L'expédition de Motah, la conquête de la Mecque et d'autres événementsLe traitement cruel infligé par Khâlid aux Banû Juthaymah laissa toutefois une si mauvaise impression sur les autres tribus qui n'avaient pas encore embrassé l'Islam que les Banû Hawâzin, les Banfi Thaqîf, les Banfi Sa`d et beaucoup d'autres qui pensaient depuis un certain temps déjà à se soulever contre le pouvoir grandissant de l'Islam, voulant maintenant prévenir toute attaque contre eux, décidèrent d'attaquer eux-mêmes. Sous le commandement de leur chef, Mâlik Ibn `Awf, les Banû Thaqîf et les Banû Hawâzin rassemblèrent avec d'autres tribus quatre mille combattants à Awtas, une vallée située entre la Mecque et Tâ'if, afin de faire face aux forces du Prophète, si elles osaient s'approcher d'eux. Ils amenèrent avec eux leurs femmes, enfants, troupeaux et bétail qui les suivaient en arrière. Dorayd, un vieux guerrier très âgé, qui les accompagnait dans sa litière, protesta contre cette démarche dangereuse, mais la jeune Mâlik ne prêta aucune attention à ses dires, pensant qu'en présence de leurs familles et pour assurer leur sécurité et préserver leur honneur, les hommes ne tourneraient pas le dos à l'ennemi et risqueraient plutôt leur propre vie en combattant vaillamment jusqu'à la victoire. La Bataille de Honayn
Les nouvelles alarmantes en provenance de Tâ'if contraignirent le Prophète à abréger son séjour à la Mecque où il avait été occupé au règlement des affaires publiques pendant une quinzaine de jours, depuis la Conquête, le 20 Ramadhan. Il quitta donc la Mecque, le 6 Chawwâl de l'an 8 de l'Hégire avec ses dix mille partisans qui étaient venus avec lui de Médine, ainsi que deux mille hommes de la Mecque, qui se portèrent volontaires pour combattre à ses c8tés. Comme d'habitude, Ali porta l'Etendard de l'Islam. Lorsque cette imposante force de douze mille hommes, composée de différentes tribus, chacune dressant son propre drapeau en tête, se mit en marche, Abû Bakr s'exclama joyeusement : "Nous ne serons pas vaincus aujourd'hui par manque de nombre". L'armée arriva au milieu de la nuit près de la vallée de Honayn, située presque à michemin entre la Mecque et Tâ'if. En même temps, les Banû Hawâzin et leurs alliés, conduits par Mâlik B. `Awf, ayant avancé dans la vallée de Honayn et pris position dans un endroit sûr commandant le passage étroit qui formait l'entrée de la vallée, attendaient tranquillement l'approche de l'armée du Prophète. La Fuite des Musulmans
Tôt le matin du l0 Chawwâl, l'armée musulmane commença sa marche vers le Passage. Le Prophète, monté sur sa mule blanche, Duldul, suivait la marche, à l'arrière de ses forces. La colonne la plus avancée, composée des Banî Solaymân et conduite par Khâlid, progressait à une allure mesurée vers le Passage escarpé et étroit. Lorsque les Banû Hawâzin surgirent de leur lieu d'embuscade et chargèrent la colonne de Khâlid impétueusement, celui-ci ne put soutenir le choc et sa colonne, frappée de stupeur par l'assaut, fut brisée et recula. Le choc fut transmis d'une colonne à l'autre. Toute l'armée, paniquée, prit la fuite. Comme colonne après colonne filaient pêle-mêle devant lui, le Prophète s'écria : "Où allez-vous ? Le Prophète de Dieu est ici ! Revenez ! Revenez !" Mais personne ne prêtait attention à ses injonctions. Les compagnons distingués du Prophète, y compris `Omar Ibn al-Khattâb, avaient pris eux aussi la fuite. Seuls quatre hommes, tous des Banî Hâchim, restèrent avec le Prophète. C’étaient : `Abbâs et son fils Fadhl, Abû Sufiyân B. Hârith et son frère Rabî`ah. Les Sarcasmes des Mecquois
Certains des notables mecquois, rendus heureux par ce revers, ouvrirent leurs cœurs pour faire des remarques vindicatives contre les Musulmans. Ainsi, Abû Sufiyân Ibn Harb dit: "Ils ne s'arrêteront pas avant d'arriver au bord de la mer dans leur fuite). Jabala ou Kalda, le frère de Çafwân se moqua : "La magie de Mohammad a fait faillite aujourd'hui". Chaybah, un fils de `Othmân B. Abî Talhah (tué à Ohod) jura qu'il tuerait à présent Mohammad. La confusion alla croissant. Le Retour des Compagnons
