Personnalité et croyances du pharaon de l’époque de Mûsâ (as)Voici ce que l’on peut en retenir : Pharaon déclare aux notables parmi son peuple que pour lui, les versets et les miracles de Mûsâ (as), ainsi que son appel, ne garantissent pas qu’il existe une divinité dans le monde qui soit le Seigneur des mondes, et qu’il n’a en dehors de lui-même absolument personne à leur faire adorer. Là , il ordonne à Hâmân de construire une tour, car peut-être qu’au sommet de cette tour, il en apprendra davantage sur le Dieu de Mûsâ (as). Ceci indique que la phrase: « … je n’ai absolument pas d’autre objet d’adoration que moi-même à proposer aux gens » est comme le palais dans le cÅ“ur (à savoir que ce que Mûsâ (as) réserve à Dieu, Pharaon le réserve à lui-même). Mûsâ (as) n’établit la divinité qu’à l’égard de Dieu et la dénie à tout autre que Dieu, or, Pharaon fait exactement le contraire, il établit la divinité pour lui-même, et la dénie à Dieu le Très-Haut. Quant aux autres dieux que son peuple adore, ce que dit le verset ne les remet pas en question. « Ô Haman ! Allume-moi du feu sur la glaise ; construis-moi une tour. » Ce qui veut dire : « Mets les briques crues dans le feu et cuit-les. » Le mot sarh / ØµØ±Ø désigne une haute tour du haut de laquelle on domine alentour. Ce nom commun provient du verbe sarh al-shay’a / ØµØ±Ø Ø§Ù„Ø´ÙŠØ¡ qui désigne le fait que des choses apparaissent. Par conséquent, la phrase discutée équivaut à l’ordre de fabriquer des briques et de lui construire un haut palais. Dans ce verset, une petite partie des pensées médiocres et des imprévoyances de Pharaon laisse voir que c’est son ignorance qui le conduit à sa perte. « Ô Haman ! Allume-moi du feu sur la glaise ; construis-moi une tour, peut-être, alors, monterai-je jusqu’au Dieu de Moïse. Je pense cependant que Moïse est un menteur. » Dans cette phrase le mot ilah / اله / le Dieu, est rattaché à Mûsâ (as), nous lisons donc « le Dieu de Mûsâ (as) », ce qui montre que Pharaon ne le connaît pas. Ce Dieu, c’est Mûsâ (as) qui appelle les gens à Lui, aussi, cette parole pose une conclusion à la place d’une introduction là où il aurait dû dire : « Construis-moi une tour, pour que je puisse monter tout en haut et contempler les cieux. Peut-être apprendrais-je quelque chose à propos du Dieu de Mûsâ (as). » On dirait qu’il s’imagine que Dieu le Très-Haut est un corps que l’on peut trouver à une certaine hauteur ou qu’Il dispose d’une demeure dans le firmament, c’est pourquoi il manifeste l’espoir que si on lui construit une tour assez haute, il trouvera à son somment quelque information à propos de Dieu le Très-Haut, ce grand personnage. Il est tout à fait possible qu’il n’ait pas imaginé cela et qu’il veuille simplement induire les gens en erreur pour leur perte. Il est aussi possible que son dessein soit de se faire construire un observatoire astronomique pour pouvoir observer les étoiles, et voir à partir de la disposition des corps célestes si un prophète a effectivement été envoyé et ce, pour confirmer la prophétie de Mûsâ (as) et savoir si ce à quoi appelle Mûsâ (as) est vrai ou pas. Cette éventualité est corroborée par d’autres paroles qu’il tient, et que le noble Coran énonce ailleurs : « Pharaon dit : ‘Ô Haman ! Construis-moi une tour pour que j’atteigne les cordes, les cordes célestes et je monterai vers le Dieu de Moïse. Je pense que celui-ci est menteur ! » (sourate Al-Ghâfir (Le pardonneur) ; 40 : 36 et 37). « … et je monterai vers le Dieu de Moïse. Je pense que celui-ci est menteur ! » : ici il fait montre d’un progrès par rapport à ce qu’il a dit précédemment : « Je n’ai absolument pas d’autre objet d’adoration que moi-même à proposer aux gens ». En effet, il