L'arrivée et l'installation du Prophète à Médine



Les Musulmans devinrent compatissants et bien intentionnés les uns envers les autres après l'établissement de la fraternité entre eux par groupes de deux personnes. Ils étaient si enthousiastes dans leur foi qu'ils devinrent indifférents à tout ce qui était considéré comme sacré avant l'Islam ou en dehors de lui. Finalement, ils étaient animés d'un étrange esprit de solidarité quant à leur adhésion au Prophète, et de cohésion, quant à leur volonté de rester ensemble. Gibbon décrit cet état de choses dans les termes suivants : "Pour détruire les germes de la jalousie, Mohammad coupla judicieusement ses principaux adeptes par les droits et les obligations de la fraternité; et alors que `Ali se trouvait sans pair, le Prophète déclara qu'il serait le compagnons et le frère du jeune noble. L'expédient fut couronné de succès, la fraternité sacrée était respectée en temps de guerre comme en temps de paix, et les deux parties rivalisaient l'une avec l'autre dans une émulation généreuse de courage et de fidélité". (W. Smith's p. 460)

Le décret de la fraternité est exprimé de la façon suivante dans le Coran : "Ceux qui ont cru, ceux qui ont émigré et ceux qui ont combattu - avec leurs biens et leur vie - dans le chemin de Dieu, et ceux qui ont offert l'hospitalité aux croyants et qui les ont secourus, seront proches parents les uns des autres" (Sourate al-Anfâl, 8 :72)

Conformément à ce décret, chacune des deux personnes entre lesquelles la fraternité avait été établie jouit du droit d'hériter de l'autre, jusqu'à la révélation du verset suivant après la Bataille de Badr: "Le Prophète est plus proche parent des croyants qu'ils ne le sont d'eux-mêmes; et ses épouses sont leurs mères; mais selon le Livre de Dieu, ceux qui sont liés par un lien de sang sont plus proches (parents) les uns des autres que des autres croyants et émigrés" (Sourate al-Ahzâb, 33:6). (L'abrogation du droit d'héritage du premier verset par celui du second ne prive pas `Ali du droit d'hériter du Prophète, étant donné qu'ils sont également liés par un lien de sang.)

Les Hypocrites

Malgré tout ceci, des sentiments d'antipathie existaient chez un nombre considérable de membres de la Communauté. Ibn Obay - `Abdullâh Ibn Obay al-Salfil - un homme riche et puissant qui avait une grande influence sur la tribu de Khazraj, était jaloux de Mohammad qui était arrivé à un moment où lui-même rêvait de se faire couronner roi de Médine. Lui et ses partisans affectaient le plus grand respect pour le Prophète, mais dans leur for intérieur ils étaient très indisposés à son égard. Toutefois, ils ne pouvaient pas entreprendre ouvertement une action hostile contre lui par manque d'une opinion tranchée et d'une force suffisante. Ces hommes étaient surnommés "Munâfiqînes" ou "Hypocrites".

L'Appel à la Prière

Au cours de la deuxième année de l'Emigration, un appel à la prière, tel que l'avait communiqué au Prophète l'ange Gabriel, fut introduit; et Bilâl l'Africain fut désigné pour appeler les Musulmans, avec sa voix puissante et agréablement mélodieuse, à chacune des prières quotidiennes.

La Ka`bah comme Qiblah

Au début les Musulmans ne tournaient leur face vers aucun lieu ou direction particulier lorsqu'ils faisaient leurs prières. A Médine, le Prophète leur ordonna de se tourner vers Jérusalem qui devint leur Qiblah jusqu'à la mi-Chabhân de la deuxième année de l'Emigration. A cette époque, alors qu'il était en train d'accomplir sa prière de midi, il reçut d'Allâh l'ordre de commander à ses adeptes de tourner leur face vers la Ka`bah, à la Mecque (Sourate al-Baqarah, versets l39, 140).

Depuis lors la Ka`bah est observée strictement comme la Qiblah vers laquelle les Musulmans se tournent pour prier et pour se prosterner jusqu'à ce que leur front touche le sol en signe d'humilité et de soumission au Tout-Puissant Seigneur, le Créateur de tous les êtres.

Le Jeûne de Ramadhân

L'observance obligatoire du jeûne au mois de Ramadhân fut aussi décrétée à peu près à la même époque (voir versets 179-181 de la Sourate al-Baqarah).

