Les Prêches publics et les persécutions Qoraychites



Mohammad Est Indirectement Attaqué

Mohammad continua à gagner du terrain, bien qu'à très petits pas. Quelques personnes, dont un membre des Omayyades en vue, 'Othmân fils de 'Affân, embrassèrent sa foi. Les Quraych, et notamment le clan des Omayyades qui vouait une vieille inimitié aux Hâchimites, s'en alarmèrent. Mais ils n'osaient pas s'attaquer franchement à Mohammad à cause de la protection d'Abû Tâlib. Lui nuire sérieusement les impliquerait nécessairement dans des conflits familiaux, risque qu'il ne fallait pas prendre à la légère. Aussi élaborèrent-ils un plan visant à mener un combat indirect mais efficace contre Mohammad, de l'intérieur même de sa famille. Abû Lahab - le seul Hâchimite opposé à Mohammad et l'ami intime des Omayyades, ayant épousé une sur d'Abû Sufiyân, leur chef - en accord avec sa femme, obligea ses deux fils 'Otbah et 'Otaybah à divorcer de leurs femmes respectives, Om Kulthûm et Roqayyah qui étaient les filles de Khadîdja - nées de son premier mari - et les belles-filles de Mohammad, et qu'ils avaient épousées longtemps avant que Mohammad ne se proclamât Prophète. Mohammad dut souffrir beaucoup de ces troubles familiaux. Mais Roqayyah ne tarda pas à se marier avec 'Othmân Ibn Affân et plus tard après sa mort, sa sur Om Kulthûm, se maria avec lui aussi.

Les Persécutions

Sans trop se soucier des affaires domestiques, le Prophète poursuivit sa mission avec plus de ferveur que jamais. Les Quraych commencèrent à réagir violemment à son action et à s'opposer vigoureusement à ses enseignements et innovations. Ils l'insultaient publiquement, jetaient de la poussière et de la saleté sur lui pendant qu'il priait, criaient à tue-tête, sifflaient ou chantaient des chansons frénétiques pour couvrir sa voix lorsqu'il prêchait. Mais à leur grande déconvenue ils ne purent le décourager. Ayant échoué dans leurs tentatives de réduire au silence Mohammad, par les mots, les menaces, les insultes et les attaques, ils essayèrent de le pacifier en lui faisant miroiter fortune, pouvoir, position ou mariage avec la plus belle femme. Mais il rejeta avec dédain toutes ces offres.

Violences contre les Adeptes de Mohammad

Constatant que tous leurs efforts avaient été vains, ils se mirent à utiliser la violence contre ses adeptes et à les traiter avec mépris. Les principales victimes de ces violences parmi ses adeptes furent ceux qui n'avaient aucune position indépendante ni aucun soutien familial pour les défendre. C'est sur eux que les Quraych vidaient leur colère. Ils étaient détenus et emprisonnés. Quelques-uns furent enfermés dans des cottes de mailles et allongés sur les sables arides sous le soleil brûlant de midi. La torture infligée par le métal chauffé par le soleil torride au-dessus d'eux et par le sable brûlant au-dessous, est difficilement descriptible. Les esclaves convertis des Quraych, qu'ils fussent hommes ou femmes, étaient traités impitoyablement par leurs maîtres qui les torturaient brutalement et les frappaient sauvagement. Par exemple, 'Omar Ibn al-Khattâb avait l'habitude de frapper son esclave, une femme, dénommée Lobaynah, jusqu'à ce qu'il fût fatigué lui-même.

Bilâl, l'Africain, un converti, esclave de Omayyah Ibn Khalf, fut torturé cruellement, exposé au grand soleil de midi, allongé sur le gravier brûlant de la vallée mecquoise. Lorsque le tourment était aggravé par une soif insupportable, on exigeait du malheureux supplicié de reconnaître les idoles de la Mecque; cependant Bilâl refusait d'abjurer, et du fond de son angoisse, il criait : «Ahad ! Ahad !» (Un, Un le Dieu Unique !). Mohammad (Que la paix soit sur lui et sur sa Famille), ayant appris son malheur, fut tellement apitoyé sur son sort qu'il décida de l'arracher aux tortures en le rachetant.

