FONDEMENT ET EVOLUTION DE LA SIRA DU PROPHETE AUX 1erET 2èmeSIECLES DE L’HEGIRE



Ibn Ishaq s’en alla et rédigea le livre. En le remettant au calife, ce dernier lui dit : Il est trop volumineux. Ibn Ishaq en fit une version abrégée. Le premier livre fut conservé dans les coffres du calife.

Ibn Aday al-Rajali disait à propos d’Ibn Ishaq : « Si Ibn Ishaq n’avait pas de mérite, il a au moins celui d’avoir évité aux rois de lire des ouvrages inutiles pour se consacrer à la lecture à propos des batailles du messager d’Allah (SAW), de sa prophétie, ou bien à propos do commencement du monde. C’est un mérite dont il fut le précurseur. J’ai étudié les nombreux hadiths qu’il rapporte, je n’y ai pas trouvé de chaînes faibles. Il se peut qu’il ait commis des erreurs comme le font d’autres. Les gens de confiance et les Imams confirmés se réfèrent à lui, et notamment Muslim à propos des transactions, al-Bukari en d’autres occasion, ainsi qu’Abu Dawud, At, Tirmidhi, An-Nissa’i et Ibn Maja Â».

   Ibn Ishaq devint, en réalité, le maître des écrivant de la Sira, tout auteur devant s’y référer, mis a part Al-Waqidi dans al-maghazi et les transmetteurs de récits relatifs aux Imams des Ahlul-bayt (a.s).

  Ainsi, l’ouvrage d’Ibn Ishaq devint la référence incontournable pour qui étudie la vie de l’œuvre du messager d’Allah (SAW).

IBN HISHAM ET LA SIRA D’IBN ISHAQ

Un demi siècle plus tard Abdel Malek b. Hisham al-Humayri al-Basri (m.218H) relata la Sira d’Ibn Ishaq d’après Ziyad b. Abdel Malk al-Baka’i al-Amiri al-Kufi (m. 183 H.), non pas telle qu’elle était à l’origine, mais en l’abrégeant, en y ajoutant des faits ou des commentaires ou en ôtant certains passages. Il compara certains récits avec d’autres rapportés par devers auteurs; il dit d’ailleurs au début de son ouvrage : « Je commence mon livre, si Allah le veut, en rappelant Ismaeil b. Ibrahim ; ses enfants, un à un, depuis Ismaeil jusqu’au messager d’Allah, les hadiths s’y rapportant, sans citer les autres enfants d’Ismaeil, dans un souci d’abréger, pour me consacrer à la Sira du messager d’Allah. J’ai dû supprimer de l’ouvrage d’Ibn Ishaq ce que ne rapporte pas le messager d’Allah, explication, ni témoin. J’ai de même supprimé des poèmes que certaines personnes ne connaît, des faits outrageants, d’autres qui dénigrent certaines personnes et d’autres non confirmés par Al-Baka’i, me référant à lui pour tout le reste Â»

Ibn Hisham a donc supprimé de l’œuvre d’Ibn Ishaq l’histoire des prophètes, d’Adam jusqu’à Ibrahim, les enfants d’Ismaeil qui ne constituent pas l’ascendance du messager d’Allah, tout comme il a supprimé les récits qui font outrage à certaines personnes et des poèmes inconnus. Il a, par contre, ajouté des récits qui lui furent confirmés. C’est pour cela que la sira lui fut attribuée, à tel point qu’Ibn Ishaq n’est plus cité, sauf par les érudits. Ibn Khallikan dit dans la biographie d’Ibn Hisham : Â« Ibn Hisham est celui qui rassembla la sira du messager d’Allah, à partir de la relation des combats et de la vie du prophète (SAW) faite par Ibn Ishaq, il la corrigea et l’abrégea. Il s’agit de la sira que les gens connaissaient sous le non de Sira d’Ibn Hisham Â».

  La rédaction d’ouvrages sur la sira s’est poursuivie jusqu’à l’époque actuelle, mais il ne s’agit pas d’une question liée à des expériences, à des preuves, telles les théories scientifiques qui peuvent être renouvelées ou changées au fil des années. Il s’agit plutôt d’une science transmissible et non rationnelle, ceux qui s’y consacrèrent furent des rapporteurs transmetteurs, relatés ensuite par les compilateurs, suivis par les critiques et les commentateurs. Par conséquence, il ne pouvait être question de renouvellement du fond de la sira, mis à part quelques faits minimes basés sur une critique minutieuse,, seule la forme pouvait être changée par l’explication, le résumé ou la critique de certaines erreurs.

  Ceux qui résumèrent au abrégèrent la Sira allégèrent le contenu de certains récits auxquels ils ne croyaient pas, relatant d’autres récits qu’ils pensaient plus proches de la vérité.

  L’une des faiblesses liées à la diffusion des récits d’Ibn Ishaq est due à ses nombreux voyages. Il semble qu’il soit né à Médine en 85 H., il y aurait vécu au cours de sa jeunesse, qu’il aurait été d’un aspect agréable. Ibn an-Nadim rapporte à son propos dans al-Fhrist : Il se mettait au dernier rang dans la mosquée, au cours des prières, pour pouvoir faire la cour à certaines femmes. Le commandant de la ville le châtia en lui infligeant des coups de fouet et lui interdit de se mettre en arrière. C’est peut-être ce qui explique qu’aucun Médinois ne rapporte ses récits, hormis Ibrahim b. Sa’ed.

  C’est al raison qui le poussa à s’en aller, en 115 H âgé de 30 ans vers Alexandrie ; en Egypte; et il fut lez seul à rapporter des récits en provenance d’hommes y vivant. Il se rendit ensuite à al-Kufa et al-Hira, où il semble avoir rencontré al-Mansur. Il rédigea son livre pour son fils al Mahdi, rapporté par al-Baka’i et d’autres. Il se rendit plus tard à al-Musel (Mossoul) et al-Rayy jusqu’à la fondation de Bagdad, où il s’installa jusqu’à sa mort.



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