Des ambassades dans les pays étrangers, et d'autres événements



Les Sorties des Juifs

La Vallée de Khaybar était parsemée d'une dizaine de forteresses solidement implantées sur des monticules rocailleux et dont quelques-unes, telles qu'Al-Qâmus, Al-Qatieba, Al-Watih et Solalim, étaient réputées imprenables. A présent toute aide extérieure était rendue impossible. Les Juifs, comptant sur leur nombre - de loin plus important que la troupe de l'ennemi sur leur propre courage et sur leurs citadelles, décidèrent de résister. Mais une fois assiégés dans leurs forteresses, ils ne purent résister longtemps et durent finalement les évacuer après une ou deux sorties. Ainsi toutes les citadelles inférieures par lesquelles les Musulmans avaient commencé leurs attaques tombèrent les unes après les autres entre leurs mains.

La Citadelle de Khaybar

A la fin, les Juifs se joignirent à leur chef, le roi de leur nation, Kinânah fils de Rabî` et petit-fils de Abul-Haqîq. Il vivait dans une citadelle solidement fortifiée de Khaybar, nommée al-Qâmûs, aux murs hauts et imposants, construits sur un roc escarpé et qui était considéré comme imprenable. Elle était bien protégée par des fortifications et bien gardée par des soldats courageux, parce qu'elle renfermait les trésors du roi. Dès que le Prophète lança un regard sur la forteresse, il se mit avant tout à prier le Tout-Puissant Seigneur, Le suppliant de livrer la citadelle aux Musulmans. Et aussi longtemps qu'il campa devant elle, il offrit les prières quotidiennes sur une roche dure, appelée Manselah, et en fit le tour sept fois par jour. Plus tard, un masjid sera érigé à cet endroit, en souvenir de ce lieu d'adoration du Prophète, qui fera l'objet de vénération des Musulmans pieux.

Le Siège de la Citadelle

Le siège d'Al-Qâmûs fut la tâche la plus éprouvante pour les Musulmans, qui ne s'étaient encore jamais attaqués à une telle forteresse. Il dura un certain temps et mit à l'épreuve l'habilité et la patience des Musulmans, qui commencèrent à manquer de provisions. Toute la région environnante fut ravagée par les Juifs durant cette période - environ un mois lorsque les Musulmans donnaient l'assaut contre la petite forteresse. Les Juifs avaient abattu même leurs dattiers se trouvant autour de leur citadelle afin d'affamer l'ennemi, et ayant résolu de se battre désespérément, ils se postèrent devant la citadelle. Les assiégeants essayèrent d'avancer vers eux, mais tous leurs assauts furent repoussés. Le Prophète, qui souffrait beaucoup de maux de tête, passa son Etendard à Abû Bakr Ibn Abî Quhâfah et lui ordonna de mener l'assaut, mais il fut sévèrement repoussé par les Juifs et obligé de battre en retraite. Ensuite le Prophète confia l'assaut suivant au commandement de `Omar Ibn al-Khattab qui porta d'étendard, le résultat n'en fut qu'une retraite forcée. Les soldats, de retour auprès du Prophète, accusèrent leur commandant, `Omar, de manquer de courage, alors que lui, il les accusa de lâcheté. Le Prophète, ayant été ainsi déçu par l'échec de ses plus éminents compagnons, s'écria : "Demain je remettrai mon Drapeau à quelqu'un que Dieu et Son Prophète aiment, un éternel fonceur redoutable qui ne tourne jamais le dos à l'adversaire. C'est par lui que le Seigneur accordera la victoire". Chacun des principaux compagnons du Prophète était soucieux d'être le lendemain signalé comme étant "le bien-aimé de Dieu et de Son Prophète". Ils passèrent la nuit dans une grande anxiété pour savoir qui serait l'être béni. Personne ne pensa à Ali, - le cousin et le lieutenant du Prophète, le héros de toutes les précédentes guerres - parce qu'il souffrait sérieusement de ses yeux très malades et ne pouvait rien voir. Selon certains hadiths, il était absent à cette occasion, se trouvant plut6t à Médine. Toutefois, le Prophète ayant crié : "Nadi Ali" (Ali est appelé), celui-ci surgit sur-le-champ avec des yeux très malades. Tous attendaient, sur des charbons ardents, la naissance de ce lendemain, entourant le Prophète comme des étoiles scintillantes, chacun essayant de miroiter pour se faire remarquer. Sa`d Ibn Abî Waqqâç, pour attirer l'attention sur lui, se jeta par terre, puis se leva, prétendant qu'il était tombé. Toutefois, le Prophète ne semblait tenir compte d'aucune personne en particulier. Lorsqu'il rompit le silence pour demander où était Ali, ils répondirent tous d'une seule voix qu'il souffrait sérieusement de ses yeux malades et qu'il était tout à fait incapable de voir ce qu'il y avait autour de lui. Le Prophète leur ordonna de le faire venir. Salma B. Ako` l'amena en le tenant par la main. Le Prophète prenant la tête de Ali et la mettant dans son giron, appliqua sa salive sur ses yeux. Immédiatement, ses yeux devinrent si clairs qu'on eût dit qu'ils n'avaient jamais été malades. Et on dit qu'il ne souffrit plus jamais, sa vie durant, de troubles oculaires depuis ce jour-là.

