Le sacrifice d’Ismâ‛îl (as) dans l’histoire d’Ibrâhîm (as)Dans l’Ancien Testament (de la Thora historique), il apparaît que c’est Is-hâq (as) qui est « le sacrifié ». De là , on peut penser qu’une partie des hadiths musulmans moins célèbres, présentant Is-hâq (as) en tant que « sacrifié », auraient subi l’influence des traditions hébraïques, qui sont probablement des falsifications ; les juifs provenant d’Is-hâq (as), ils auront préféré s’attribuer cette fierté et en priver les musulmans, dont le Prophète (s) descend d’Ismâ‛îl (as) (10) , quand bien même cela nierait la réalité ! Quoi qu’il en soit, le plus fiable en ce qui nous concerne, sont les faits énoncés par les versets du Coran, or ceux-ci nous attestent bien qu’Ismâ‛îl (as) est « le sacrifié », bien que cela ne fasse pas de différence pour nous s’il s’agit d’Is-hâq (as), tous deux étant les fils d’Ibrâhîm (as), le grand prophète de Dieu. Il n’est question ici que d’éclairer la réalité d’un événement historique. De la même façon, l’avis réputé parmi les savants shiites a toujours été qu’Ismâ‛îl (as) est « le sacrifié ». 2. Il est dit que la qualification de « ghulâm / غلام / garçon au doux caractère » qui apparaît dans la nouvelle apportée à Ibrâhîm (as) (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 101) se rapporte à la propre disposition de ce garçon à se sacrifier dans la voie de Dieu. Ainsi, cette expression qualifiant le fils de ghulâm (11) / غلام montre qu’il est doté de douceur et de disposition à être sacrifié dans la voie de Dieu. 3. Concernant le verset « Lorsqu’il fut en âge d’accompagner son père » (12) (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 102), selon certains, il s’agit de l’âge à partir duquel l’être humain est en mesure de s’efforcer d'assurer ses besoins quotidiens, ce qui se situe à la période de la puberté. A côté de cela, l’expression ma‛ah / معه indique qu’il a atteint l’âge où l’on commence à aider son père à subvenir aux besoins journaliers. Maintenant, sa‛y / سعي désigne pour certains l’adoration, l’action accomplie pour Dieu. Certains exégètes avancent qu’Ismâ‛îl (as) avait treize ans au moment de l’événement, et que le mot sa‛y / سعي désigne ici les sept allers et retours entre Safa et Marwa qui comptent dans les rites du pèlerinage, car c’est durant le sa‛y / سعي qu’Ibrâhîm (as) a évoqué son rêve pour Ismâ‛îl (as). On peut également retrouver ces faits dans un hadith rapporté par l’Imâm al-Sâdeq (as). 4. En quoi le rêve d’Ibrâhîm (as) peut-il constituer un argument ? Ce qu’il est nécessaire d’observer ici, c’est la façon dont Ibrâhîm (as) considère le rêve comme un argument et en fait un critère déterminant pour ses actes. Dans la réponse à cette question, il est parfois dit que les rêves des prophètes (as) ne sont jamais sataniques, et ne donnent pas lieu à la manifestation de la faculté imaginative car ils représentent au contraire, un aspect de leur prophétie et de leur révélation. Autrement dit, le contact entre les prophètes (as) et la source de leur révélation prend parfois la forme d’une inspiration du cœur. Il prend aussi parfois celle de la vision de l’Ange de la révélation (as) ou parfois celle de la perception d’ondulations sonores que Dieu produit. Et il prend parfois la forme du rêve. De ce fait, leurs rêves sont absolument exempts de toute forme d’erreur ou de confusion, et ce qu’ils voient dans leurs rêves correspond exactement à ce qu’ils voient à l’état de veille. On dit qu’Ibrâhîm (as) a reçu, à l’état de veille et au moyen de la révélation, la confirmation qu’il devait exécuter le sacrifice vu en rêve. On dit également que les différents indices concernant ce rêve, et parmi eux le fait qu’il se soit reproduit à l’identique durant trois nuits consécutives, lui ont donné la certitude qu’il s’agissait d’une mission divine et pas d’autre