Récit du Martyre de l'Imam Houssein



Un jet de sang inonda le visage de l'Imam Houssein. La flèche avait frappé avec tant de violence la fragile gorge du tout petit enfant qu'elle l'avait emportée dans sa course.

Mon fils ! A quel niveau de dégradation ces gens sont donc arrivés, pour ne pas même épargner un enfant innocent comme toi !Accablé, l'Imam Houssein leva sans rien dire le corps d'Abdallah vers le ciel, jusqu'à ce que la dernière goutte de sang se fut perdue dans le sable.

Mon Dieu ! Tu es Témoin de ce qu'ils ont fait ! Il serra le corps sans vie d'Abdallah contre son cœur, te couvrit de son vêtement, et retourna lentement vers le campement. Il s'arrêta devant la mère dévorée d'angoisse. Celle-ci vit le visage bouleversé de l'Imam Houssein, ses joues couvertes de larmes et éclaboussées de sang. Elle sut ce qu'il allait lui dire.

- Omm Rabab, en tant que ton époux et ton maître, je te demande de me promettre de faire ce que je vais te commander.

- Mon Maître, je ferai exactement ce que tu m'ordonneras. Mais dis-moi ce qu'ils ont fait à mon enfant. Tous les hommes de la famille sont morts en combattant courageusement, mais mon fils était trop jeune pour cela ! Lui ont-ils au moins donné à boire, avant de le tuer ? Même aux animaux on donne à boire avant de les égorger...

- Omm Rabab, je te demande de ne pas appeler la Colère de Dieu sur ceux qui ont tué ton fils. Hélas, ils ne lui ont pas offert la moindre goutte d'eau. A la demande que je leur ai faite, ils ont répondu en lui lançant une flèche !

L'Imam Houssein sortit le petit corps de sous son vêtement, et le tendit â son épouse. Omm Rabab le serra contre elle, et s'effondra en hurlant de douleur. Quelle mère pourrait voir son enfant, son nourrisson dans cet état, et rester calme et impassible ? Zaynab et les autres femmes vinrent consoler la malheureuse mère. Au bout d'un long moment, celle-ci s'approcha de l'Imam Houssein.

Mon Maître, je te demande d'ensevelir de tes propres mains mon pauvre Abdallah, Car je sais que lorsque tu ne seras plus là, ces monstres n'hésiteront pas à profaner les restes de nos Martyrs. Alors l'Imam Houssein, sans personne pour l'aider, pour le soutenir, pour le consoler, creusa de ses propres mains une petite tombe dans le sable. Il y déposa le petit corps sans vie. Quant il eut refermé la tombe, et récité la Fatiha, il leva le visage vers le ciel :- Mon Dieu ! Tu es Témoin que je n'ai pas failli à mon devoir, et que je t'ai offert en sacrifice tous ceux Que j'aimais, même mon bébé, même Abdallah !

L'Imam Houssein était seul. Tout seul, sans personne pour l'aider, sans personne pour le défendre. En face, il y avait une armée forte de près de cinq mille hommes, assoiffés de son sang. Il était assis sur le sable, près de la tombe d'Abdallah. Il écoutait le roulement des tambours de guerre, et les cris poussés par les hommes de Yazid:

- N'y a-t-il personne pour venir nous combattre? L'Imam Houssein se demandait s'ils s'attendaient vraiment à ce qu'il reste encore quelqu'un pour les combattre, ou s'ils ne poussaient leur clameur que pour se moquer de lui. Ne savaient-ils pas que tous ses courageux amis, ses Chïtes fidèles, avaient tous versé leur sang pour le défendre? Ignoraient-ils qu'ils avaient massacré tous ses proches, ses fraiser, ses cousins, ses neveux, ses fils ?



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