avance que : « non seulement je suis ignorant au sujet de l’autre Dieu, celui qui n’est pas moi, mais dans cet ordre d’idée, je pense même qu’un tel Dieu n’existe pas, et je pense que Mûsâ (as) est un menteur, que sa prétention est une imposture destinée à égarer les gens. » Dans le verset en question, Pharaon accuse Mûsâ (as) d’être un menteur ; or, ce verset ne mentionne aucune parole venant de Mûsâ (as), alors pourquoi Pharaon affirme-t-il qu’il est un menteur ? La réponse se trouve dans ce que Mûsâ (as) a dit, et que le noble Coran rapporte dans le verset 102 de la sourate Al-Isrâ’ (Le voyage nocturne, sourate 17) : « Tu sais bien que seul le Maître des cieux et de la terre a fait descendre ces choses pour vous éclairer. Ô Pharaon ! Je pense que tu es perdu ! » Certains exégètes expliquent cette phrase ainsi : « Je n’ai absolument pas d’autre objet d’adoration que moi-même à proposer aux gens » : « cela correspond au fait de nier l’évidence en niant le savoir ». Ce genre d’expression a pour sens que si une vérité existe, cela se sait ! Elle est donc employée pour signifier que si : « je ne connais pas cette chose, elle n’existe pas. » On trouve une expression analogue dans le verset suivant : « Informerez-vous Dieu de ce qu’Il ne connaît pas dans les cieux et sur la terre ? » (sourate Yûnus (Jonas) ; 10 : 18). Cette explication ne s’accorde toutefois pas avec le contenu du verset suivant, car Pharaon poursuit en disant : « Construis-moi une tour afin que j’en apprenne à propos du Dieu de Mûsâ (as). » « Pharaon s’enorgueillit sur terre, sans raison, lui et ses armées. Ils pensaient ne pas revenir vers Nous. » (sourate Al-Qasas (Le récit) ; 28 : 39). Dieu dit à propos de sa position : « Ils les ont niés (Nos Signes) avec injustice et orgueil, alors qu’en eux-mêmes, ils y croyaient fermement. » (sourate Al-Naml (Les fourmis) ; 27 : 14). « Nous l’avons saisi, lui et ses armées ; Nous les avons précipités dans les flots. Considère quelle a été la fin des injustes. » (sourate Al-Qasas (Le récit) ; 28 : 40). Le mot nabadh / نبذ désigne le fait de projeter, de jeter au loin, et le mot yamm / يمّ désigne la mer, et les autres mots du verset sont très clairs. Le ton est offensant envers Pharaon et son armée, et c’est un châtiment effrayant qu’Il amène sur eux. « Nous avons fait d’eux des guides qui appellent les hommes au Feu, et, le Jour de la Résurrection, ils ne seront pas secourus. » (sourate Al-Qasas (Le récit) ; 28 : 41) : l’appel au feu est entraîné par des actions qui ont pour châtiment le feu, et ces actions sont entre autres la mécréance et les différents péchés, et ce sont ceux dont Dieu décrit la résurrection sous une forme infernale qui se retrouveront dans ce tourment. Il est même possible que le mot nâr / نار désigne ces actions qui méritent le feu, et que la notion de feu ait été employée en tant qu’allégorie. L’objet de la phrase : « Nous avons fait des pharaons des guides qui appellent au feu » et la signification du fait d’avoir fait d’eux des guides qui invitent au feu sont les suivants : Dieu a fait d’eux des éclaireurs dans la mécréance et le péché, et en fin de compte, les autres ont suivi leur exemple et les ont rejoints. Et si on se demande pourquoi Dieu a fait de lui le guide vers la mécréance, et si cet acte se heurte ou pas à la justice divine, la réponse est : « Cela se heurterait à la justice divine si cette perversion émanait de Dieu en première instance, et s’ils n’avaient rien fait précédemment qui puisse le justifier, mais dans le cas où cette perversion correspond au châtiment de la mécréance pour lequel ils ont été reconnus coupables, cela ne heurte pas la justice divine. » Certains exégètes disent : « L’objet du fait d’en faire des guides appelant au feu est une simple image, comme celle que l’on trouve dans ce verset : ‘Ils considèrent les Anges, serviteurs du Miséricordieux, comme des femelles. Ont-ils été témoins de leur création ? Leur témoignage est consigné par écrit ; ils seront interrogés.’ (sourate Al-Zukhruf (L'ornement) ; 43 : 19). » Mais cette exégèse est incorrecte parce qu’elle ne s’accorde pas avec ce que dit le verset suivant : « Ils disent : ‘Si le Miséricordieux l’avait voulu, nous ne les aurions pas adorés.’ Ils n’en savent rien, ils ne se livrent qu’à des conjectures. » (sourate Al-Zukhruf (L'ornement) ; 43 : 20). Aussi, il est clair qu’il ne s’agit pas seulement d’une image, car au contraire, ils sont réellement, les guides menant à la déviation, et qu’en plus il n’est pas du tout évident que le mot ja‛al / جعل a pour signification l’image dans ce verset cité par les exégètes, De plus, lorsqu’Il dit : « … et, le Jour de la Résurrection, ils ne seront pas secourus. » (sourate Al-Qasas (Le récit) ; 28 : 41), il est clair que l’intercession d’aucun défenseur ne pourra les aider. « Nous les avons poursuivis d’une malédiction dans ce monde, et, le Jour de la Résurrection, ils seront au nombre des éprouvés. » (sourate Al-Qasas (Le récit) ; 28 : 42) : ce saint verset exprime l’évidence que la qualification citée à propos des pharaons dans le verset précédent dit bien : « Puisqu’ils sont des pharaons et que les autres les suivent dans la mécréance et les péchés, c’est d’ailleurs pourquoi ces derniers s’inspirent d’eux constamment en matière de déviation, de mécréance et de péché, et les suivent ; l’équivalent de la charge et du péché de ceux qui les ont suivi pendront alors également à leur cou. (10) Aussi, tant que la mécréance et le péché perdurera après eux, la malédiction de Dieu qui est sur eux perdurera également. » Ainsi, en vérité, le saint verset correspond à cet autre verset : « Ils porteront sûrement leurs fardeaux et d’autres fardeaux encore, avec leur propre fardeaux. On les interrogera, le Jour de la Résurrection, sur ce qu’ils auront inventé. » (sourate Al-‘Ankabût (L'araignée) ; 29 : 13), ainsi qu’à celui-ci : « C’est Nous qui rendons la vie aux morts. Nous inscrivons tout ce qu’ils ont fait et les conséquences de leurs actes. Nous faisons le compte de tout dans un Livre clair. » (sourate YâSîn ; 36 : 12). Et si dans le verset en question le mot la‛an / لعن / malédiction est indéfini, c’est pour insister sur son importance et sur sa prolongation. De même, lorsqu'au Jour de la résurrection, ils n’auront l’assistance d’aucun défenseur, ils n’auront pas d’autre choix que de se trouver dans la situation qui les verra être les objets de l’exécration des cÅ“urs des gens du Mahshar (11) , alors que tous les fuiront, que personne ne s’approchera d’eux. Ce sont là ce que désignent les termes de « visage indécent et laid » utilisés par Dieu le Très-Haut lors de Ses nobles propos, propos exprimés en bien des occasions au sujet de ceux dont l’apparence sera abominable. Shaytân (12) et Pharaon Pharaon, qui prétend à sa propre divinité et considère les gens comme ses serviteurs, est un jour en train de se reposer. On lui apporte un plat de raisin. Pharaon en prend une grappe et porte à sa bouche, un à un, les grains verts et transparents. A ce moment apparaît un homme devant lui, un homme que Pharaon n’a jamais vu. Il ne sait par comment il est parvenu à se frayer un chemin dans le palais vide. Il cesse donc de manger son raisin et demande : « Qui es-tu et comment es-tu arrivé ici ? » L’inconnu répond d’une voix étrange et effrayante : « Je suis Shaytân, Shaytân ! »
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