Commémoration deIl n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'un hadith énonce que la religion n'est rien d'autre que cet amour: wa hali d-dîn il-la l-hobb? Or, la prescription fondamentale de la sharî'a de l'amour, prescription qui n'est pas tracée à l'encre dans des livres, mais gravée au tréfonds des coeurs enamourés, est la communion de l'amant et de l'aimé dans leurs peines et leurs joies. Au point que cette communion est un critère de l'authenticité de l'amour: Celui qui prétend aimer quelqu'un tout en restant indifférent à ses peines et à ses joies n'est pas véridique dans sa prétention. C'est ainsi que les fidèles des Gens de la Demeure prophétique, par qui nous vient la Paix, se réjouissent de toute joie dont se réjouirent ou se réjouissent leurs bien-aimés et s'attristent de toute affliction qui les touche: les anniversaires du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, de l'Imam 'Ali, de Fatima, de Hassan, de Hossein et des autres membres de la Sainte Famille mettent leurs cœurs en fête. De même tressaillons-nous de joie au souvenir de toute grâce dont Dieu comble Ses Proches Amis et tout particulièrement des victoires contre les ennemis de Dieu, depuis les triomphes héroïques des temps de la Révélation jusqu'à celles dont Dieu gratifie aujourd'hui certains de leurs fidèles. Au contraire, les épreuves et les deuils qui touchèrent et touchent encore les Proches Amis de Dieu nous déchirent le cœur, qu'il s'agisse de la méchanceté des Mekkois envers le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, ou du comportement indigne de certains musulmans envers lui, de la perte de son épouse tant aimée Khadîdja, de ses oncles Abou Tâlib et Hamza, de ses enfants et de tant d'autres de ses proches et compagnons; qu'il s'agisse aussi des déviations que les musulmans firent subir à l'islam, en particulier à l'époque omeyyade; qu'il s'agisse encore de la situation de l'islam et des musulmans de nos jours, qui ne peut que faire saigner le coeur du noble Messager et de ses proches, après tout ce qu'ils ont enduré pour nous faire connaître les voies du bonheur et de la félicité en ce monde et dans l'autre… L'intensité de la douleur ou de la joie des fidèles épris d'amour dépend bien évidemment tout d'abord de la sincérité de leur amour et de leur communion, mais elle dépend aussi de l'importance de l'événement source de joie ou de chagrin. Or, il n'y eut depuis que le monde est monde aucun lieu autre que Karbala ni moment autre que 'Achoura où autant de malheurs s'abattirent de manière si concentrée et si injustement sur des êtres aussi parfaitement innocents, sans compter que de multiples aspects viennent encore, tel du sel sur une plaie, vivifier la douleur de cette tragédie (par exemple, le fait que les dirigeants de ce crime se prétendaient pieux musulmans et qu'ils sont pour certains toujours reconnus comme tels par nombre de musulmans, où encore le fait que des musulmans ont tout fait et continuent de tout faire pour effacer le souvenir de cette tragédie). Ainsi, la commémoration du martyre de Karbala occupe dans la sharî'a de l'amour divin et la sonna des fidèles épris d'amour une place que ne saurait égaler aucune tragédie de l'histoire de l'humanité, de l'histoire de la communauté musulmane ou de la vie des Gens de la Demeure prophétique, par qui nous vient la Paix, depuis notre père Adam jusqu'au Sceau des Proches Amis. Quant à ceux qui prétendent aimer le Messager de Dieu et ceux de sa demeure, Dieu le bénisse lui et les siens, tout en restant insensible à la tragédie inouïe qui les frappa, voire en cherchant à la faire oublier et à détourner les musulmans de la commémorer, ils sont aussi crédible que le renard qui prétend aimer les poules…
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