La naissance du Prophète Mohammad et les quarante premières années de sa vieLa Disposition d'esprit de Mohammad
Etant donné que Mohammad était né et avait été élevé dans la famille sacerdotale des gardiens du sanctuaire de la Kaaba, et qu'il était naturellement doué d'un esprit pensif et méditatif, l'ordre et la bienséance de la maison d'Abou Tâlib, les offrandes pieuses et les prières dévotes faites par lui-même et ses proches, l'observance scrupuleuse des rites sacrés, et surtout l'environnement sacré et impressionnant du Sanctuaire lui-même, laissèrent une forte impression sur l'esprit de Mohammad et lui inculquèrent une tendance à la dévotion à l'Omnipotent et Omniprésent Seigneur. La Guerre de Sacrilège (585 A.-J.)
Lorsque Mohammad eut quatorze ou quinze ans, une guerre, ou plutôt un conflit tribal, éclata entre les Banî Kinânah et les Banî Hawâzin, dans laquelle Mohammad fut forcé de s'engager deux fois pour aider son oncle Zubayr. La guerre eut lieu pendant les mois sacrés, sur le territoire sacré, et dura, avec des engagements épisodiques, environ neuf ans. Ces événements furent appelés Fujâr ou la "Guerre sacrilège". Hilf al-Fudhûl (595 A.-J.)
Etant donné que Mohammad était doté par la Nature d'un esprit compatissant, son cœur saignait de douleur à la vue des outrages terribles qui étaient perpétrés impitoyablement sous ses yeux, souvent par ses propres concitoyens, contre des gens sans secours. I1 désirait donc sérieusement corriger leurs mœurs, si possible, et cultiver en eux la crainte de Dieu, et il œuvra sans relâche dans ce sens. Animé par de tels nobles sentiments, alors qu'il n'avait que vingt ans, il voulut prendre quelques mesures en vue de l'éradication de la violence et de l'injustice. Ce fut dans ces circonstances que Zubayr, le plus âgé des fils survivants de `Abdul-Muttalib, forma une ligue dans le but de suggérer aux principales tribus de Quraych de s'engager par serment à assurer la justice aux faibles. Les Hâchimites, les Banu Zohrah et les Banu Taym participèrent à la ligue et jurèrent qu'ils se dresseraient comme défenseurs des gens lésés, qu'ils veilleraient à ce qu'aucune injustice ne restât impunie et que les revendications des opprimés seraient pleinement satisfaites. Le serment est connu sous le nom de Hilf al-Fudhûl. I1 s'avéra utile autant comme une prévention de la violence que comme un moyen de réintégration. Quelques années plus tard, Mohammad dira qu'il se sentait heureux du souvenir de l'initiative qu'il avait prise lui-même dans la création de la Ligue du Serment, initiative prise dans la maison de `Abdullâh B. Jod` ân pour mettre fin à la violence et à l'oppression. Al-Amîn
Ayant acquis, sous la direction de son oncle Abou Tâlib un homme de grandes compétences commerciales - une véritable connaissance et expérience des transactions commerciales par caravanes, et étant très apprécié par ceux qui avaient eu l'occasion d'avoir des contacts avec lui, quelques commerçants l'engagèrent comme représentant pour conduire des affaires commerciales pour leur compte. Mohammad s'acquitta avec un tel succès de son travail que les gens s'étonnèrent de son intelligence et de sa capacité dans les affaires. Ils furent tous parfaitement satisfaits de son honnêteté, et toute la Mecque se confondit en louanges pour sa véracité, son fort caractère moral, son honnêteté dans la conduite des affaires et le crédit de confiance dont il jouissait à tous égards. Son caractère irréprochable et la conduite honorable de ce jeune homme discret lui firent gagner le respect de tous ses concitoyens, et lui valurent le titre unanimement consenti d'Amîn, "Le Digne de confiance". Khadîjah (595 A.-J.)
