Les Prêches publics et les persécutions Qoraychites



Ja'far, qui était un homme d'apparence noble, favorisé par une expression de visage et une éloquence persuasives, s'avança et exposa les croyances de l'Islam avec zèle et enthousiasme. Le Roi, qui était, comme nous l'avons déjà noté, un chrétien nestorien, trouva ces doctrines similaires à celles de sa propre religion et opposées au polythéisme des Quraych. Il manifesta son désir d'entendre Ja'far réciter quelques passages des Révélations faites au Prophète.

Ja'far récita quelques versets de la Sourate Mariyam qui touchèrent le Roi au coeur, au point qu'il ne put retenir ses larmes. Il était surtout heureux d'entendre Ja'far présenter ses arguments. Il s'ensuivit qu'au lieu de livrer les Musulmans aux membres de la délégation Quraychite, il leur octroya des faveurs bien supérieures à la protection dont ils jouissaient déjà. Il expulsa la délégation Quraychite de sa cour en lui rendant les cadeaux qu'elle lui avait apportés.

Le Prophète à Dâr al-Arqam

Après l'exil d'un nombre aussi grand que cent treize membres du petit groupe des adeptes du Prophète, la position de celui-ci s'affaiblit beaucoup à la Mecque. D'autre part les Quraych, ayant durement ressenti l'expulsion déshonorante de leurs envoyés à la Cour d'Abyssinie, décidèrent de se venger de Mohammad en persistant dans leurs tentatives de s'opposer à ses prêches avec plus de rigueur.

Mohammad décida donc de chercher refuge, en cette sixième année de sa Mission, dans la maison de l'un de ses adeptes, nommé al-Arqam, près du sanctuaire de la Ka'bah, où il put faire ses prières et ses enseignements paisiblement.

Un jour, pendant que le Prophète était assis à la porte de la maison, Abû Jahl, le chef de la grande et riche famille de Banî Makhzûm, passa à son niveau et proféra des mots grossiers à son encontre. Le Prophète fut très choqué, mais il ne prononça aucun mot de remontrance.

Une fille esclave de 'Abdullâh Ibn Jod'ân, qui vivait tout près, fut très mécontente de cette insulte gratuite de la part d'Abû Jahl. Peu après, elle raconta l'incident à Hamzah - un oncle du Prophète - qui passait par là pour regagner sa maison après une excursion de chasse. Hamzah, qui était un homme célèbre parmi les Arabes pour sa grande vaillance et sa chevalerie se sentit profondément affecté par ce traitement outrageux qu'Abû Jahl avait réservé à Mohammad. Aussi se rendit-il directement chez Abû Jahl, et après lui avoir fait des remontrances, il le frappa avec son arc, lui portant un coup sur la tête. Les partisans d'Abû Jahl se levèrent pour le venger, mais il les calma et dit à Hamzah sur un ton conciliant que s'il avait insulté Mohammad, c'était seulement parce qu'il vilipendait leurs dieux. Hamzah déclara alors qu'il méprisait lui-même ces dieux de pierre, et il défia Abû Jahl de faire quoi que ce soit contre lui. Et pour se proclamer publiquement protecteur de Mohammad, Hamzah prononça à haute voix la profession de Foi islamique : «Il n'y a pas de dieu, si ce n'est Le Vrai Dieu Unique; et Mohammad est Son Prophète». Sur ce, il se déclara Musulman. Dès lors il s'avéra être un Musulman ferme jusqu'à la fin de sa vie.

Ce fut là un très heureux événement pour Mohammad et pour les Musulmans, spécialement à ce moment critique où les choses tournaient si mal pour le petit groupe de Musulmans que l'adhésion d un tel notable à leur cause, adhésion qui constitua une vraie main secourable tendue par le Ciel.

'Omar Accepte la Mission de Tuer Mohammad

Ayant subi cette humiliation que lui avait infligée Hamzah, Abû Jahl décida de mettre un terme, une fois pour toutes, aux innovations contagieuses de Mohammad, et fixa une récompense de cent chameaux ou de mille onces d'or, payée comptant, pour la tête de Mohammad. 'Omar Ibn al-Khattâb, qui était aussi viscéralement hostile à Mohammad qu'Abû Jahl, son oncle maternel se proposa de gagner la prime de ce crime de sang. Il avait à l'époque trente-trois ans. Il prit donc son épée et se dirigea vers la maison d'al-Arqam.

En chemin, 'Omar rencontra Sa'd Ibn Abî al-Waqqâç à qui il lui fit par de son projet, ne sachant pas qu'il était un adepte de Mohammad. Sa'd le mit d'abord en garde contre le risque qu'il courait, puis il lui conseilla d'aller voir en premier lieu sa propre sur et son mari qui étaient déjà des adeptes de Mohammad. 'Omar, se rendant compte de la sagesse de cet avertissement, se tourna vers la maison de sa sur, où il entendit un cours d'enseignement du Coran dispensé par un Khabbâb à sa sur Âminah, et à Sa'îd Ibn Zayd, son mari. Il entra brusquement dans la maison fonça tout droit sur Sa'îd, engagea un corps à corps avec lui, et le jetant à terre où il tomba sur le dos, il s'assit sur sa poitrine. Là, sa sur intervint. Elle reçut à son tour une claque qui la fit saigner, mais dans un accès de colère elle cria. «Ô fils de Khattâb! Fais ce que tu voudras ! J'ai vraiment changé de Foi», et elle avoua qu'ils étaient tous deux - elle et son mari sans aucun doute Musulmans.

La Conversion de 'Omar

Ayant honte de l'avoir acculée à une telle effronterie, 'Omar s'écarta et lui demanda de réciter ce qu'elle apprenait. Elle récita les versets avec une solennité qui affecta le fond de son coeur. Le passage qu'elle lui avait récité était les quatorze premiers versets de la Sourate Tâhâ.



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