La naissance du Prophète Mohammad et les quarante premières années de sa vieLa Naissance de `Ali
Ce fut sans doute à l'occasion de la mort d'un de ceux-ci que la femme d'Abû Tâlib, Fatima Bint Asad, qui était enceinte, offrit de céder son futur enfant, qu'il fût garçon ou fille à Mohammad, pour le consoler dans son deuil (Fatima n'était pas encore née). Cette offre s'avérera être un Décret Providentiel plus tard. Fatima Bint Asad sentait l'enfant qui était dans son ventre la forcer à se lever par respect pour Mohammad chaque fois qu'il lui rendait visite, et il ne lui permit jamais de la laisser détourner sa face de Mohammad aussi longtemps qu'il se trouvait là . Ordinairement c'était le contraire qui aurait dû se produire, puisque la tante de Mohammad étant supérieure à ce dernier par le lien de parenté (tante - neveu) - elle était presque comme sa mère - avait droit à son respect pour elle; mais elle ne savait pas quelle force la faisait se lever dès qu'il arrivait, alors qu'il n'avait encore que trente ans. Cet enfant n'était autre que Ali, qui naquit dans l'enceinte de la Kaaba (600 A.J.), où personne d'autre n'était né depuis sa fondation des milliers d'années auparavant. Lorsqu'il ouvrit ses yeux pour la première fois, la première chose qu'il vit fut le visage de Mohammad qui l'avait pris dans ses bras en le caressant. Son premier bain après sa naissance fut fait par Mohammad qui prédit à ce moment-là que l'enfant s'occuperait de son dernier bain (après sa mort). Cette prophétie se réalisera après le décès du Prophète. Le nouveau-né n'acceptait aucune autre nourriture que la salive de la langue de Mohammad, qu'il suça pendant plusieurs jours après sa naissance. Mohammad le caressait en le mettant sur ses genoux, et avait l'habitude de mâcher la nourriture pour nourrir `Ali. Il le faisait souvent dormir à côté de lui dans le même lit, et `Ali jouissait de la chaleur du corps de Mohammad et inhalait le parfum sacré de son souffle. Lorsqu'il grandit, il partagea les repas de Mohammad et il fut élevé, sous ses soins personnels, de façon à partager aussi son éthique élevée et ses mœurs. `Ali était toujours prêt à risquer sa propre vie pour protéger Mohammad aux moments de danger et il lui était attaché affectueusement et avec une fidélité à toute épreuve. Les deux cousins étaient si soudés l'un à l'autre qu'ils vécurent toujours ensemble jusqu'à ce que la mort les séparât. `Ali adopté par Mohammad
Lorsque Ali ne fut plus un petit enfant, Mohammad, voulant compenser autant que possible toutes les peines que son oncle Abû Tâlib s'était données en prenant soin de lui et en lui assurant une éducation excellente, prit à sa charge son cousin `Ali, âgé de cinq ans, en 605 A.J., afin de l'éduquer selon sa propre méthode; et selon la plupart des hadiths, il l'adopta. Et, étant donné qu'une famine sévissait dans le pays à cette époque, Mohammad persuada son oncle al-`Abbâs de décharger Abû Tâlib des soins d'un autre fils, Ja`far. Zayd Ibn Hârithah
Presque à la même époque, un garçon nommé Zayd, fils de Hârithah, fut offert à Mohammad par sa femme Khadîdja, comme esclave. I1 était originaire d'une famille respectable d'une branche de la tribu des Khozaite, appelée Kalb; mais il avait été enlevé pendant son enfance par une bande de pillards et vendu à Khadîdja. Ayant trouvé les traces de son fils, le père vint à la Mecque, prit contact avec Mohammad et lui proposa une grande somme pour son rachat, somme que Mohammad refusa poliment. Ce dernier, qui avait déjà affranchi Zayd, lui donna la permission d'opter pour le retour chez son père, mais Zayd ne voulut pas perdre le traitement affectueux auquel il s'était habitué, et préféra rester avec Mohammad qui le mariera plus tard à Om Ayman, son ancienne servante. Osâmah, le célèbre général à qui Mohammad confiera le commandement de l'expédition contre les Grecs tout juste avant son décès, était le fils de ce même Zayd, et le fruit de ce mariage. Zayd fut tué à Mota alors qu'il commandait une précédente expédition contre le même peuple. La Reconstruction de la Ka`bah