chose. Ceci étant, il est possible que toutes ces exégèses soient correctes. Elles ne se contredisent pas, et ne contredisent pas ce qu’énoncent les versets du Coran. L’expression « Je me suis vu moi-même en songe, et je t’immolais » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 102) indique qu’Ibrâhîm (as) a vu de manière répétée, (et selon certains, trois fois de suite, le huit, le neuf et le dix du mois de Dhu al-hijja) (13) , le rêve dans lequel il sacrifie Ismâ‛îl (as). C’est précisément ce qui lui fait comprendre qu’il s’agit d’un ordre de mission. Selon un autre avis, Ibrâhîm (as) a entendu au cours de son sommeil une voix lui disant : « Dieu t’ordonne de sacrifier ton fils. » Certains avancent que Dieu lui a également révélé ce commandement à l’état de veille, sinon Ibrâhîm (as) n’aurait jamais pu considérer son rêve comme un ordre. De l’avis d’autres savants, cet ordre, en raison de sa difficulté, est d’abord communiqué à son Excellence (as) en rêve, afin qu’il puisse s’y préparer suffisamment, et ensuite confirmé à l’état de veille. 5. Le fait d’évoquer cette mission avec Ismâ‛îl (as) figure une manifestation de la haute civilité divine dont Ibrâhîm (as) fait preuve à l’égard de son fils. Selon certains, le but aurait été de faciliter l’épreuve à Ismâ‛îl (as), et aussi de connaître son niveau de persévérance dans la voie de Dieu. Ainsi, Il aurait préparé par ce moyen Ibrâhîm (as) à pénétrer ce grand champ de bataille (14) en connaissance de cause. De plus, son fils a pu, par plaisir de la soumission et de la satisfaction face à ce que Dieu octroie, bénéficier à la fois d’une grande récompense dans l’autre monde, et de louanges dans celui-ci. 6. La réponse satisfaite d’Ismâ‛îl (as), « Ô mon père ! Fais ce qui t’es ordonné » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 102) est emplie de civilité, de respect, et tranquillise le cœur du père. Cela revient à dire : « Voici mon avis, qui permet de montrer le respect que j’ai pour mon père. » Cela ne dit pas : « Fais-le si tu le veux. » Ni : « Egorge-moi ! » Au contraire, il veut que l’exécution de l’ordre divin soit accomplie avec la certitude que cet ordre vient effectivement de Dieu, et que son père n’a pas d’autre choix que de l’exécuter. Il donne cette réponse dans le but d’apaiser le cœur d’Ibrâhîm (as). De même, la phrase : « Tu me trouveras patient, si Dieu le veut ! » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 102) est pleine de la civilité divine d’Ismâ‛îl (as) à l’égard de Dieu et nie sa propre indépendance lorsqu’il se montre ferme face à cet événement. Par cette phrase, en plus d’apaiser le cœur de son père, il lui donne à comprendre qu’il s’abstiendra de gémir ou de faire quoi que ce soit d’autre qui puisse ajouter au trouble du père lorsqu’il verra son fils baigner dans son sang. 7. Le verset « Après que tous deux se furent soumis, et qu’Abraham eut jeté son fils, le front à terre » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 103) s’achève sans qu’une suite ne soit donnée à cet « après ». Cette tournure rend la violence de la tragédie et l’amertume de l’événement manifestes, et celui qui entend (ou lit) le verset peut s’imaginer la suite du récit, emporté par le flot de ses sentiments. 8. Ibrâhîm (as) est-il chargé d’égorger son fils ? Parmi les questions importantes qui se posent aux exégètes dans le cadre de ce débat se trouve le fait de savoir si Ibrâhîm (as) est réellement chargé d’égorger son fils, ou s’il a seulement reçu l’ordre d’engager les préliminaires pour cet acte ? S’il est chargé de l’égorger, pourquoi ce décret divin est-il abrogé avant son exécution ? Nous savons que l’abrogation précédant l’exécution n’est pas permise et que cela a été établi par la science des « principes juridiques ».
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