PSALMODIE DU SAINT CORANAffranchi de la mesure, le rythme de la psalmodie l'est également de l'intensité du temps fort ; il apparaît comme une ligne mélodique ondulante, légère, pouvant s'adapter aisément à toutes les floraisons vocales, en une fluidité de la phrase délivrée de toute entrave matérielle. L'accent
L'accent est l'insistance sur une syllabe par exagération du niveau, de l'intensité, de la durée ou de tous ces éléments à la fois, par rapport aux mêmes éléments des syllabes voisines. Il y a un accent de mot et un accent de phrase, mais aucune règle précise n'est formulée par les auteurs de traités de tajwîd. C'est un phénomène subjectif variable. Tout ce qu'on peut observer, c'est qu'en général l'insistance dans les mots porte sur la première syllabe longue à compter de la finale, les finales longues ne recevant pas d'accent. Dans la phrase l'accent doit porter sur le mot qu'on veut mettre en relief et se traduire par une exagération de la première longue à partir de sa fin. La aussi, le facteur subjectif joue un rôle dominant et l'accent se fait bien souvent sentir par une élévation du niveau dans les impératifs ou les particules d'ordre ou de prohibition. La pause (waqf)
La fin du verset n'implique pas nécessairement une pause dans la psalmodie. Il y a une pause s'il n'y a pas de rapport évident de sens (ma'nâ), ni d'expression (lafdh) entre un verset et le suivant. Mais comment se traduit dans la psalmodie cet arrêt ? Il faut d'abord retenir que dans un verset la syllabe finale occupe une position spéciale : elle ne peut être terminée ni par une voyelle longue, ni par une consonne. Les voyelles brèves finales s'allongent dans certains cas, mais en général tombent. C'est ainsi que le n du tanwîn (an, in, un) disparaît et que la voyelle qui le précédait tombe, si elle était u ou i mais s'allonge si elle était a. Dans la psalmodie, le lecteur est guidé par des signes conventionnels qui lui indiquent dans le texte sacré les allongements, les pauses, les liaisons et aussi les passages après la lecture desquels il doit se prosterner. Ces signes, qui sont employés assez uniformément à travers tout le monde musulman, sont en général les abréviations des mots qu'ils représentent. La psalmodie et les voix
L'intervention de tout instrument dans la psalmodie étant interdite, la voix a été l'objet d'un examen approfondi au point de vue des nuances. Parmi les trente variétés de voix que les auteurs ont pu distinguer, certaines sont incompatibles avec la psalmodie, tandis que d'autres offrent toutes les exigences qu'elle requiert. Citons parmi ces dernières : 1 - as-shahhy : voix pure, douce, étendue ; Le récitant doit observer un certain nombre de règles pour réaliser une psalmodie harmonieuse : a. istirsâl : prolonger le son, sans laisser tomber la voix ; Cet exposé eût été moins aride si la psalmodie coranique pouvait être transcrite en utilisant toutes les techniques musicales, pour mettre en relief ses lignes mélodiques dans leur pureté et découvrir les lois de composition et les nuances d'interprétation qui lui sont propres. On connaît le patient et long effort déployé par les bénédictins de Solesmes pour parvenir à la mise au point systématique du chant grégorien, pour imaginer le long travail d'équipe qu'il eût fallu fournir pour transcrire la psalmodie coranique, sans la moindre trahison.
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