Le sacrifice d’Ismâ‛îl (as) dans l’histoire d’Ibrâhîm (as)Et s’il est seulement chargé d’en accomplir les préliminaires, cette gloire importante le concernant n’a peut-être pas lieu d’être. Certains prétendent que l’importance de cette question réside dans la supposition que fait Ibrâhîm (as), à savoir qu’après avoir accompli sa mission et réuni les préliminaires, il verra l’ordre du sacrifice. Son grand examen se trouverait précisément là . Mais cette hypothèse ne nous semble pas intéressante. Selon ce que nous croyons, ces discussions résultent du fait qu’ils n’ont pas différencié les ordres donnant lieu à un examen de ceux qui ne donnent pas lieu à un examen. L’ordre qui est donné à Ibrâhîm (as) est en soi un examen. Nous savons qu’en ce qui concerne les ordres donnant lieu à un examen, la ferme volonté ne se nourrit pas de ce qu’il y a à faire, mais de l’objectif poursuivi. C’est cela qui permet de montrer la détermination de se soumettre à l’ordre donné pour celui qui est testé. Il en va ainsi lorsque le testé ignore le secret que cache l’affaire. L’abrogation n’est pas faite pour que l’on débatte de sa rectitude, sachant qu’elle se produit avant même l’acte concerné. Et si Dieu dit à Ibrâhîm (as), après cet événement : « Tu as cru en cette vision que tu as réalisée » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 105), c’est parce qu’il a accompli ce qui était en son pouvoir concernant le sacrifice de son fils bien-aimé, il a par tous les moyens établi la disposition de son esprit pour le faire et s’est acquitté de sa mission qui était l’objet de l’examen. Ainsi, le verset : « Nous lui criâmes : ‘Ô Abraham ! Tu as cru en cette vision que tu as réalisée’ » (sourate Al-Sâfât (Les rangés) ; 37 : 105 ), annonce à Ibrâhîm (as) la fin de sa mission et l’informe que ce commandement était en réalité une mise à l’épreuve. Le fait de s’apprêter à l’exécuter jusqu’à commencer le sacrifice suffit à attester de sa disposition à se soumettre. Au sujet de ce verset, il y a débat à propos de l’abrogation et de la présence ou de l’absence de preuves issues de l’événement du sacrifice, en ce qui concerne le caractère licite de l’abrogation de décret avant l’acte concerné. Au cœur de ce débat, nous retrouvons la probabilité que la charge incombant à Ibrâhîm (as) ait été limitée aux préparatifs du sacrifice, et qu’elle n’ait pas concerné le sacrifice en soi. Certains avancent que la mission d’Ibrâhîm (as) est en réalité d’égorger le bélier qui dans son rêve a pris la forme de son fils. L’amour intense qu’Ibrâhîm (as) éprouve pour Dieu l’empêche d’interpréter son rêve, car son immense amour pour son Aimé fait qu’il est prêt à sacrifier pour Lui ce qu’il aime le plus au monde. 9. Le sacrifice est évoqué dans le verset 106 de la sourate Al-Sâfât (37) : « Voilà l’épreuve concluante ». Ce verset exprime l’importance et la difficulté de cette épreuve. Selon les sources shiites et sunnites, Shaytân (15) s’est montré à Ibrâhîm (as) au cours de cette épreuve et s’est efforcé de le faire renoncer à l’exécution de l’ordre divin de différentes manières. 10. Le sacrifice solennel qui compte pour rançon d’Ismâ‛îl (as) est un bélier que Jabra’îl (as) a apporté du ciel ; un bélier qui n’a pas été engendré, mais qui a résulté de l’ordre « kûn ! / كن / sois ! ». Certains pensent qu’il s’agit d’un bélier sauvage des montagnes. On relate qu’aux premiers temps de l’islam, la tête desséchée de ce bélier sacrifié était suspendue à la gouttière de la Ka‛ba. Si ce sacrifice est qualifié de solennel, cela serait parce qu’il a été ordonné par Dieu le Glorifié, au titre de rançon pour le sacrifié, ou parce qu’il a été accepté par Dieu, ou parce que ce bélier aurait brouté l’herbe du paradis. Selon un hadith de l’Imâm al-Rezâ (as), Ibrâhîm (as) a fait à Minâ le vœu que Dieu prenne un bélier comme rançon pour Ismâ‛îl (as), et c’est pourquoi le Prophète (s) et les Imâms purs (as) sont issus des reins (16) d’Ismâ‛îl (as), car c’est à travers eux que ce vœu a été exaucé. 11. Les doutes sataniques n’ont pas affecté le grand esprit d’Ibrâhîm (as) L’épreuve d’Ibrâhîm (as) symbolise l’une des plus grandes épreuves de l’histoire, une épreuve dont le dessein est de purifier son cœur de toute affection, de tout amour envers autre que Dieu, et que l’amour de Dieu rayonnant emplisse tout son cœur. Selon certains hadiths, Shaytân fait des pieds et des mains pour empêcher Ibrâhîm (as) de sortir victorieux de ce champ de bataille. Une fois, il va voir Hâjar (as) et lui dit : « Sais-tu ce qu’Ibrâhîm (as) à l’intention de faire ? Il veut aujourd’hui même égorger son fils ! » Hâjar lui dit : « Va-t’en, ne dis pas de choses absurdes, il est bien trop bon pour tuer son propre fils. Se trouve-t-il un seul être humain dans ce monde qui soit capable d’égorger lui-même son propre fils ? » Shaytân poursuit sa tentation et argumente : « Il prétend que c’est Dieu qui le lui a ordonné. » Hâjar rétorque : « Si Dieu le lui a ordonné, il doit se soumettre, il n’a d’autre choix que la satisfaction et la soumission ! » Une autre fois, il va voir son fils et s’acharne à le tenter, sans pour autant y parvenir, car il trouve en Ismâ‛îl (as) l’étendard de la soumission et de la satisfaction. En dernier recours, il va voir le père et lui dit : « Ibrâhîm (as) ! Le rêve que tu as vu est un rêve satanique ! Ne te soumets pas à Shaytân ! » A la lumière de la foi et de la prophétie, Ibrâhîm (as) le reconnaît et lui crie : « Eloigne-toi ! Ô ennemi de Dieu. » Dans un autre hadith, nous lisons : « Ibrâhîm (as) se rend tout d’abord au Mash‛ar al-harâm (17) afin d’y sacrifier son fils. Shaytân accourt après lui. Ibrâhîm (as) se rend à l’endroit de la première jamarat (18) , et Shaytân le suit. Ibrâhîm (as) lui jette alors sept cailloux. Lorsqu’il parvient à l’endroit de la seconde jamarat, il voit de nouveau Shaytân et lui jette à nouveau sept cailloux. A la troisième jamarat, il lui jette encore une fois sept cailloux (ce qui le fait désespérer de lui pour toujours). Ceci montre que les doutes sataniques, lors des grandes épreuves, ne viennent pas d’un seul côté, mais font irruption de différents côtés avec différents aspects selon l’époque. Les hommes de Dieu doivent pouvoir, comme Ibrâhîm (as), reconnaître les démons sous toutes leurs formes, leur fermer tous les accès, et les lapider. Quelle grande leçon !
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