Ali est Spécialement Désigné pour Remporter la Victoire

Le Prophète confia sa Bannière sacrée aux mains de Ali et l'arma de son épée, Thulfiqâr, le désignant ainsi comme étant l'homme que Dieu et Son Prophète aiment. Il ordonna à Ali de conduire l'assaut et de combattre jusqu'à ce que les Juifs acceptent de se soumettre. Ali, vêtu d'une veste écarlate sur laquelle une cuirasse d'acier était attachée, avança à la tête de ses partisans, et escaladant le rocher pierreux, situé en face de la forteresse, il planta l'Etendard sur son sommet, et prit la résolution de ne pas reculer d'un pouce, jusqu'à ce que la citadelle fût prise.

Les Juifs se mirent en route pour déloger les assaillants. Un rabbin juif demanda à Ali son nom, lequel dit qu'il était Ali Ibn Abî Tâlib ou Haydar. Le rabbin ayant entendu ce nom, présagea à l'intention de ses hommes que les assaillants ne se retireraient pas sans avoir gagné du terrain. Cependant, Hârith, un héros juif qui avait réussi à repousser vigoureusement les précédentes attaques, s'avança et tua plusieurs adversaires musulmans. Ali, ayant vu cela, avança lui-même, s'engageant dans un combat au corps à corps contre lui, et le tua puis revint à ses lignes. Le frère de Hârith était d'une stature gigantesque et d'un corps imposant. Il était d'une valeur inégalable parmi les Juifs. Pour venger la mort de son frère, il sortit des rangs, couvert du cou à la taille d'une double cotte de mailles, coiffé d'un heaume de protection, autour duquel était enroulé un double turban, et au milieu duquel était enchâssée une pierre pour le protéger contre les coups de cimeterre. Il avait une épée énorme qui le ceignait des deux côtés et brandissait une grande lance à trois têtes fourchues et bien pointues. Sortant des lignes des Juifs, il avança et défia ses adversaires de s'engager dans un combat singulier contre lui : "Comme tout Khaybar le sait, je suis Marhab, un guerrier hérissé d'armes dans une guerre furieuse et ravageuse", s'écria-t-il. Aucun Musulman n'osa avancer pour l'affronter, sauf Ali qui sortit de la ligne musulmane pour répondre à son défi vaniteux, en disant : "Je suis celui que sa mère a nommé Haydar. Je pèse mes ennemis dans une gigantesque balance (c'est-à-dire je ne vais pas par quatre chemins avec mes ennemis)". Les mots de Ali n'étaient pas des mots creux. Ali sut par inspiration que Mahrab avait dernièrement rêvé d'un lion robuste le déchirant en morceaux. Aussi rappela-t-il à Mahrab ce rêve afin de l'intimider. Les mots eurent leur effet, puisque lorsque les deux combattants s'approchèrent, Ali jetant sur lui un coup d'Å“il, le trouva tremblotant. Une fois proches l'un de l'autre, Mahrab fit un coup d'estoc en direction de Ali avec sa lance à trois fourchons. Ali esquiva avec dextérité le coup, et avant que son adversaire ait pu se recouvrir, il lui administra un coup avec son irrésistible cimeterre, l’hulfiqâr, qui coupa en deux son bouclier, traversant son double turban, son heaume impénétrable et son crâne, fendant sa tête et descendant jusqu'à sa poitrine ou encore plus bas jusqu'à sa selle, le découpant carrément en deux selon certains hadiths. Il tomba sans vie par terre, et le vainqueur annonça sa victoire par son cri habituel : "Allâh-u-Akbar" (Dieu est le Plus Grand), ce qui permit à tout le monde de savoir que Ali était sorti victorieux.

