L'existence de Dieu



  Il commença sa marche par l' affirmation que la sensation et l' expérience sont deux des instruments que la raison et la connaissance humaine doivent utiliser pour découvrir les secrets de l' Univers et son système complet qui entourent l' Homme. Ainsi, au lieu d' un Aristote -par exemple- qui s'assiérait dans sa chambre fermée et calme, méditant sur le type de lien qui existerait entre le déplacement d'un corps, d'un point donné vers un autre de l'espace, et la force motrice, et concluant que le corps en mouvement s'immobilise dès que la force motrice s'épuise; un Galilée arrive qui observe les corps mobiles pour  en prendre note et en déduire un autre résultat et un lien différent entre le mouvement du corps et la force qui l'anime : lorsqu'un corps rencontre une force qui le met en mouvement, il ne cesse son mouvement -même si cette force s'épuise- que s'il s'expose à une force qui l'arrête.

  Le sensualisme en question tend donc à encourager les chercheurs dans le domaine de la nature et des lois des phénomènes de l' Univers, d'accomplir leur recherche à travers deux étapes : la première est celle de la sensation et de l'expérience et du rassemblement de leurs données; la seconde est l'étape rationnelle, celle de la déduction et de la coordination de ces données, en vue de parvenir à une interprétation général et acceptable.

  Le sensualisme, dans sa réalité scientifique et à travers les pratique de ses savants, ne prétendait point se passer de la raison. Par ailleurs, aucun des savants de la nature n'a pu découvrir, par la sensation et l'expérience, un secret de l'Univers ni une loi de la nature sans la concours de la raison. Car le savant dans la première étape les notes que lui fournissent ses expérience ainsi que ses propres notes, et dans la seconde étape, il les confronte dans sa raison, jusqu'à ce qu'il parvienne à un résultat. A notre connaissance, aucune conquête scientifique n'a pu se réaliser sans la conjugaison des deux étapes, la première traitant de l'aspect sensible et la seconde ayant trait à l'aspect déductif et rationnel que la raison réalise et qui ne peut être perçu directement par les sensations.

  Ainsi, prenons l'exemple de la loi de l'attraction universelle. Newton n'a perçu par la sensation directe ni la force d'attraction entre deux corps ni le fait qu'ils sont inversement proportionnels au carré de la distance entre leurs centres et directement proportionnels au produit de la multiplication de leurs masses; mais il a perçu par la sensation, la chute de la pierre lorsqu'elle est lachée dans l'air, ainsi que la révolution des planètes autour du soleil. Il s'est mis alors à penser aux phénomènes ensemble, et s'est efforcé de les expliquer tous deux en s'aidant des théories de Galilée et de l'accélération régulière des corps tombant sur la terre ou dégringolant sur des surfaces en pente, et en bénéficiant des lois de Kepler qui traitent du mouvement des planètes et dont l'une stipule que "le carré du temps de la révolution de chaque planète autour du Soleil est proportionnel à la distance qui l'en sépare".  C'est donc à la lumière de toutes ces connaissances et observation qu'il découvrit la loi de l'attraction universelle en vertu de la quelle "tous corps les corps matériels s'attirent mutuellement, en raison de leurs masses et en raison inverse du carré de leurs distances".

  Cette tendance sensualistes et expérimentale de recherche sur le système de l'Univers aurait pu et dû fournir un nouvel argument excellent à la croyance en Dieu, en raison de ses possibilités de découvrir toutes sortes d'harmonie (dans les phénomènes de l'Univers) et les preuves de la Sagesse qui indiquent l'existence du Créateur. Mais les savants naturalistes, en tant que savants de la nature, n'étaient pas préoccupés par l'éclaircissement de cette question, considérée encore à l'époque, comme un problème philosophique, selon la classification en vigueur, des problèmes et des questions du savoir humain. Néanmoins, des tendances philosophiques et rationnelles n'ont pas tardé à faire leur apparition dans le domaine de la philosophie et à l'extérieur du cadre de la science, et à tenter de rationaliser ce sensualisme et d'ériger en philosophie. Elles ont annoncé que le seul moyen de la connaissance est la la sensation, que là où s'arrête la sensation, s'arrête la connaissance de l'homme, et que tout ce qui ne peut être soumis ni d'une façon ni d'une autre, à l'expérience, l'homme n'a pas le moyen de le prouver.

