Sa désignation comme vizir (dès le début de l'Islam)



"Mohammad était dans la maison de Khadîdja lorsqu'il reçut la sommation de comparaître devant ce formidable tribunal. Khadîdja criait fort ses avertissements et ses filles s'accrochèrent à son cou, pleurant et se lamentant, car elles pensaient qu'il allait à la rencontre de sa mort certaine. Mais il apaisa gentiment leurs craintes et leur demanda d'avoir confiance en Allah.

"A la différence des manières ostentatoires de ses ennemis, Abû Sufiyân et Abû Jahl, il s'approcha de la scène du procès en vêtements simples, habillé d'une longue chemise blanche, d'un turban noir et d'un voile fait d'étoffe d'Aden. Ses cheveux tombaient au-dessous de ses épaules, la lumière mystérieuse de la prophétie rayonnait sur son visage, et bien qu'il n'eut pas oint sa barbe ni utilisé aucun parfum" excepté un peu de musc et de camphre sur les poils de sa lèvre supérieure, partout où il passait, un parfum doux répandait autour de lui et exhalait de sa personne.

"Une crainte silencieuse régna dans l'assemblée lorsque le Prophète s'approcha. Pas un murmure, pas un chuchotement. Les animaux sauvages même parurent se plaire dans le silence; les hennissements des coursiers, les cris des chameaux et les braiments des ânes avaient cessé.

"Le vénérable Habib le reçut gracieusement. Sa première question était déjà prête : "Ils disent que tu prétends être envoyé par Dieu. Est-ce ainsi ?" "Certainement, Allah m'a envoyé pour proclamer la Véritable Foi", répondit-il.

"Bien, répliqua le Sage, prudent. Mais chaque prophète a donné la preuve de sa Mission par des signes et des miracles. Noé avait son arc-en-ciel; Salomon, son anneau mystérieux; Abraham, le feu de la fournaise qui devint froid sur son ordre. Ismâ`îl, le bélier qui fut sacrifié à sa place; Moïse, son bâton magique, et `Issa ressuscitait les morts et calmait les tempêtes par de simples mots. Donc, si tu es vraiment un prophète, fais nous un miracle en guise de preuve."

"Les partisans de Mohammad tremblèrent de peur pour lui lorsqu'ils entendirent cette demande, et Abû Jahl battit des mains et exalta la sagacité de Habib le Sage. Mais le Prophète le réprimanda avec mépris. "Paix ! Chien de ta lignée ! Disgrâce de ta famille et de ta tribu !" Puis, il se mit calmement à exécuter les désirs de Habib.

"Le premier miracle demandé à Mohammad consistait à révéler ce que Habib gardait dans sa tente et pourquoi il l'avait amené à la Mecque.

"Sur ce, dit la légende, Mohammad se pencha vers le sol et traça des figures sur le sable. Puis, relevant la tête, il répondit : "Ô Habib ! 'Tu as amené ici ta fille, sourde-muette, estropiée et aveugle, Satihah, dans l'espoir d'obtenir du Ciel qu'elle soit soulagée. Va à ta tente, parle-lui et écoute sa réponse, et sache que Dieu est Tout-puissant".

"Le vieux prince se dépêcha vers sa tente. Sa fille le reçut d'un pas léger et les bras ouverts, en possession de toutes ses facultés : ses yeux rayonnaient de joie, son visage dessinait un sourire et elle paraissait plus belle que la lune d'une nuit sans nuage". (W. Irving)

Le Miracle de la Disjonction de la Lune

Le second miracle que Habib avait demandé au Prophète de réaliser c'était de faire couvrir le ciel de midi de ténèbres surnaturelles et de faire apparaître la lune au-dessus de la Ka`bah. Le Prophète pria. Tout d'un coup une noirceur complète couvrit la lumière de jour et l'orbe glorieux de la lune brilla sur le sanctuaire. Le Prophète fit un signe de son doigt et l'orbe fut coupé en deux moitiés de sorte que la montagne d'Aby Qubays se dressa entre elles. Un peu plus tard, il fit de nouveau un signe et les deux moitiés se rejoignirent. Quelques fissures profondes sont toujours visibles sur le disque de la lune, comme si elles voulaient indiquer les traces de la réunion de deux parties.