Mohammad était âgé de trente-cinq ans lorsqu'un événement survint qui augmenta sa popularité parmi les membres des tribus. Les murs de la Kaaba étaient bas et délabrés, devenus mal affermis à la suite d'une inondation qui causait souvent des ravages similaires, comme ce sera le cas encore en 1627 A.J. où une telle inondation endommagera trois côtés du bâtiment sacré. En raison de l'absence d'un toit, des voleurs avaient escaladé les murs et volé de précieuses reliques, qu'on retrouva heureusement. C'est pourquoi on décida de rehausser les murs et de les couvrir d'un toit. Entre-temps un bateau grec avait fait naufrage au bord de la Mer rouge, près de Cho`aybah, l'ancien port de la Mecque. Walid Ibn Moghîrah assista à la scène du désastre, récupéra les bois du bateau détruit, et s'assura les services de son capitaine, Baqum, qui était un architecte compétent, pour l'aider à la reconstruction de la Kaaba. Les nombreuses tribus de Quraych s'étaient regroupées en quatre corps dont chacun avait la charge d'un des quatre côtés de la Ka`bah. Ainsi, un côté était assigné aux Banî `Abd Manâf, y compris les descendants de Hâchim : `Abd Chams, Nawfal et `Abdul-Muttalib, et aux Banî Zohrah; un second aux Banî Asad et aux `Abd-al-Dâr; un troisième aux Banî Makhziim et aux Banî Taym; et le quatrième aux Banî Sahm, à `Adî et `Amr Ibn Lo'ay. Les vieux murs dégradés furent démolis jusqu'à la couche de pierres vertes, appelées "Fondations d'Ibrahim", et c'est sur elles que furent élevés les nouveaux murs. Pour la construction de l'enceinte sacrée, des pierres de granit vert furent coupées dans les collines avoisinantes et apportées par les citoyens sur leurs têtes. Mohammad et tout le corps de Quraych assistèrent aux travaux. Comme à l'accoutumée, les gens ôtèrent leurs sous-vêtements pour les poser sur leur tête afin de mieux supporter le poids et la rudesses des pierres. Lorsque Mohammad ôta à contrecœur son vêtement, il tomba malencontreusement par terre et une voix s'éleva d'une source invisible, le prévenant de ne pas s'exposer au danger. Il se leva sur-le-champ, et personne ne le vit jamais dénudé depuis sa première jeunesse jusqu'à sa mort. A1-Hajar al-Aswad ou la Pierre Noire
Lorsque les murs de l'angle est furent suffisamment hauts pour fixer al-Hajar al-Aswad, ou la Pierre Noire sacrée, une dispute éclata à propos de la partie à qui revenait l'honneur de placer la Pierre Noire dans son nouveau réceptacle, car chaque famille des Quraych revendiquait ce privilège. Le contentieux s'aggrava tellement qu'il faillit tourner à l'effusion de sang. La construction fut suspendue pendant quatre ou cinq jours. A la fin, Abou Umayyah (de la famille des Banî Makhzum, le frère de Walid père de Khâlid), le citoyen le plus âgé, suggéra que celui qui aurait la chance d'entrer le premier dans l'enceinte sacrée par la porte de Banî Chaybah (ainsi appelée parce qu'elle avait été probablement construite par Chaybah Ibn Ahmad) soit choisi pour régler le différend ou placer lui-même la Pierre. Sur quoi Mohammad apparut, alors qu'il s'était absenté provisoirement. I1 fut donc le premier homme à entrer par ladite porte à l'intérieur de l'enceinte. Et l'assistance s'écria : "Voilà venu al-Amîn, l'arbitre ! Nous sommes prêts à accepter ce qu'il décidera !" Mohammad reçut la mission calmement et avec sang froid, et il saisit lui-même l'occasion à la fois d'accomplir son devoir comme le Missionnaire Divin (bien que ce fait n'eût pas été réalisé à ce moment là ) et de réconcilier les quatre parties en conflit par sa solution rapide et judicieuse à ce problème épineux. Il ôta son manteau, l'étendit sur le sol, y plaça la pierre sacrée, invita un chef de chacune des quatre parties à s'avancer pour relever les quatre coins du manteau au niveau du mur. "Ils s'exécutèrent, et Mohammad poussa la Pierre Noire de ses propres mains vers sa place dans le mur, au coin sud-est de l'édifice, cinq pieds au-dessus du niveau du sol". (Madârij al-Nubuwwah; Rawdhat al-Ahbâb). I1 n'y a pas de doute que le fait que le jeune Mohammad ait été choisi pour arbitrer entre ses propres concitoyens des questions sacrées, malgré la présence de chefs âgés et vénérables, laisse entrevoir la