La taqwâ, ou l’esprit de la religion et la piété selon le Coran



[11] Selon ’Allameh Tabâtabâ’i, les mottaqin font référence à l’ensemble des croyants et la taqwâ embrasse l’ensemble des manifestations de la foi même si, comme cette dernière, elle comporte différents degrés.

[12] Dans ce sens, l’homme est "protégé" par la taqwâ, mais il doit lui-même s’efforcer de protéger et conserver cet état en lui-même. De même, la taqwâ est un moyen de rapprochement de Dieu, mais le croyant doit également demander à Dieu de fortifier et de renforcer cet état en lui.

[13] Cet aspect est évoqué dans d’autres versets, tels que : "O notre Seigneur, nous avons foi ; pardonne-nous donc nos péchés, et protège-nous (waqinâ) du châtiment du Feu" (3:16) ou encore : "Craignez le Feu préparé pour les mécréants." (3:131). Un autre verset souligne que "c’est Lui [Dieu] qui est Le plus digne de taqwâ" (74:56).

[14] Ces versets invitent directement le croyant à fonder la mosquée sur la taqwâ : "Ne te tient jamais dans [cette mosquée]. Car une mosquée fondée dès le premier jour sur la taqwâ est plus digne que tu t’y tiennes debout [pour y prier] […] Lequel est plus méritant ? Est-ce celui qui a fondé son édifice sur la taqwâ et l’agrément de Dieu, ou bien celui qui a placé les assises de sa construction sur le bord d’une falaise croulante et qui croula avec lui dans le feu de l’Enfer ?" (9:108-109).

[15] D’autres versets du Coran se livrent à une description des personnes pratiquant la taqwâ, en soulignant divers aspects de leurs vie spirituelle et sociale, alliant profonde piété personnelle à un engagement dans la société auprès des plus pauvres : "Les mottaqin seront dans des Jardins et [parmi] des sources, recevant ce que leur Seigneur leur aura donné. Car ils ont été auparavant de bienfaisants : ils dormaient peu, la nuit, et aux dernières heures de la nuit ils imploraient le pardon [de Dieu] ; et dans leurs biens, il y avait un droit au mendiant et au déshérité." (51:16-19).

[16] Nous parlons encore une fois ici des lois qui permettent le bon fonctionnement moral et matériel de toute société humaine, et qui sont acceptées par tous les hommes comme l’interdiction de tuer, de voler ou encore la mise en place d’un code de la route, etc. (et non pas des lois particulières pouvant être fondées sur la défense de certains intérêts et dont le bienfondé peut parfois être aisément contesté).

[17] Le Coran fait référence à ces trois états dans ce verset : "Et dans l’Au-delà, il y a dur châtiment, et aussi pardon et agrément (ridwân) de Dieu. Et la vie présente n’est que jouissance trompeuse" (57:20).

[18] Tafsir al-‘Ayâshi : 1/168/28.

[19] Traduction de Yahya Bonaud dans la traduction française de L’ةpître de la quintessence à propos du cheminement spirituel des gens doués de cœurs intelligents de Hazrat-e Allâmah آyatollâh Hâddj Sayyed Mohammad Hossein Hosseini Tehrâni.

[20] A ce propos, nous pouvons citer l’exemple de Khâjeh Nassir al-Din Toussi évoqué par ’Allâmeh Helli : ce dernier raconte qu’il a vécu 11 ans avec lui, et que durant toutes ces années l’ensemble de ses actes était ou obligatoires au sens religieux (vâjeb), ou recommandés (mostahabb). Ce stade est celui de la sincérité (ikhlâs), auquel il est fait allusion dans plusieurs versets du Coran : "Adore donc Dieu en Lui vouant un culte exclusif (mokhlis)" (39:2). Selon le Coran, seules les personnes arrivées au rang du ikhlâs peuvent décrire Dieu comme il se doit (37:159-160), alors que le Diable n’a plus aucun pouvoir sur eux (38:82-83).
Le Coran évoque également le regret suscité par les amitiés uniquement fondées sur les intérêts terrestres dans l’autre monde en ces termes : "Malheur à moi ! Hélas ! Si seulement je n’avais pas pris "un tel" pour ami !... Il m’a, en effet, égaré loin du rappel, après qu’il me soit parvenu" (25:28-29).

 



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