Yâcir et sa femme Somayyah, ayant refusé catégoriquement d'abjurer, furent torturés à mort par les Quraych. Somayyah avait été attachée à deux chameaux et cruellement transpercée par une lance. Leur fils, 'Ammâr, lorsqu'il fut torturé et forcé d'abjurer, ayant peur de partager le sort insoutenable de ses parents qu'il avait vu mourir de ses propres yeux, et désirant échapper à une mort certaine, finit par obéir aux exigences de ses tortionnaires, bien que son coeur ne s'accordât pas avec sa langue. Le Prophète ayant été informé que 'Ammâr avait renié la foi, dit que cela était impossible, car 'Ammâr était imprégné de foi, du sommet de la tête jusqu'à la plante des pieds, la foi étant fusionnée dans son sang et sa chair. Lorsque 'Ammâr réapparut devant lui, pleurant et poussant des cris de regret, le Prophète récita ces paroles du Coran: «Celui qui renie Dieu après avoir cru - sauf celui qui le fait par contrainte et dont le cur reste ferme dans la foi (...) la colère de Dieu est sur lui et un terrible châtiment l'atteindra». (Sourate Al-Nahl, 16: 106).

Il essuya les larmes sur le visage de 'Ammâr et le consola en lui disant : «Tu n'es pas coupable, s'ils t'y ont forcé».

L'Emigration en Abyssinie

Dans de telles circonstances, il n'était plus possible pour les adeptes de Mohammad de vivre en paix plus longtemps à la Mecque, et il n'était plus raisonnable pour lui de poursuivre ses prêches dans une ville où ses auditeurs risquaient d'être attaqués. Aussi conseilla-t-il à ses adeptes qui n'avaient pas de protection à la Mecque de chercher refuge et pays d'exil ailleurs. L'Abyssinie fut l'endroit proposé à cet effet, et accepté unanimement. Conformément à cette décision, un groupe de onze hommes et quatre femmes, dont Othmân et sa femme Roqayyah, fuirent vers ce pays au mois de Rajab de la cinquième année de la Mission (environ 615 ap. J. -C.). Ils furent reçus avec une bienveillance remarquée par Najâchî (le Négus), le Roi chrétien d'Ethiopie, qui embrassera lui-même l'Islam et deviendra un adepte de Mohammad un peu plus tard.

Encouragé par cet accueil aimable des réfugiés en Abyssinie, le Prophète permit à d'autres adeptes d'y émigrer pour avoir la vie sauve. Par conséquent, trente hommes et dix-huit femmes quittèrent la Mecque individuellement ou par petits groupes et se rendirent en Abyssinie. Ja'far Ibn Abî Tâlib les suivit avec cinquante autres personnes. Ainsi cent treize réfugiés arrivèrent sains et saufs en Abyssinie.

Une Délégation de Quraych en Abyssinie

Les Quraych se sentirent déjoués par la fuite des convertis en Abyssinie; aussi décidèrent-ils d'envoyer une délégation dirigée par 'Amr Ibn al-'Âç et 'Abdullah Ibn Omayyah, et munie de cadeaux coûteux au Roi d'Ethiopie. 'Amr et 'Abdullah se prosternèrent tout d'abord devant le Roi en signe de respect et ouvrirent ensuite leur mission par la présentation de leurs cadeaux de grande valeur. Puis ils expliquèrent au Roi que certains membres de leurs tribus, ayant adopté une nouvelle Foi qui leur enseignait de penser légèrement à propos de Jésus et de sa mère Marie, avaient abandonné leur véritable religion ancestrale et fui dans son pays. Ils le prièrent, au nom des Quraych - les nobles de la Mecque - de leur livrer les fuyards.

Le Roi était un homme juste. Il fit venir les Musulmans pour entendre leur défense à propos de l'accusation d'hérésie dont ils faisaient l'objet. Ils se présentèrent en un groupe dirigé par Ja'far, le frère de 'Ali, un des fils d'Abû Tâlib, et un cousin du Prophète Mohammad. Aucun membre de la délégation musulmane ne se prosterna devant le Roi, se contentant de le saluer à leur manière habituelle par la formule: «Assalâmu 'Alaykum». Le Roi n'en fut pas offusqué; il admira même leurs manières. Puis, il leur exposa les charges portées contre eux par leurs propres compatriotes.



back 1 2 3 4 5 6 next