main de la Providence et la Volonté Divine d'en faire l'Elu de Dieu pour être le prophète de son peuple. Bien que ce fait passât inaperçu parmi ce peuple, cette décision souligna le caractère de Mohammad pour son esprit prompt et pour sa détermination prudente, et rehaussa l'estime et le respect dont il jouissait parmi les membres des tribus. Je n'essaierai pas de décrire la Pierre Noire de la Ka`bah comme un aérolithe ou comme un ange transformé en pierre. Quelle qu'elle puisse être, il suffit de dire qu'elle avait été tenue pour sacrée par Ibrahim et Ismail, universellement reconnus comme des prophètes révérés, qui l'avaient fixée dans le sanctuaire de la Ka`bah, et qu'elle est considérée comme sacrée depuis lors. Les Retraites Spirituelles de Mohammad
L'environnement de recueillement de la Ka`bah et les cérémonies sacrées que les gens y accomplissaient avaient déjà profondément marqué l'esprit de Mohammad. Mais sa dernière expérience lui avait montré que les diverses formes d'adoration n'étaient que des bêtises ou du moins des rites simplement transmis de père en fils. Les gens n'étaient pas sincères dans leur adoration. I1 se sentit profondément affligé de leur irrespect et de leur négligence complète de leurs responsabilités devant le Tout Puissant Créateur et le Jour du Jugement. Les traditions lui indiquaient la pureté de la foi de leur ancêtre Ibrahim, et il se rendit compte donc combien cette dévotion pure était maintenant corrompue et érigée en idolâtrie grossière et en crimes atroces perpétrés dans le pays. Il avait grande envie de ramener l'humanité égarée vers le droit chemin et de faire revivre l'adoration du Tout Puissant Seigneur telle qu'avait été pratiquée à l'époque d'Ibrahim. En fait il avait toujours été un homme de réflexion et enclin aux méditations religieuses. Maintenant il se retirait avec ardeur dans le silence et la solitude pour prier et méditer. Pendant les heures de ses retraites solitaires dans le désert, que ce soit dans les ténèbres de la nuit ou sous la lumière éblouissante du jour, son attention était toujours fixée sur les preuves naturelles des étoiles scintillantes et des constellations brillantes, de la lune et du soleil glissant silencieusement tout au long du profond ciel bleu. Tous ces témoignages désignaient du doigt l'existence du Créateur, l'Administrateur Suprême. Ils semblaient le charger d'une mission spéciale. Une voix basse, qui ne passe jamais inaudible pour l'auditeur attentif, s'enflerait jusqu'à devenir majestueuse et prendre des tons plus impérieux, comme lorsque l'orage éclate avec son éclair en zigzag et son tonnerre grondant dans la vaste solitude des montagnes mecquoises. Le Lieu de Séjour favori de Mohammad
Le lieu de séjour favori de Mohammad était une grotte dans la Montagne de Hirâ, donnant sur la Ka`bah, à une distance d'environ cinq kilomètres au nord de la Mecque, où il se retirait fréquemment pour prier et méditer, et où il vivait tout seul, réservé et méditatif, pendant de longues périodes. II passait souvent des nuits entières dans cette grotte, absorbé par des pensées profondes, comme s'il était plongé dans une profonde communion avec l'Omniprésent Dieu de l'univers. Pendant les mois de Rajab et de Ramadhan, il avait l'habitude de passer tout son temps dans cette grotte obscure et entourée d'un environnement sauvage, se résignant totalement à la volonté du Tout Puissant et du Gouverneur Suprême et Juge de l'humanité. Enfin il eut des visions dans ses rêves où il entendit des voix d'une source invisible indiquant les traces de l'objet qu'il cherchait. Les conceptions du Très Haut se présentèrent à son esprit, exactement comme il l'espérait : une foi profonde et sérieuse en l'Omnipotent et l'Omniprésent Seigneur, le Seul Etre digne d'être adoré. Désormais, il était considéré par les membres de la famille et les proches parents, ainsi que dans le cercle d'amis et de connaissances, comme un homme très pieux et saint. Lorsqu'il eut trente-huit ans, il commença à être conscient d'une certaine lumière qui l'entourait pendant ses prières de dévotion.
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