L'arrivée et l'installation du Prophète à Médine



L'arrivée et l'installation du Prophète à Médine

L'arrivée à Qobâ

Mohammad arriva à Qobâ, dans la banlieue de Médine, à environ trois kilomètres de la ville, le lundi 12 Rabî ` al-Awwal, à la fin de la treizième année de sa Mission, et de la cinquante troisième année de sa vie. C'était une localité située dans une vallée fertile et célèbre pour ses vergers et ses jardins d'arbres fruitiers. Son chameau s'assit de son propre gré dans un lieu dit Al-Taqwâ, où le Prophète descendit pour s'installer dans la maison de Kulthfim B. Hadam ou Sa`d B. Kathimah. Abû Bakr continua sa route vers Médine et s'installa chez Khabib B. Osaf ou Zayd B. Kharjah, à Sonh, une autre banlieue de Médine. Le Prophète fit halte pendant quatre jours à Qobâ pour se reposer après avoir effectué un long voyage de plus de quatre cents kilomètres, fatiguant et plein d'anxiété.

Boraydah B. al-Hocîb

A Qobâ, Boraydah et soixante-dix de ses partisans, venus de la Mecque à la poursuite du Prophète, étaient arrivés avant lui. A leur arrivée, ils avaient tous embrassé l'Islam. Le Prophète se réjouit de ce premier signe de succès alors qu'il posait à peine le pied dans la banlieue de Médine.

Salmân al-Fârecî

Vint ensuite Salmân, un vénérable vieillard, un commerçant d'origine persane et de confession chrétienne, mais à présent l'esclave d'un Juif de Médine. Il attendait avec anxiété le Prophète promis dans les Ecritures, et se présentant devant lui, il l'identifia comme étant le Prophète Promis et embrassa sans hésitation sa Foi. ("Salmân al-Fârecî (Salman le Perse) était originaire d'une bonne famille d'Isfahan, et il avait abjuré, lorsqu'il était jeune, la religion de son pays pour embrasser le Christianisme. Alors qu'il voyageait en Syrie un moine d'Amoria lui avait conseillé d'aller en Arabie où on attendait l'apparition d'un Prophète qui devrait rétablir la religion d'Ibrahim, et qu'il pourrait reconnaître au Sceau de Prophétie, entre ses épaules, entre autres choses. Alors qu'il effectuait ce voyage, il rencontra Mohammad à Qobâ - où il se reposait pendant son voyage en direction de Médine, et reconnaissant en lui la personne qu'il cherchait, il se convertit tout de suite à l'Islam").

Le Ravitaillement dans la Grotte

Le frère et lieutenant du Prophète, `Ali, qu'il avait laissé derrière lui pour restituer à leurs propriétaires les biens qu'on lui avait confiés, parvint à faire parvenir de la nourriture au réfugié et à son compagnon dans la grotte, étant donné qu'aucun autre ne pouvait, naturellement, être mis dans le secret de la cachette du Prophète sans mettre en péril sa vie précieuse. Il y a aussi une autre version de l'histoire de l'approvisionnement du Prophète en nourriture. D'aucuns maintiennent qu'une certaine dame s'occupait de fournir des provisions aux réfugiés dans la grotte. Mais le bon sens refuse de croire qu'une femme (une fille de treize ou quatorze ans, probablement non mariée) ait pu oser traverser une région montagneuse sauvage (aller-retour) toute seule et sans protection, de nuit, pour apporter la nourriture au nez même des éclaireurs Quraychites, surtout lorsqu'on connaît les conditions naturelles qui entouraient la grotte, qui était à une distance d'une heure et demie de course d'homme, et située sur le sommet d'une montagne qu'on ne pouvait atteindre qu'en traversant des chemins abrupts et en zigzag. `Ali était donc le seul homme à convenir (âgé alors de vingt-trois ans, et étant le confident du Prophète) à l'accomplissement de cette tâche, et aussi à celle de fournir au fugitif et à son compagnon un moyen de transport et un guide digne de confiance pour assurer leur fuite à Médine.

Ali à Qobâ

Après s'être acquitté d'une façon satisfaisante des responsabilités dont il avait été chargé, et ayant pris les dispositions nécessaires pour le départ sans danger des membres de la famille du Prophète à Médine, `Ali se hâta en direction de cette ville, voyageant seulement de nuit et se cachant pendant le jour, pour éviter de tomber entre les mains des Quraych qui l'avaient maltraité sérieusement après la disparition du Prophète. Il arriva à Qobâ trois jours après le Prophète, les pieds grièvement blessés et saignants. Le Prophète, ravi de le voir, le reçut à bras ouverts, et le trouvant fatigué et exténué il eut les larmes aux yeux, preuve de son affection pour lui. Puis il appliqua sa salive avec sa main sur les blessures des pieds de `Ali et pria pour lui. L'effet bénéfique s'en fit sentir immédiatement. "Quand le Prophète s'apprêta à fuir à Médine, il ordonna à `Ali de rester derrière lui à la Mecque pendant quelques jours pour le décharger de certaines responsabilités qui lui incombaient et restituer certains biens qui lui avaient été confiés, et de le rejoindre par la suite, avec sa famille. `Ali exécuta les ordres du Prophète et il fut présent par la suite à ses côtés à Badr, à Ohod et lors de toutes les autres expéditions, à l'exception de la campagne de Tabûk, car le Prophète d'Allah l'avait nommé son lieutenant à Médine" (Traduction anglaise d'Al-suygtî’s His : Cal. p.l71).