A la fin, le prophète demanda à son oncle `Abbâs qui tenait sa mule, de crier à haute voix : "Ô citoyens de Médine ! Ô hommes de l'Arbre de Fidélité (allusion à ceux qui firent serment sous l'arbre à Hudaybiyyah) ! Ô vous de la Sourate al Baqarah (leur rappelant l'hommage qu'ils avaient présenté au moment de leur conversion à l'Islam) ! La voix de stentor de `Abbâs, retentissant à plusieurs reprises, fut entendue par les fuyards qui y répondirent par "Labbayk" de toutes parts et amorcèrent un mouvement de retour. Environ cent hommes, tous des Ançârites, arrivèrent au Passage étroit et mirent en échec l'avance de l'ennemi. Le porte-drapeau des Banî Hawâzin, nommé `Othmân ou Abû Jarwal, qui était un homme d'une taille et d'une stature extraordinaires, et fort bien bâti, s'avança et défia les Musulmans en combat singulier. Ali s'avança et engagea le combat contre lui. Entre-temps l'armée musulmane se ressemblait peu à peu autour du Prophète. Ali réussit à tuer son adversaire. A présent les deux parties étaient proches l'une de l'autre et se battaient au corps à corps. La bataille était féroce. Le Prophète, qui observait le combat du haut d'une colline, prit une poignée de gravier et la lança en direction de l'ennemi en disant : "Que la ruine se saisisse d'eux!" Tout de suite ils se mirent à trembler et peu après ils prirent la fuite. Les Musulmans les suivirent de près et en tuèrent plusieurs. Les versets coraniques suivants font mention de cette bataille : "Dieu vous a secouru de nombreux engagements et le jour de Honayn, quand vous étiez fiers de votre grand nombre, mais cela ne vous a servi d rien, et la terre, toute vaste qu'elle est vous paraissait étroite, puis vous avez tourné le dos en fuyant (c'est-à -dire que la terre vous a semblé être trop étroite dans votre fuite précipitée). Dieu fit descendre ensuite la tranquillité sur Son Prophète et sur les Croyants et IL fit descendre des soldats invisibles. IL a châtié ceux qui étaient incrédules. Telle est la rétribution des incrédules" (Sourate al-Tawbah, 9 :25-26). Khâlid, toujours d'une cruauté frappante, fut là encore réprimandé pour avoir tué une femme. La Défaite et la Fuite des Infidèles
La bataille fut gagnée. L'ennemi ayant perdu soixante-dix de ses meilleurs combattants, dont quarante avaient été tués par Ali, fuit vers son camp à Awtas. Il fut immédiatement poursuivi par un fort détachement de l'armée musulmane, commandé par Abh Amir al-Ach`arî. Abû Amir, après avoir tué plusieurs adversaires, fut tué lui-même. Son cousin, Abû Mûsâ al-Ach`arî, prit ensuite le commandement et mit l'ennemi en fuite. En fuyant vers Tâ'if celui-ci abandonna son camp qui tomba dans les mains des Musulmans. A part les six mille prisonniers de guerre - y compris les femmes et les enfants, le butin de Honayn et d'Awtas fut comme suit : quarante mille moutons et chèvres, quatre mille "okes" d'argent et vingt-quatre mille chameaux. Les prisonniers et le butin furent transférés à Je`rana, et mis à l'abri en attendant le retour de l'armée de Tâ'if vers lequel les Musulmans étaient en train de progresser. Le Siège de Ta’If
Tout de suite après le retour du détachement d'Awtas, le Prophète partit avec ses armées à travers Nakhlah pour Tâ'if devant lequel il mit le siège. Les Hawâzin et leurs alliés, pour prévenir le siège de Tâ'if, avaient déjà pris des mesures défensives. Le siège se prolongea au-delà de vingt-quatre jours sans produire l'effet escompté, et le Prophète ayant fait un rêve conclut que les opérations n'auraient pas de succès et se résolut à enlever le siège. Mais en recevant l'ordre de se retirer l'armée commença à grogner, ce qui amena le Prophète à l'autoriser à lancer un assaut général le lendemain. L'assaut eut lieu comme prévu et les assaillants furent repoussés après avoir subi des pertes. `Abdullâh, un fils d'Abû Bakr, fut blessé et il mourra des suites de ses blessures quelques années plus tard. Abû Sufiyân, le Chef mecquois perdit un œil par le tir d'une flèche. A la fin l'armée fît marche arrière et se retira vers Je`rana où le butin de Honayn était conservé dans l'attente d'être distribué. La Distribution du Butin de Guerre de Honayn
Malgré le long intervalle entre la bataille de Honayn et la distribution de son butin, aucune tribu ennemie n'était revenue engager des négociations en vue de récupérer ses familles captives, comme s'y attendait le Prophète. Maintenant l'armée, craignant que les tribus ne reviennent et que le Prophète, avec sa nature magnanime, ne leur restitue leurs biens, se pressa autour de lui et poussa des clameurs pour que les dépouilles des récentes batailles fussent distribuées, manifestant son impatience pour le retard de cette distribution. Exaspéré par leur attitude, le Prophète leur dit avec indignation : "M'avez-vous jamais vu faux ou malhonnête ?" Et arrachant des poils du dos d'un chameau, il ajouta en élevant la voix : "Par Allâh ! Je n'ai jamais détourné même l'équivalent d'un cheveu du butin, ni pris pour ma part plus que le cinquième, et même ce cinquième je l'ai dépensé pour votre bien". Le butin fut toutefois partagé comme d'habitude, à raison de quatre cinquièmes pour l'armée et un cinquième pour le Prophète. Ainsi, quatre chameaux et quarante moutons ou chèvres furent la part de chaque soldat, et trois fois plus, ainsi que quelques captifs pour chaque cavalier.
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