Comment aimer Allah ?



Dans son prône à propos des pieux, l'Imam 'Alî (p) décrit l'état de ces serviteurs dévoués lorsque la nuit tombe et qu'ils se présentent devant Allah en Lui adressant leurs monologues:

«La nuit, ils mettent en rang leurs pieds pour réciter le Coran lentement et clairement. Ils s'en servent pour se réconforter et rendre efficace le remède de leurs maux. Lorsqu'ils rencontrent un verset qui comporte un intéressement, ils s'y fient par espérance, y aspirent avec désir, et croient que cela est à la portée de leur vue. En revanche, lorsqu'ils passent par un verset qui inspire la crainte, ils l'écoutent avec l'ouïe de leurs coeurs, et ont l'impression que l'inspiration et l'expiration de l'enfer frappent le fond de leurs oreilles. Aussi courbent-ils leurs bustes, et posent-ils leurs fronts, les paumes de leurs mains, leurs genoux et les bouts de leurs pieds sur le sol en demandant à Allah de leur accorder le salut. Tandis que le jour, ils sont indulgents, savants, purs et pieux. Ils sont démaigris par la crainte révérencielle, comme les flèches. Lorsqu'on les voit, on dirait qu'ils sont malades; mais constatant qu'ils ne le sont pas, on se dit: ils sont obsédés (par la crainte d'Allah)».(73)

D'autres figures du désir d'Allah dans les Munâjât de l'Imam al-Sajjâd (p)

«Ô mon Dieu! Fais que je sois au nombre de ceux dont les arbres de Ton désir se sont enracinés dans les jardins de leurs poitrines, dont le chagrin de Ton amour a envahi leurs coeurs, ceux qui se réfugient dans les gîtes de la pensée, qui se nourrissent à satiété dans les jardins de la Proximité et du dévoilement, qui s'abreuvent dans les bassins de l'amour avec des coupes de plaisir (...) ceux devant les yeux intérieurs desquels le voile a été enlevé, ceux dont les croyances et les consciences se sont débarrassés de l'obscurité du doute, (...) ceux des coeurs et des fors intérieurs desquels le tourment de l'incertitude a disparu, ceux dont les poitrines se sont élargies par l'accession à la connaissance (...) ceux qui se sont rassurés de leur retour vers le Seigneur, ceux dont les âmes se sont assuré l'obtention de la victoire et du succès, ceux qui ont trouvé la consolation en regardant leur Bien-Aimé (...) ceux qui ont réalisé un commerce rentable en troquant la vie d'ici-bas contre la Vie éternelle...

Ô mon Dieu! Quels délices pour les coeurs que Tu inspires! Que c'est beau que d'avoir l'illusion de marcher vers Toi sur les sentiers du mystère! Que c'est délicieux la saveur de Ton amour! Que c'est agréable le boire de Ta proximité! Épargne-nous donc l'expulsion et l'éloignement de Ton voisinage! Place-nous parmi les plus intimes de ceux qui Te connaissent, les plus pieux de Tes serviteurs, les plus sincères de ceux qui T'obéissent, et les plus dévoués de ceux qui T'adorent!».

Il n'est pas question ici de nous écarter de notre sujet pour commenter ce merveilleux munâjât dont la beauté, l'éloquence et le style pittoresque se passent de commentaire. Toutefois, il est important de nous attarder un peu sur la première séquence du munâjât de l'Imam: «Ô mon Dieu! Fais que je sois au nombre de ceux dont les arbres de Ton désir se sont enracinés dans les jardins de leurs poitrines et dont le chagrin de Ton amour a envahi leurs coeurs!».

L'image qui ressort de la parole de l'Imam al-Sajjâd (p) présente les poitrines ou les coeurs des amis d'Allah comme des jardins joyeux et pleins de bons fruits, et laisse entendre que ces poitrines revêtent différentes formes:

Certaines poitrines sont des bureaux et des écoles d'apprentissage du savoir. Or, le savoir est une bonne chose et une lumière, mais à condition que la poitrine qui le contient demeure un jardin du désir d'Allah.

Certaines autres poitrines sont des fonds de commerce, des banques et des places boursières, pleins de chiffres, de statistiques et de bilans. L'argent et le commerce n'ont rien de répréhensible, bien au contraire, mais à condition qu'ils ne deviennent la préoccupation première et le souci principal du coeur.

D'autres poitrines se présentent comme des terrains salins où poussent les épines et les coloquintes, les poisons et les haines, la lutte pour le pouvoir et l'argent, les complots et les intrigues.

D'autres poitrines encore constituent des terrains de jeux et des lieux de distraction. Rien d'étonnant, car pour une grande partie des gens, la vie est jeux et distractions.



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