FONDEMENT ET EVOLUTION DE LA SIRA DU PROPHETE AUX 1erET 2èmeSIECLES DE L’HEGIRE Ibn Ishaq appartenait à la génération des élèves de Abdel Malek b. Shihab al-Zuhri, dont il rapporta les récits. Les biographes disent que son maître al-Zuhri avait confiance en lui, tout comme d’ailleurs les juristes Imams, Sufyan al-Thawri et Sha’ba, outre le fait qu’al-Baka’i ait rapporté ses récits. Si Hisham b. Arwa, b. al-Zubayr le rapporteur de la Sira et Malek b. Anas le juriste l’accusèrent de faiblesse, de mensonge, d’escroquerie, de croyance dans le libre-arbitre (al-qadar) ou de rapporter des récits non authentifiés et de commettre des erreurs dans les généalogies, c’est peut-être parce qu’Ibn Ishaq médisait à propos de Malek b. Anas disait : Apportez-moi certains de ses livres que je vous montre leurs défauts. Donc, la médisance était réciproque, ce qui diminue la portée des accusations de faiblesse faites à son égard. AL-MAGHAZI D’AL-WAQIDI
Al-Waqidi Mohammad b. Umar n. Waqed, client (mawla) de Banu Sahm est cité par son élève Ibn Sa’ed dans At-Tabaqat al-Kubra, qui dit : Il est né à Médine en 130 H, soit quinze ans après le départ d’Ibn Ishaq, ce qui explique qu’il n’ait pas rapporté ses récits, même s’il en a rapporté à partir d’Al-Zuhri et qu’on trouve des ressemblances entre les livres d’Ibn Ishaq et d’al-Waqidi. C’est ce qui fait dire d’ailleurs à deux orientalistes, Horowitz et Valhausen, qu’il ne fit que copier, mais un autre orientaliste, Marsden Johns repoussa cette allégation lorsqu’il annota le livre Al-Maghazi. Il dit même que son auteur évita de rapporter les récits d’Ibn Ishaq du fait les ulémas de Médine ne lui faisaient pas confiance. Puis il ajoute : « Il est clair pour l’érudit en hadith que ce qui distingue al-Waqidi parmi les rapporteurs est qu’il a rapporté une méthode scientifique en sciences historiques. Nous remarquons chez lui, plus que chez d’autres ultérieurs, qu’il ordonnait les livres détails des faits d’une manière logique et arrêtée, il commençait par exemple par citer une longue liste de ceux sur qui il s’était appuyé pour ses récits, puis il relatait chaque combat, un à un, en en rapportant la date précise. Souvent, il décrivait la situation géographique du site ayant été la théâtre du combat, qu’il faisait suivre d’une énumération des combats auxquels a participé le prophète, le nom de ceux qui restèrent à Médine à ce moment, puis rapportait les mots d’ordres des Musulmans en décrivant chaque combat dans un style unifié : le nom, la date et le commandant du combat ». Al-Waqidi nous rate à chaque fois une histoire authentifiée, et si des versets du Saint Coran furent révélés à cette occasion, il les cite en fin de récit, avec leur commentaire. Al-Waqidi cite également, pour les combats importants, les noms de ceux qui y furent martyrs. Les détails géographiques qu’il rapporte témoignent de son effort de recherche et de sa connaissance des récits les plus minutieux qu’il rassembla au cours des voyages qu’il entreprit en vue de l’acquisition du savoir. Ibn Asaker, Al-Khatib, Ibn Sayyed an-Nas citent les propos d’al-Waqidi : « Je n’ai approché aucun fils d’un compagnon, d’un martyr ou d’un mawla sans que je lui demande : as-tu entendu l’un de tes proches te raconter où le martyr fut tué ? S’il me le dit, je me dirige à l’endroit cité pour l’examiner ; chaque fois que j’apprends le nom d’une bataille, je vais au lieu où elle s’est déroulée pour étudier le site, je suis même allé à al-Muraysa. Harun al-Gharawi dit : j’ai vu al-Waqidi à la Mecque, portant une outre. Je lui demandai : - Où vas-tu ainsi ? Il me répondit : « Je me dirige vers Hunayn pour voir le site ».
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