La taqwâ, ou l’esprit de la religion et la piété selon le Coran



Notes

[1] La suite de cette sourate évoque en ces termes les caractéristiques des mottaqin : ce sont ceux "qui croient à l’invisible, accomplissent la prière et dépensent [dans l’obéissance à Dieu] de ce que Nous leur avons attribué, ceux qui croient à ce qui t’a [Mohammad] été descendu [révélé] et à ce qui a été descendu avant toi et qui croient fermement à la vie future." (2:3-4). Ils sont considérés comme ceux "qui réussissent" (2:5) dans cette vie et dans l’Au-delà. Les versets 15 à 17 de la sourate Al-e Omran font également référence à cinq caractéristiques des mottaqin : ""Pour ceux qui ont fait preuve de taqwâ (lil-lathin ittaqou) il y a, auprès de leur Seigneur, des jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement, et aussi, des épouses purifiées, et l’agrément de Dieu.” Et Dieu est Clairvoyant sur [Ses] serviteurs, qui disent : "O notre Seigneur, nous avons foi ; pardonne-nous donc nos péchés, et protège-nous du châtiment du Feu”, ce sont les endurants, les véridiques, les obéissants, ceux qui dépensent [dans le sentier de Dieu] et ceux qui implorent pardon juste avant l’aube" (3:15-17).

[2] Ainsi, selon une logique religieuse, la distinction entre les êtres humains ne se réalise ni sur la base de la richesse, ni même des bonnes actions qui peuvent être animées par des motifs très différents, mais est fondée sur la taqwâ.

[3] Nous pouvons également évoquer la sourate "Les poètes", qui évoque l’invitation des différents prophètes par cette phrase : "Faites preuve de taqwâ (ittaqû) envers Dieu et obéissez-moi" (26:110 ; ce verset est répété à plusieurs reprises dans cette sourate et son contenu attribué à différents prophètes tels que Noé, Houd, Salih, Loth, Shuayb…)

[4] La piété est définie par Le Petit Robert comme un "fervent attachement au service de Dieu, aux devoirs et aux pratiques de la religion". Elle est donc l’une des conséquences de la taqwâ mais ne la résume en aucun cas.

[5] Le terme de taqwâ ne signifie donc pas en soi l’abstention, même si le fait de s’abstenir de tout ce qui éloigne l’homme de sa propre perfection fait partie de ces conséquences logiques. Cf. ’Allâmeh Tehrâni, Anwâr-e Malakout, Vol. 1, ’Arsh-e Andisheh, p. 30.

[6] ’Allâmeh Tehrâni, Anwâr-e Malakout, Vol. 1, ’Arsh-e Andisheh, ibid., p. 31.

[7] L’un des concepts pouvant être considéré comme s’opposant à la taqwâ est celui de fisq. Cette notion, que l’on traduit souvent par "perversité", a en réalité un sens beaucoup plus profond qui s’enracine dans la vision de l’homme que nous avons évoquée. Le sens originel de ce mot évoque la sortie du noyau de l’intérieur de la datte fraîche. Tout comme le noyau sortant de la datte abandonne son enveloppe sucrée et utile, le fâsiq (c’est-à-dire celui qui pratique le fisq) se déprend du vêtement de l’obéissance à Dieu et, de par ses actes, détruit ce qui fait la valeur de sa personnalité. Il se rend dès lors incapable d’être guidé et de se perfectionner : "Nous avons fait descendre vers toi des signes évidents. Et seuls les fâsiqin n’y croient pas." (2:99). Les fâsiqin sont également ceux pour qui les versets et exemples cités par Dieu sont une source de perdition, et non de guidance : "Certes, Dieu ne se gêne point de citer en exemple n’importe quoi : un moustique ou quoi que ce soit au-dessus ; quant aux croyants, ils savent bien qu’il s’agit de la vérité venant de la part de leur Seigneur ; quant aux infidèles, ils se demandent “Qu’a voulu dire Dieu par un tel exemple ?”. Par cela, nombreux sont ceux qu’Il égare et nombreux sont ceux qu’Il guide ; mais Il n’égare par cela que ceux qui font preuve de fisq (fâsiqin)." (2:26).

[8] Le fait de remercier consiste à utiliser toute chose dans la voie où elle doit être utilisée, et à placer chaque chose là où elle doit être. Dans ce sens, la patience lors des épreuves est une sorte de remerciement et d’acceptation du décret divin.

[9] Faire preuve de taqwâ envers Dieu, comme cela est constamment répété dans le Coran, signifie donc notamment préserver sa personne face au châtiment divin.

[10] La raison en est que loin d’aller à son encontre ou de chercher à l’étouffer, le message des prophètes s’enracine au contraire dans la nature même de l’homme.



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