Le renom de droiture et de rectitude de Mohammad par vint aux oreilles de Khadîdja, une noble dame Mecquoise de Quraych. Son père Khuwaylid était le fils d'Asad, lequel était le petit-fils de Quçay. Khadîdja était suffisamment riche pour exercer le commerce avec ses propres caravanes que menaient ses esclaves et ses serviteurs. Aussi avait-elle besoin d'un homme capable de faire des voyages pour son compte. Elle envoya donc un mot à Mohammad par l'intermédiaire de l'ami de ce dernier, Khozaymah Ibn al-Hakam, qui avait des liens de parenté avec elle - lui offrant le double du salaire pratiqué à l'époque. Mohammad entra dans son service avec le consentement d'Abou Tâlib. Conduisant une caravane de commerce pour elle, il partit pour Bostra, sur le chemin de Damas. Maysarah, un serviteur de Khadîdja, l'accompagna pendant son voyage. Au cours du voyage à Bostra, Maysarah remarqua que Mohammad était ombragé par un nuage pendant la chaleur de la journée. Grandement surpris par ce phénomène, il le relata à Khadîdja à son retour. Une fois arrivé à destination, Mohammad réussit, par des échanges commerciaux avec les marchands syriens, à doubler les bénéfices habituels des marchandises de Khadîdja. Selon un récit, avant de disposer des marchandises, il y avait eu un contentieux entre Mohammad et la personne qui voulait les lui acheter. Cette personne désirait que Mohammad jure par les déesses mecquoises : "Lât et `Uzza", mais Mohammad refusa absolument de s'exécuter. Ce refus montre que Mohammad ne crut jamais aux idoles. Lorsque Mohammad eut disposé des marchandises de son employeur et qu'il eut acquis pour elle les articles qu'elle voulait, il retourna à son pays natal avec Maysarah; et lorsqu'ils approchèrent de la Mecque, le serviteur reconnaissant persuada Mohammad d'être lui-même à la tête de la caravane à partir de Marr-al-Tzohran et d'apporter lui-même à sa maîtresse la bonne nouvelle de ses transactions réussies. Khadîjah, entourée de ses servantes, était assise à l'étage supérieur de sa maison (qui est encore connue et vénérée comme étant "Mawled Fatima" ou le lieu de naissance de Fatima - La Dame de Lumière - un peu au nord-est de la Kaaba) guettant l'arrivée de la caravane, lorsqu'un chameau apparut à l'horizon, s'avançant rapidement. Quand il s'approcha un peu plus, elle s'aperçut que c'était Mohammad qui le montait, et qu'il arborait un visage brillant, protégé de la chaleur du soleil par un nuage. Elle fut éblouie par sa beauté et par tout ce qu'elle savait à son propos. Il entra dans la maison, raconta l'issue heureuse de ses affaires, et énuméra les articles de son goût qu'il lui apportait. Elle fut extrêmement contente de ce succès. Elle l'envoya ensuite pour la même raison au Yémen où, là encore, il obtint grâce à son savoir-faire et sa diligence un succès similaire, à la grande joie de Khadîdja. Khadîdja fait sa Demande en Mariage à Mohammad
Elle était une dame distinguée autant par sa haute naissance que par sa fortune. Elle avait déjà été mariée deux fois, et avait accouché de plusieurs enfants, mais elle était veuve à présent. Bien qu'elle eut quarante ans, elle paraissait plus jeune et avait un visage attirant, beau et rayonnant de bonne santé. Beaucoup de nobles Quraychites l'avaient demandée en mariage, mais préférant vivre dans un veuvage digne et indépendant, elle avait rejeté toutes ces demandes. Mohammad était alors à la fleur de l'âge, n'ayant que vingt-cinq ans. I1 était doté par la Nature de beauté et d'une apparence agréable. Noble de naissance, il était aussi noble par sa conduite et par ses manières élégantes. Attirée par ses qualités personnelles, et fascinée par sa beauté et son élégance, Khadîdja désira l'épouser. Pour sonder son opinion à cet égard, elle députa une servante qui l'aborda : "Oh ! Qu'est-ce qui se passe Mohammad ?", faisant allusion adroitement au fait anormal de rester célibataire à cet âge. "Mais qu'est-ce qui t'empêche de te marier ?" "Je n'ai rien à ma disposition, qui me permettrait de me marier", répondit-il. "Et si cette difficulté disparaissait et que tu sois invité à épouser une dame belle et riche, de noble naissance, qui te rendrait riche, ne désirerais-tu pas l'avoir ?", lui dit la servante. "Qui pourrait ce être ?", demanda Mohammad qui commençait à être saisi par cette idée. "C'est Khadîdja ". "Mais comment pourrais-je y parvenir ?" "Laisse-moi faire", rétorqua la femme. "Je n'ai pas d'objection à une telle union", affirma Mohammad. La femme repartit et rapporta la réponse à Khadîdja qui, sans perdre de temps, annonça à Abû Tâlib, l'oncle et le gardien de Mohammad, son désir de contracter une alliance matrimoniale avec ce dernier. Mohammad épouse Khadîdja
Après avoir consulté Mohammad, Abû Tâlib accepta la proposition, et le mariage eut lieu en 599 A.JC avec grand éclat et donna lieu à de nombreux festins. Les invitations furent envoyées par Abû Tâlib et Khadîdja elle-même. Abû Tâlib lut lui-même le sermon de la cérémonie et paya de sa poche la dotde douze Okes et demi d'or, équivalent au prix de vingt jeunes chameaux de bonne race. Ce mariage s'avéra très avantageux pour Mohammad, car il le mit à l'abri de la nécessité de travailler dur pour gagner sa vie et lui donna le loisir de s'adonner à la méditation à laquelle il avait originellement tendance et qui avait été développée pendant la période de sa prise en garde par son oncle Abû Tâlib. I1 vécut d'une façon on ne peut plus affectueuse avec sa femme. Elle lui rendit bien son amour pour elle, et son estime pour lui augmentait au fur et à mesure que le temps passait. Le mariage fut un succès parfait à tous égards pour le couple. Khadîdja porta de lui son illustre fille, Fatima, destinée à devenir l'aïeule des saints descendants de Mohammad. Elle lui engendra également deux fils : Qasim - dont le nom valut à Mohammad le surnom d'Abû Qasim, et `Abdullah. Mais tous les deux moururent pendant leur enfance.
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