Le prince et quatre cent soixante-dix de ses partisans, ainsi qu'un grand nombre de Mecquois, ayant été parfaitement convaincus, embrassèrent la foi du Prophète. Abû Jahl et Abû Sufiyân s'écrièrent que tout cela n'était qu'un ensorcellement de Mohammad; ils étaient des incroyants endurcis. On dit que les événements ci-dessus relatés eurent lieu cinq ans avant l'Emigration. (A propos de ce miracle de la disjonction de la lune, réalisé par le Prophète, il faut noter ici qu'on peut en trouver la confirmation indirecte dans les écrits du célèbre astronome, Sir J.F. Herschel, qui a écrit dans ses "Outlines of Astronomy" (4Q édition, 1851, p. 247), note en marge, en parlant de la lune : "I1 y a une illusion optique d'une nature étrange et inexplicable que l'on a souvent remarquée dans l'occultation. L'étoile semble avancer effectivement sur et dans le disque (de la lune) avant de disparaître, et ce jusqu'à une profondeur considérable parfois. Je n'ai jamais été personnellement témoin de cet effet singulier, mais il repose sur un témoignage sans équivoque. Je l'ai appelé une illusion optique, car il est pratiquement impossible qu'une étoile puisse briller en de telles occasions à travers des fissures profondes dans la substance de la lune". Des fissures profondes dans la lune ! Cette expression n'indique-t-elle pas clairement une réunion des deux parties de la lune après que celle-ci s'était scindée en deux, réunion incomplète qui a laissé des fissures profondes).

La Fin Miraculeuse de la Mise au Ban

A la fin de la troisième année de l'Interdiction - la dixième année de la Mission - Mohammad informa Abû Tâlib qu'Allah avait montré sa désapprobation de la Convention dirigée contre lui et qu'Il avait envoyé des fourmis pour dévorer chaque mot du Document placé dans la Ka`bah, à part Son propre Nom qui y figurait. Abû Tâlib, ayant cru son neveu comme receveur des Révélations du Ciel, alla voir les Quraych sans hésitation et il leur raconta ce que Mohammad lui avait dit à propos du document, en leur disant que si l'information qu'il leur rapportait se vérifiait après l'examen du document, ils devraient s'engager à se retirer de leur convention et à abandonner leurs hostilités contre Mohammad et ses partisans, et si elle s'avérait fausse, il s'engagerait pour sa part à leur livrer Mohammad. Mot`im Ibn `Adî, Zam`ah Ibn Aswad, Abul-Bakhtari et quelques autres parmi les voisins des Quraych, qui étaient affligés pour les lamentations douloureuses des enfants quasi faméliques des Hâchimites mis au ban de la société et sympathisaient avec eux dans leurs souffrances, accompagnèrent Abû Tâlib pour s'assurer que sa demande juste ne fût pas refusée par les Quraychites. La proposition d'Abû Tâlib fut toutefois volontairement acceptée par tout le monde. Tous ensemble allèrent inspecter le document. Et à leur grande surprise, ils le virent dévoré par les fourmis. I1 n'en restait que le nom d'Allah. Abû Tâlib fut transporté de joie devant ce miracle accompli par un acte surnaturel en faveur du Prophète Mohammad, alors que les Quraych semblaient confus et hébétés. Ils dirent que c'était un ensorcellement fait par Mohammad; mais devant la persistance d'Abû Tâlib et de ses partisans, ils finirent par céder et déclarer le document nul et non avenu. Le bannissement étant annulé, tous les Hâchimites regagnèrent leurs maisons, et Mohammad (Que la paix soit sur lui et sur sa famille) fut une fois de plus libre.

 



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