Les Prouesses Surhumaines de Ali

Dès lors les Musulmans avancèrent en masse et il y eut une mêlée. Sept parmi les plus éminents guerriers juifs, à savoir Mahrab, `Antar, Rabî`, Zajîj, Dâûd, Morrah et Yâcir, tombèrent sous les coups d'épée de Ali, et le reste de l'armée juive battit en retraite pour se réfugier dans la citadelle et échapper à ses poursuivants Musulmans. Dans le feu de l'action, un Juif porta un coup sur le bras de Ali, disjoignant son bouclier qui tomba par terre et qu'un autre Juif ramassa et s'enfuit avec. Furieux, Ali accomplit alors des tours de prouesses surhumains. Il sauta par dessus la tranchée, s'approcha de la porte en fer de la forteresse, en arracha un battant et l'utilisa comme bouclier pendant le reste de la bataille (Abû Rafi`, l'un de ceux qui en avait donné l assaut, à la forteresse, avec Ali, affirme qu'après la guerre il examina la porte et qu'il essaya avec sept autres personnes de la retourner, mais sans succès). La citadelle fut finalement prise et la victoire, décisive. Les Juifs perdirent dans cette bataille quatre-vingt treize hommes, alors que les Musulmans n'eurent que dix-neuf tués.

Les Services Rendus par Ali très appréciés

Après la prise de la citadelle, lorsque Ali revint victorieux vers son camp, le Prophète, le voyant arriver, sortit de sa tente et l'accueillit à bras ouverts. L'embrassant chaleureusement, il baissa son front et lui déclara que ses services pour la Cause Divine étaient appréciés par le Tout-Puissant Juge et par lui-même, en tant que Son Prophète. Ali versa des larmes de joie en entendant ces propos. Le Prophète redonna foi à ses adeptes qui avaient échoué dans les précédentes tentatives en mettant en évidence l'exemple de Ali à qui il donna le surnom glorieux d' "Asad-Allâh" (Le Lion de Dieu)

La Reddition des Juifs

Après la défaite des Juifs, la forteresse accepta de se rendre à condition que ses habitants fussent libres de quitter le pays en abandonnant tous leurs biens aux conquérants, et en n'emportant, pour chacun, qu'un chameau et une charge de denrées alimentaires. Tout recel d'objets de valeur était assimilé à une infraction aux conditions de l'accord, et le coupable était passible de la peine capitale. Ceux qui préféraient rester dans le pays devaient occuper leurs maisons et y résider. Ils pouvaient cultiver la terre qu'ils possédaient à titre de premier occupant (mais ils n'avaient pas le droit de posséder une propriété immobilière) à condition de payer au conquérant la moitié de la production, et ce dernier pouvait les congédier à sa guise.

Kinânah

Kinânah, le Chef des Juifs, était soupçonné d'avoir dissimulé son trésor, lequel ne put être découvert malgré toutes les recherches soigneuses qui furent faites dans ce but. Finalement on lui demanda ce qu'il avait fait de ses récipients en or qu'il avait l'habitude de louer aux habitants de la Mecque. Il répliqua que toute sa fortune avait été dévorée par les dépenses nécessitées par son armée. On lui dit alors que sa vie serait mise en jeu contre la découverte de ce qu'il aurait caché. Il accepta le marché. Plus tard, l'un de ses amis traîtres révéla le lieu où avait été cachée une grande partie de sa fortune. Kinânah fut alors livré à la vengeance d'un Musulman nommé Mohammad B. Maslamah dont il avait mis à mort le frère, Mohmûd B. Maslamah, en jetant sur lui une meule. Le Musulman coupa sa tête d'un seul coup de cimeterre.

Safiya

La femme de Kinânah, Safiya, la fille du Chef de Nadhîrites, Hoyay B. Akhtab, embrassa l'Islam et épousa le Prophète. Elle jouit d'autant plus volontiers et joyeusement de sa nouvelle position qu'elle attendait impatiemment, que depuis qu'elle avait rêvé que la lune tombait du ciel sur ses genoux et qu'elle avait raconté ce rêve à son mari, elle subissait les violences de Kinânah qui lui reprochait de désirer épouser le Prophète de Hijâz. Elle portait encore la marque de contusions sur ses paupières, dues à un coup que lui avait administré Kinânah lorsqu'elle lui avait raconté son rêve.



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