Le Prophète occupa la première année et demie suivant l'Emigration à Médine, à l'installation, au rétablissement de la paix et de l'ordre parmi les citoyens, à la restauration de la Loi et de la Justice, à la consolidation de sa force, tout en s'occupant de ses fonctions religieuses et de la réglementation de l'observance des prières, du jeûne et des aumônes par les Musulmans, ainsi que de leur adoration du Seigneur Suprême, ce qui était le but principal de sa vie.

Le Mariage de Fâtimah

Les fiançailles de Fâtimah, la fille unique du Prophète, avec son cousin et fidèle disciple, `Ali, eurent lieu au mois de Ramadhân de l'an 2 de l'Hégire, mais les cérémonies nuptiales furent organisées deux mois plus tard, au mois de Thilhaj. Cette alliance avait été ordonnée, suivant une révélation faite au Prophète, (comme celui-ci l'affirma à sa fille), Fâtimah, par Dieu Qui l'avait informé qu'IL avait élu parmi les plus nobles créatures de la terre deux hommes bénis - l'un étant lui-même (Mohammad, le Père de Fâtimah) et l'autre, `Ali (son mari) - et qu'IL avait décrété que ses descendants (du Prophète) en ligne directe seraient issus du couple (`Ali et Fâtimah) et non directement de lui-même (du Prophète).

Les cérémonies de mariage de la fille unique de Mohammad montrent bien la simplicité idéale dans laquelle elles furent organisées. Le festin de mariage consista en dates et olives, la couche était une peau de mouton, les ornements, les effets généraux et les articles de ménage pour la fiancée, consistaient en tout et pour tout en une paire de bracelets en argent, deux chemises, une toilette, un oreiller de cuir bourré, de feuilles de palmier, un moulin à grains, une tasse à boisson, deux grands récipients et une cruche. C'était tout, et cela concordait avec la situation du Prophète Mohammad et de son gendre `Ali, qui dut vendre sa cotte de mailles pour se procurer le prix de la dot qu'il avait à offrir.

La véritable grandeur de ce mariage ne réside pas dans l'ostentation, mais dans les bénédictions du Ciel pour lequel ce mariage est le plus mémorable dans les annales de l'Islam. Le couple - lié dans une alliance matrimoniale par Dieu - était destiné à être l'origine d'une progéniture illustre qu'on appelle les fils du Prophète, qui sont distingués des autres membres de la Ummah par leur titre d'Imam ou de Commandeur des croyants, et par leur position de successeurs du Prophète de Dieu. Ils sont universellement reconnus par les Musulmans comme étant la source de la piété et de la sagesse. Al-Hassan et al-Hussayn, les fils de ce couple béni, jouaient dans le giron du Prophète qui les montrait fièrement du haut de sa chaire en les appelant : les deux Maîtres de la Jeunesse du Paradis. Les parents eux-mêmes étaient exaltés, tout comme leurs enfants, par le Prophète qui disait : "Je suis la cité du Savoir, `Ali en est la porte". Ainsi, `Ali qui prouva à maintes occasions qu'il était un héros vaillant, acquit le mérite d'être surnommé "Le Lion dÂllâh". Quant à Fâtimah, qui pôlarisait l'amour et la confiance du Prophète, elle fut rangée parmi les quatre nobles dames "à la foi parfaite" par lesquelles Dieu daigna bénir cette terre, et qui sont : Âsya (Âsya, la fille de Mozâhem. Les commentateurs relatent que c'est parce qu'elle avait cru à Mûsâ que son mari la tortura cruellement, attachant ses mains et ses pieds à quatre poteaux et posant une grande meule sur sa poitrine et son visage tout en l'exposant en même temps aux rayons brûlants du soleil. Toutes ces peines furent toutefois soulagées par les anges qui la couvraient de l'ombre de leurs ailes, et par la vision du Château préparé pour elle au Paradis, lorsqu'elle prononçait la prière. A la fin Dieu reçut son âme, ou comme le disent certains, elle fut transférée vivante au Paradis où elle mange et boit toujours. (D'après : Jalâluddîn-al-Zamakh-charî), la femme du Pharaon, Maryam, la mère de Isâ, Khadîjah, la femme de Mohammad, et Fâtimah, la femme de Ali.

 



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