Des ambassades dans les pays étrangers, et d'autres événements



Des ambassades dans les pays étrangers, et d'autres événements

Des Pays Etrangers appelés à l'Islam

Avec la conclusion du Traité de Hudaybiyyah, le Prophète se débarrassa de tous les ennuis venant des Mecquois. Désormais il était en mesure de diriger son attention vers un prêche plus étendu de sa Religion pour accomplir ainsi le principal objectif de sa Mission Divine. Aussi décida-t-il d'inviter les Etats et Empires voisins à la Foi Divine en leur envoyant des Ambassadeurs munis d'une missive de sa part. Et étant donné que les missives n'étaient reconnues par les cours étrangères que si elles étaient validées par un sceau, le Prophète se fit faire vers la fin de la sixième année de l'Emigration un anneau d'argent sur lequel étaient gravés les mots suivants: "Mohammad, le Messager de Dieu". Des lettres furent écrites et scellées, et au début de la septième année, au mois de Moharrem, six ambassadeurs furent dépêchés simultanément à : Najjachi le roi d Ethiopie; Yamama; Khosrô, le monarque de Perse; César, l'Empereur romain; la Syrie et l'Egypte. Les messagers choisis pour convoyer les missives connaissaient la langue des pays auxquels ils étaient destinés respectivement.

`Amr Ibn Omayyah fut envoyé en Abyssinie avec deux missives dont l'une invitait le roi d'Ethiopie à la Religion Divine, et l'autre, faisait état du désir du Prophète que les émigrés restant encore en Ethiopie, puissent retourner à présent à Médine, ainsi que d'une requête singulière dans laquelle le Prophète demandait au Roi de le fiancer à Om Habîbah, la veuve de `Obaydullâh qui avait émigré en Ethiopie et qui y mourut plus tard. Le Roi reçut l'ambassadeur avec la plus grande hospitalité et répondit à la première missive par des propos laissant comprendre un humble acquiescement, donnant l'assurance qu'il avait d'ores et déjà embrassé l'Islam et exprimant son regret de ne pas être présent pour pouvoir recevoir personnellement les bénédictions du Prophète. Conformément à la requête exprimée dans l'autre missive, le Roi accomplit la cérémonie des fiançailles d'Om Habîbah et prépara deux bateaux pour le retour des émigrés conduits par Ja`far. Les deux bateaux arrivèrent au port de Médine en automne, au mois de Jumâdi-I de l'an 7 de l'hégire, soit en aoflt 628 A. J.-C.

Salit Ibn `Amr fut envoyé à Yamama avec une missive à Hauza, le Chef chrétien de Banî Hanîfah, qui reçut l'ambassadeur cordialement et fit l'éloge du Prophète. Mais par la suite, il congédia le messager en lui répondant qu'il n'était prêt à suivre le Prophète que s'il faisait de lui un partenaire dans ses privilèges, car, ajouta-t-il, il jouissait déjà de révérence en tant que seigneur et orateur de son peuple, du fait qu'il était un poète éloquent de sa tribu.

`Abdullah Ibn Hothâfah porta la missive en Perse. Lorsqu'elle fut délivrée au Roi Khosrô, il la déchira en petits morceaux. Le messager retourna auprès du Prophète et lui fit son rapport. Le Prophète pria : "Ô mon Dieu ! Déchire de la même façon son royaume". (Le vœu du Prophète sera exaucé quelques années plus tard, lorsque les dominions perses se trouvèrent entièrement déchirés). Khosrô envoya des ordres à son gouverneur du Yémen pour qu'il ramène le Prophète à la raison ou qu'il l'envoie enchaîné à la Cour Royale. Bazhan, le gouverneur perse du Yémen, envoya une missive courtoise au Prophète, lequel en la recevant sourit et invita l'ambassadeur à l'Islam en l'informant que Khosrô n'était plus de ce monde et que la nuit dernière il avait été poignardé par son fils, l'héritier présomptif. Il lui ordonna ensuite de retourner pour rapporter à son maître la nouvelle et lui demander d'offrir sa soumission auprès du Gouverneur du Yémen et de lui faire son rapport. Bazhan avait entre-temps reçu une missive du nouvel Empereur. Convaincu par la prophétie ou animé par des motifs d'intérêt personnel, toujours est-il, qu'il signifia son adhésion au Prophète, embrassa l'Islam et dénonça l'autorité de l'Empereur perse.

Dehya Kalbi qui avait été envoyé à l'Empereur Héraclius, le monarque chrétien de l'Empire romain fut reçu d'une façon respectable. L'empereur sembla bien disposé envers la nouvelle Foi, mais après avoir écouté les opinions de ses courtisans qui étaient indifférents à cette Foi, il congédia l'ambassadeur en le chargeant de quelques cadeaux précieux pour le Prophète.

Chuja Ibn Wahab fut envoyé en Syrie muni d'une lettre invitant Hârith VII, Prince de Banî Ghassân à l'Islam. Celui-ci fut très irrité par le contenu de la lettre qu'il fit parvenir à l'Empereur Héraclius en lui demandant la permission d'envoyer une expédition pour en châtier l'auteur. Le messager du Prophète fut détenu dans l'attente de la réponse de l'Empereur. Celui-ci, n'ayant pas approuvé la suggestion du Prince, Hârith éconduit le messager après lui avoir offert des cadeaux. Lorsque le Prophète apprit l'attitude de Hârith, il prédit la perte de son royaume. Peu après, Hârith mourut.

