsi nous revient-il, après cette courte revue biographique, d’étudier brièvement la personnalité de cette femme, Fâtima al-Zahrâ’, qui est l’exemple avéré de la femme musulmane.

Cinquièmement : « la mère de son père Â»

La jeune Fâtima essaie de participer à la lutte (jihâd) de son père et s’efforce sincèrement de compenser le vide sentimental dû à la perte de ses parents au début de sa vie ; ce vide indisposait le Prophète et se reflétait sur son cÅ“ur délicat assoiffé d’amour. Le Prophète avait besoin de l’affection et de l’attention maternelles dans sa vie, dans son entreprise pénible et harassante, dans son affrontement avec un environnement impitoyable ; et il trouvait cela chez Fâtima. L’histoire ne nous rapporte qu’un aperçu de ces attentions maternelles de Fâtima envers le Prophète, mais elle confirme le succès de la tentative de Fâtima pour apporter à Mohammad une plénitude affective et cela l’aida sans doute à supporter les grandes difficultés liées à la prophétie. L’histoire confirme cela en transmettant souvent de sa bouche : « Fâtima est la mère de son père Â». Et l’on voit d’ailleurs qu’il se comporte avec Fâtima comme on le ferait avec une mère, lui baisant les mains, la visitant d’emblée une fois arrivée à Médine, commençant ses voyages et périples en allant la voir et en lui faisant ses adieux, comme s’il faisait le plein d’affection pour son voyage auprès de cette source pure. D’un autre côté, on trouve le sentiment paternel du Prophète parfaitement incarné dans sa relation à Fâtima. Quand il fut ordonné aux gens de s’adresser à Mohammad avec l’expression « Messager de Dieu Â» et que Fâtima se conforma à cet ordre, le Messager de Dieu l’en défendit et lui demanda de l’appeler « père Â». Et l’on remarque dans la biographie du saint Prophète qu’il la visitait fréquemment dans ses moments de fatigue et de souffrance, ou quand il était blessé à la guerre, quand il avait faim, dans les moments d’indigence ou pendant la réception d’un invité. Fâtima la mère se présentait à lui, s’occupait de lui, le prenait dans son giron, pansait ses plaies et atténuait ses souffrances ; puis Fâtima la fille se présentait à lui, le servant, lui obéissant et lui préparant ce dont il avait besoin. C’est ainsi que l’on observe son rôle insigne dans la vie du Messager de Dieu.



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