Les Prêches publics et les persécutions Qoraychites



'Omar fut stupéfait par la langue, qui avait un effet surnaturel auquel il ne put résister lui-même. A la fin, il leur demanda à tous les deux de le conduire à Mohammad. Khabbâb qui s'était caché dans la maison en voyant 'Omar foncer vers eux, sortit alors de sa cachette. Ils amenèrent tous les trois 'Omar à la maison d'al-Arqam où il croisa Hamzah à la porte. Il fut conduit auprès du Prophète. 'Omar était si intimidé qu'il frémissait devant le Prophète qui le tint par la main et dit : «Ô Omar ! Veux-tu continuer jusqu'à ce que Dieu envoie sur toi une calamité et un châtiment comme IL l'a fait avec al-Walîd Ibn Moghîrah?», et il l'appela à l'Islam, qu'il accepta tout de suite en prononçant sa Profession de Foi (les Chahadatayn). La conversion de 'Omar eut lieu seulement trois jours après que Hamzah se fut proclamé Musulman, la sixième année de la Mission.

La Délégation de Quraych auprès d'Abû Tâlib

Après la conversion de Harnzah et de 'Omar, le Prophète prit deux fois le risque de faire ses prières avec ses adeptes publiquement à la Ka'bah, et la nécessité de tenir les rassemblements religieux dans le secret, notamment chez al-Arqam, ne s'imposait plus. Il réapparut donc publiquement pour prêcher, et l'Islam faisait des progrès sûrs parmi les différentes tribus arabes. Cela ne manquait pas de faire enrager plus que jamais les Quraych. Désormais, ils changèrent de tactique et pensèrent qu'il était plus sage de s'approcher d'Abû Tâlib, l'oncle et le protecteur du Prophète, et le chef de sa famille. Ils le prièrent chaleureusement d'imposer silence à Mohammad, et en cas d'insuccès, de lui retirer sa protection. Abû Tâlib les calma d'une manière ou d'une autre, mais sans toutefois informer Mohammad de leurs exigences. Mohammad continua donc à accomplir son travail selon sa manière habituelle.

Les Quraych se contentèrent d'observer pendant un certain temps, mais à la longue, n'ayant constaté aucun changement dans l'attitude de Mohammad, ils perdirent patience. Ils se rendirent de nouveau, en groupe, chez Abû Tâlib, et lui demandèrent, sur un ton menaçant, ou bien de convaincre son neveu de s'abstenir d'attaquer leurs dieux, ou bien de le laisser seul. Abû Tâlib convoqua alors son neveu et lui fit part de tout ce dont les Quraych le chargeaient. Il lui suggéra de modérer ses attaques contre les Quraych afin d'éviter un conflit familial.

Mohammad mit en avant ses convictions avec force et dit fièrement qu'il ne se permettrait pas de désobéir aux Commandements de Dieu, et qu'il était décidé à les appliquer jusqu'aux derniers moments de sa vie: «Même s'ils mettaient le soleil dans ma main droite et la lune dans ma main gauche, dit-il, pour me faire abdiquer ma tâche, je ne le ferais pas, et ce jusqu'à ce que Dieu la couronne de succès, ou que je me sacrifie pour elle» ("Abul-Fidâ'").

Mohammad pensa que son oncle voulait lui retirer sa protection pour éviter un conflit familial. Aussi lui dit-il qu'il ne comptait que sur la protection et d'aide de Dieu, le Tout-Puissant, même si son oncle n'était pas désireux de continuer de se charger de la défendre.

Ayant dit cela, Mohammad se tourna pour s'en aller, le coeur serré, mais Abû Tâlib le retint, et sans plus discuter, lui promit de s'élever lui-même contre tous ses ennemis et de le défendre jusqu'à sa mort contre toutes les agressions. Abû Tâlib crut lui-même aux convictions de son neveu, et en conséquence il fit comprendre aux Mecquois que son neveu était réellement un Messager de Dieu et que pour cela, ils devraient le considérer comme leur dirigeant et guide spirituel.

Avec cette réponse froide d'Abû Tâlib, les Mecquois ne savaient plus quoi faire contre Mohammad et ses adeptes. Abû Sufiyân, le chef des Omayyades, saisit l'occasion pour jeter le discrédit non seulement sur Mohammad ou sur tel ou tel de ses proches parents qui avaient épousé sa Foi, mais sur toute la lignée de Hâchim qui, bien que ne partageant pas ses croyances, le protégeait par solidarité clanique.

Evidemment l'hostilité d'Abû Sufiyân n'était pas suscitée simplement par sa haine personnelle ou par ses scrupules religieux, mais par rivalité familiale. II avait l'ambition de transférer à sa propre famille les honneurs de la cité, si longtemps accaparés par les Hachimites. (W. Ivring, "Life of Mohammad", p. 56). D'après les témoignages historiques disponibles c'est à cette époque-là que l'opposition à la propagation de la Foi de Mohammad atteignit son paroxysme.

L'Interdiction et la Mise au Ban

Poussés par Abû Sufiyân, les chefs des différentes familles décidèrent de former une ligue pour couper tous contacts avec Mohammad, ses adeptes et les Hâchimites qui avaient refusé de se séparer de Mohammad. Ils prirent l'engagement solennel de n'avoir aucune sorte de relation commerciale avec eux - ne rien leur acheter et ne rien leur vendre - et de ne contracter aucune alliance matrimoniale avec eux. La septième année de la Mission (environ 616 ap. J. -C.) cette Convention fut rédigée, signée et scellée. Et pour lui conférer une valeur solennelle, elle fut conservée dans la Ka'bah.

Abû Tâlib amena alors Mohammad à son logement connu sous la dénomination de Chi'b Abî Tâlib. Les Hâchimites soumis eux aussi au boycottage à cause de Mohammad, se retirèrent au même endroit. L'un d'entre eux seulement, Abû Lahab, s'en sépara et fit cause commune avec les Mecquois.



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