  Partant de cette affirmation, on a vite fait de se servir de ce sensualismes et de la science expérimentale pour réfuter l'idée de la croyance en Dieu : puisque Dieu n'est pas un être perceptible par la sensation, et qu'on ne peut ni Le voir ni avoir la sensation de Son existence, on ne peut donc pas Le prouver. Cette utilisation impertinente du sensualisme n'était pas le fait des savants qui avaient pratiqué avec succès l'expérimentation, mais d'un groupe de philosophes de tendance rationaliste qui lui ont donné une interprétation philosophique ou rationaliste inexacte.

  Mais peu à peu, ces tendances extrémistes sont tombées dans la contradiction. Sur le plan philosophique, elles se sont trouvées acculées à renier la réalité objective, c'est-à-dire l'Univers dans lequel nous vivons, en bloc et en détail, puisque d'après elles, l'Homme ne possède que la sensation et que celle-ci lui fait connaître les choses telles qu'il les sent et non pas telles qu'elles sont. Ainsi lorsque nous percevons une  chose, nous pouvons affirmer qu'elles existe dans notre sensation; quant à son existence en dehors de notre conscience, d'une façon objective, indépendante et antérieur à la sensation, nous ne pouvons la prouver. En voyant la lune dans le ciel, nous pouvons affirmer seulement que nous voyons et percevons la lune en ce moment-là. Quant à savoir si la lune existe réellement dans le ciel et si elle existait avant que nous ouvrions nos yeux pour le voir, les tenants de ces tendances étaient incapables de l'affirme, exactement comme le strabique qui voit des choses qui n'existent pas et affirme qu'il les voit, mais sans pouvoir affirmer leur existence dans la réalité.

  Ainsi, la sensation elle-même a cessé d'être le moyen de connaissance du sensualismes philosophique. Au lieu d'être son propre moyen de connaissance, elle est devenue son terme final. La connaissance sensitive n'existait plus comme un phénomène indépendant de notre conscience et de notre perception.

  Sur le plan rationnel, le sensualismes dans sa version la plus moderne s'est acheminé vers la position suivante : si la véracité ou la fausseté de la signification d'une phrase de peuvent être vérifiées par la sensation ou l'expérience, la phrase est considérée comme un groupe de mots dépourvu de sens, exactement comme des lettres de l'alphabet qu'on prononce dans un ordre dispersé. Mais lorsqu'on peut vérifier la véracité ou la fausseté de sa signification, elles constitue un mot ayant un sens. Dans ce second cas, si la sensation établit la conformité de sa signification à la réalité, la phrase est véridique. En revanche, si cette sensation établit le contraire, elle est considérée comme fausse. Ainsi, si l'on dit : la pluie tombe du ciel en hiver, on fait là une phrase significative -par son contenu. Mais si on dit "la pluie tombe en été", la phrase à un sens, mais dont le contenu est faux. Et si on dit : "une chose qu'on ne peut ni voir ni percevoir tombe" la Nuit du Destin", on à là, une phrase dépourvue de sens, abstraction faite de sa véracité ou de sa fausseté, puisqu'on ne peut en vérifier le contenu ni par la sensation ni par la l'expérience; car c'est exactement comme si on disait : DIZE  descend la Nuit du Destin ". De même que cette phrase-ci n'a pas de sens, cette phrase-là n'en a pas non plus. Par conséquent dire : "Dieu existe", c'est comme si l'on disait : "dize existe". De même que la seconde phrase est dénuée de sens, la première l'est aussi; puisqu'on ne peut connaître Dieu par la sensation et l'expérience.

  Ce courant rationaliste se heurte lui aussi à une contradiction pour la simple raison que son raisonnement, basé lui-même sur l'extrapolation, ne peut être perçu par la sensation et la perception directe, et devient ainsi une parole dénuée de sens, dans la conclusion qu'il a tirée ici. En prétendant que toute phrase dont la signification ne peut être vérifiée par la sensation et l'expérience est dénuée de sens, ce rationalisme procède lui-même de ce fait par généralisation. Or toutes généralisation dépasse le cadre de la sensation; car celle-ci ne couvre que des cas partiels limités. De cette façon, ce courant a fini   par se contredire lui-même, outre qu'il contredit toutes généralisation scientifique par lesquelles les savants interprètent d'une façon globale les phénomènes de l'Univers; car la généralisation -toute généralisation- ne peut être perçue directement par la sensation, elle est plutôt induite et démontrée à partir des indices fournis par des phénomènes sensibles limités.



back 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 next