Habîb Ibn Abi Balta`ah fut envoyé comme ambassadeur à Alexandrie, le siège du Gouvernement d'Egypte à l'époque. Le vice-roi romain, Maqawqas le reçut très respectueusement, lut la lettre dont il était chargé, et y répondit en promettant d'en prendre note. Il écrivit notamment qu'il savait qu'un Prophète devait déjà être envoyé, mais qu'il attendait son apparition en Syrie. Pour concrétiser ses sentiments respectueux envers le Prophète, il chargea son messager de beaucoup de cadeaux, dont deux belles-sœurs coptes (race à laquelle appartenait Moqawqas lui-même). L'une d'elles s'appelait Marya et eut l'honneur d'épouser le Prophète, et l'autre, Sirîne, fut offerte au poète Hassan. De même une mule blanche, chose très rare en Arabie à l'époque, figurait également parmi les cadeaux. On l'appelait Duldul. Elle fut utilisée par le Prophète, et après sa mort, par son petit-fils al-Hussayn.

Les Causes de la Campagne de Khaybar

Depuis l'Emigration du Prophète, les Juifs, comme nous l'avons déjà dit, étaient jaloux de son pouvoir et de son autorité sans cesse grandissante, et lui causaient par conséquent beaucoup de problèmes, ce qui l'avait poussé à les expulser. Un certain nombre des Juifs de Banî Nadhîr qui avaient été expulsés de Médine s'établirent parmi leurs frères à Khaybar, situé à environ cent cinquante kilomètres au nord-est de Médine. Ils nouèrent des alliances avec beaucoup de tribus bédouines puissantes qu'ils excitèrent, comme les Quraych de la Mecque, contre le Prophète, et ils avaient assiégé vers la fin de l'avant-dernière année Médine.

Après leur retrait, leur chef, Abul-Haqîq, qui avait joué un rôle prédominant avec Hoyay Ibn Akhtab dans le siège de Médine, incita les Banî Fozârah et d'autres tribus bédouines à attaquer les propriétés des citoyens paisibles de Médine. Au mois de Rabî`-I de la sixième année de l'Emigration, `Oyaynah, le chef des Banî Fozârah, tombant sur une troupe de chamelles laitières du Prophète, les enleva, tua le gardien et emmena sa femme comme prisonnière. Au mois de Rabî`-II de la même année, les Banî Ghatafân, eux aussi, s étaient rassemblés dans l'intention d'enlever dans les pâturages les chameaux appartenant à Médine. Les Musulmans envoyèrent Mohammad Ibn Maslamah avec dix hommes pour contrecarrer leur projet. Mais tous ses compagnons furent tués et il était lui-même si grièvement blessé qu'on le laisse pour mort, ce qui lui permit de fuir par la suite. Au mois de Ramadhan, Abul-Haqîq rendit l'âme. Son successeur, `Osayr Ibn Zarim et les Banî Ghatafân, les bédouins alliés des Juifs de Khaybar projetèrent au mois de Chawwâl de nouveaux mouvements contre le Prophète et ses partisans.

Expédition contre les Juifs de Khaybar

En vertu du Traité de Hudaybiyyah, les Mecquois, qui étaient les plus grands ennemis du Prophète et les plus puissants alliés des Juifs, ne pouvaient plus assister ces derniers dans leurs hostilités contre le Prophète. La Providence fournit ainsi à l'Apôtre du Seigneur une bonne occasion de mettre fin une fois pour toutes aux difficultés que les Juifs de Khaybar ne cessaient de lui causer. Aussi, au mois de Moharrem de l'an 7 H. organisa-t-il une expédition forte de mille six cents hommes contre eux. Arrivé à Sahba, il trouva plusieurs chemins conduisant vers des directions différentes. Enfin, l'armée ayant engagé un guide, se dirigea vers Khaybar, marchant la nuit et se reposant le jour. Sur son chemin, elle croisa un homme suspect qui ne tarda pas à avouer qu'il était un espion. Contre la promesse d'avoir la vie sauve, celui-ci informa les combattants musulmans que les Juifs étaient déjà au courant de l'intention du Prophète de ne pas laisser impunies les actions criminelles qui avaient été perpétrées contre ses hommes, et qu'ils avaient demandé le secours de leurs alliés bédouins de chez lesquels `Oyaynah était déjà arrivé, et qu'ils attendaient bientôt l'arrivée des Banî Ghatafân. Lorsque le Prophète fut arrivé à Raji`, un lieu situé entre Khaybar et les campements des Banî Ghatafân, il ordonna qu'on y fasse halte. Les Banî Ghatafân qui s'étaient déjà apprêtés à sortir pour porter secours à leurs alliés à Khaybar, décidèrent de rester sur place, constatant que leurs propres familles étaient exposées au danger (Al-Tabarî). Laissant un contingent à Rajî`, le Prophète poursuivit sa progression et surprit les Juifs de Khaybar à leurs portes, t8t le matin. Il était à la tête d'une force de quatorze cents hommes, dont environ deux cents cavaliers. Les Juifs étant sortis le matin de leurs maisons, furent frappés de stupeur de se trouver confrontés tout d'un coup à une si grande force.



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