Sa désignation comme vizir (dès le début de l'Islam)



Avec cette réponse froide d'Abû Tâlib, les Mecquois ne savaient plus quoi faire contre Mohammad et ses adeptes. Abû Sufiyân, le chef des Umayyades, saisit l'occasion pour jeter le discrédit non seulement sur Mohammad ou sur tel ou tel de ses proches parents qui avaient épousé sa foi, mais sur toute la lignée de Hâchim qui, bien que ne partageant pas ses croyances, le protégeait par solidarité clanique. Evidemment l'hostilité d'Abû Sufiyân n'était pas suscitée simplement par sa haine personnelle ou par ses scrupules religieux, mais par rivalité familiale. II avait l'ambition de transférer à sa propre famille les honneurs de la cité, si longtemps accaparés par les Hachémites. (W. Irving, "Life of Mohammad", p. 56). D'après les témoignages historiques disponibles c'est à cette époque-là que l'opposition à la propagation de la foi de Mohammad atteignit son paroxysme.

L'Interdiction et la Mise au Ban

Poussés par Abû Sufiyân, les chefs des différentes familles décidèrent de former une ligue pour couper tous contacts avec Mohammad, ses adeptes et les Hâchimites qui avaient refusé de se séparer de Mohammad. Ils prirent l'engagement solennel de n'avoir aucune sorte de relation commerciale avec eux - ne rien leur acheter et ne rien leur vendre - et de ne contracter aucune alliance matrimoniale avec eux. La septième année de la Mission (environ 616 A.J.) cette Convention fut rédigée, signée et scellée. Et pour lui conférer une valeur solennelle, elle fut conservée dans la Ka`bah.

Abû Tâlib amena alors Mohammad à son logement connu sous la dénomination de Chi`b Abî Tâlib. Les Hâchimites soumis eux aussi au boycottage à cause de Mohammad, se retirèrent au même endroit. L'un d'entre eux seulement, Abû Lahab, s'en sépara et fit cause commune avec les Mecquois.

Désormais les Hâchimites, mis au ban de la société, furent entièrement éloignés du reste des habitants de leur ville. Ils devinrent des gens excommuniés, condamnés à souffrir toutes les privations. Même la forteresse de Chi`b Abî Tâlib était occasionnellement assiégée par les Quraych afin de renforcer le blocus et de prévenir toute possibilité d'approvisionnement. Les Hâchimites se virent ainsi acculés à la famine pour cause de manque de provisions qu'ils ne pouvaient acquérir qu'à des prix exorbitants chez des commerçants étrangers pendant les jours de Trêve, c'est-à-dire aux mois de Rajab et de Thilhaj de chaque année.

Ils étaient constamment surveillés par les Quraych et n'osaient pas sortir dehors. Abû Tâlib craignait même des assassinats nocturnes. Aussi était-il toujours sur ses gardes et changeait-il souvent la chambre à coucher de Mohammad par mesure de précaution contre une attaque surprise. Cet état des choses dura environ trois ans. II commença vers la fin de la septième année de la mission et se termina la dixième année, où Mohammad atteignit l'âge de cinquante ans.

I1 est à noter ici que pendant ces années-là le Prophète ne négligea pas sa Mission. I1 s'appliquait à l'amélioration des mentalités de ses proches en prêchant le Monothéisme afin de rendre plus effective leur soumission à sa Foi, et chaque fois qu'il lui arrivait de sortir pendant les jours de Trêve, il se mêlait aux pèlerins, effectuait ses prêches parmi eux, exposait ses doctrines et annonçait ses révélations dans des occasions propices.

Quelques-uns des Miracles les Plus Remarquables

"De cette façon - écrit W. Irving dans son livre "Life of Mohammad", pp, 57-60 - il fit de nombreux convertis qui à leur retour dans leurs régions respectives apportèrent avec eux les germes de la nouvelle religion. Parmi ces convertis on comptait même des princes ou des chefs de tribu dont l'exemple fut suivi par leurs partisans. Les légendes arabes font un récit fastueux de la conversion de l'un de ces princes, laquelle conversion, étant en rapport avec l'un des miracles les plus notables de Mohammad, mérite d'être racontée :

"Le prince en question était Habib Ibn Mâlik, surnommé le Sage en raison de sa vaste connaissance et érudition, puisqu'il est présenté comme étant versé profondément dans la magie et les sciences et comme connaissant parfaitement toutes les religions jusqu'à leurs fondements mêmes, ayant lu tout ce qui avait été écrit à leur propos et ayant acquis une information pratique les concernant après avoir appartenu tour à tour au Judaïsme, au Christianisme et au Zoroastrisme. Il est vrai qu'il avait eu largement le temps pour acquérir des connaissances si vastes et des expériences si larges, puisque, selon la légende arabe, il vécut cent quarante ans. Un jour, il vint à la Mecque à la tête d'une puissance armée, forte de vingt mille hommes, amenant avec lui une belle jeune fille, Satihah, pour qui il offrit des prières à la Ka`bah, parce qu'elle était devenue sourde, muette, aveugle, et privée de l'usage de ses membres.

"Toujours selon la légende, Abû Sufiyân et Abû Jahl pensèrent que la présence de ce prince très puissant, très idolâtre, très âgé et très sage à la tête d'une armée si formidable, constituait une occasion favorable de provoquer la ruine de Mohammad. Par conséquent, ils informèrent Habib le Sage de l'hérésie du prétendu prophète et obtinrent de lui qu'il le convoquât à son campement dans la vallée de "Flints", pour qu'il justifiât ses croyances. Ils espéraient ainsi, qu'en s'obstinant dans l'erreur, Mohammad s'attirerait la mort ou le bannissement.

"La légende fait un conte somptueux de la parade des Quraychites idolâtres, fièrement ornés, à cheval et à pied, conduits par Abû Sufiyân et Abû Jahl, venus assister à la grande inquisition dans la Vallée de "Flints", et de la façon orientale dont ils furent reçus par Habib le Sage, assis sous une tente de tissu cramoisi, sur un trône d'ébène incrusté d'ivoire et de santal, et couvert de plaques d'or.



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