La Fondation d'un Masdjid à Qobâ

Les convertis de Qobâ firent part au Prophète de leur désir de le voir poser pour eux la pierre de fondation d'un masdjid. Le Prophète demanda à ses compagnons de monter sur son chameau et de faire un tour. Abû Bakr et `Omar, qui étaient parmi les compagnons - les visiteurs venus de Médine montèrent l'un après l'autre sur le chameau, mais celui-ci refusa de bouger. Puis le Prophète demanda à `Ali, son lieutenant, d'essayer à son tour. Dès qu'il mit le pied sur l'étrier, le chameau se mit debout, et le Prophète demanda à `Ali de le laisser marcher à sa guise sans le guider. `Ali lâcha les rênes et le chameau fit un tour sur une petite parcelle de terrain, et revenant à son point de départ, il s'agenouilla. Le Prophète marqua le site, et fixant la position de la Qiblah, il posa la pierre de fondation du masdjid à construire là. (On trouve l'évocation de ce masdjid par le Coran dans la sourate al-Tawbah, verset 109, dernière partie)

La nouvelle de l'arrivée du Prophète se répandit dans des régions vastes et lointaines. Les prosélytes de Médine, ayant appris la date de son entrée solennelle dans leur ville, et mus par le sens de leur devoir de faire preuve de profonde révérence pour lui, accoururent à sa rencontre pour lui réserver un accueil convenable. Le 16 Rabî` al-Awwal, le Prophète quitta Qobâ un peu avant minuit. Boraydah B. Al-Hocîb et les soixante-dix de ses partisans formèrent la procession de tête du cortège, portant en guise d’étendard sa lance au bout supérieur de laquelle fut attachée un morceau de son turban.

Comme c'était un vendredi, le Prophète fit halte à Ranawna, un endroit à mi-chemin entre Qobâ et Médine pour y faire la Prière du Vendredi, suivie d'un sermon à l'intention des Musulmans présents pour l'occasion. Cette Prière du Vendredi suivie du sermon, qui était la première du genre, devint désormais une tradition, et le Vendredi un jour de congé pour toujours. La plupart des convertis médinois, et presque tous les Musulmans mecquois qui avaient émigré à Médine, vinrent à cet endroit pour accueillir le Prophète et le suivirent dans la Prière.

L'entrée du Prophète à Médine

Quand le Prophète se mit en route vers Médine après la prière, le spectacle de son départ, avec sa solennité, paraissait vraiment grandiose. On aurait cru voir une procession triomphale conduite par un monarque. La grandeur majestueuse du cortège devint plus remarquable lorsqu'il s'approcha de la ville où des milliers de personnes s'étaient rassemblées pour voir le grand Prophète de l'Islam, qui n'était autre que ce même Mohammad (Que le salut soit sur lui et sur ses saints descendants) qui avait été banni de sa chère maison par ses propres concitoyens, non sans l'avoir soumis tout d'abord aux plus durs persécutions pour mettre ensuite sa tête à prix, et qui avait échappé à la mort, à peine une quinzaine de jours auparavant. Mais les persécutions poussées jusqu'à l'extrême, au lieu de stopper le cours naturel des choses, le précipitent généralement. Cela est encore plus vrai lorsqu'il s'agit de la propagation religieuse. Tel fut le cas avec Mohammad lorsqu'il entra à Médine comme un Monarque Spirituel qui faisait vibrer les cœurs des Musulmans et des non Musulmans. L'histoire du monde ne connaît pas un exemple plus grand du triomphe de la vérité.

Avant l'établissement du Prophète à Médine, cette ville s'appelait Yathrib. Après son installation, elle prit le nom de "La Ville du Prophète" ou "Madinat al-Monawwarah (La Ville illuminée) car une brume surplombant la ville frappe l’œil du pèlerin musulman lorsqu'il y arrive. Chaque tribu par laquelle il passait exprimait son désir d'être honorée par sa présence, et le priait d’habiter chez elle. Le fugitif, refusant toutes ces offres, disait que le chameau sur le dos duquel il se trouvait était bien inspiré et qu’il l'amènerait là où il conviendrait. Le chameau continua à se diriger vers le quartier de l'est pour s'agenouiller dans la cour ouverte des Bani Najjâr, près de la maison de Khâlid Ibn Zayd, connu dans l'histoire sous le nom d'Abû Ayyûb al-Ançâri, le chef de la famille de Banî Najjâr à l’époque - famille à laquelle avait appartenu Salma, la mère du grand-père de Mohammad, `Abdul-Muttalib. Il était ravi d'être le bienheureux qui eut l'honneur de la présence du Prophète chez lui. Mohammad prit donc sa maison comme résidence temporaire pendant environ sept mois, jusqu’à ce qu’un masdjid et des maisons convenables pour lui-même fussent construits dans la cour où le chameau s’était arrêté.



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