Réflexion sur la notion de miracle et de prodige en islam à travers l’exemple de Karbalâ’i Kâzem, "signe" vivant de la foi[10] L’âge de Karbalâ’i Kâzem lors du miracle diffère selon les versions. Selon certaines, il aurait eu 27 ans, d’autres parlent de 35, d’autres encore de 45. [11] Selon d’autres versions du récit, Karbalâ’i Kâzem serait allé voir les propriétaires des terres qu’il cultivait pour leur demander s’ils s’acquittaient bien de l’aumône. Il se serait alors heurté à leur colère. [12] Village situé près de la ville de Malâyer. [13] D’après la majorité des récits, il s’agirait de l’Ayatollah Khâlessi Zâdeh. [14] Ce dernier l’invita à s’installer sur place pour enseigner le Coran aux jeunes étudiants en théologie. Il lui offrit également de rester dans un palais avec toutes ses facilités ; offre que déclineront poliment de sa part les autorités religieuses iraniennes et irakiennes l’ayant accompagnées durant ce voyage. [15] A la suite de cette rencontre, l’Ayatollah Hâjj Seyyed Mohammad Naqi Khânsari dira lui-même : "C’est extraordinaire. Cela fait soixante ans que je récite la sourate "Al-Ikhlâs" qui comporte quatre versets, et je ne peux pas la réciter à l’envers sans un minimum de concentration et de réflexion préalable. Mais cet homme analphabète m’a récité de mémoire la sourate "Al-Baqara", qui comporte 286 versets, de la fin au début sans aucune hésitation et réflexion préalable". [16] Une histoire similaire a été rapportée par l’Ayatollah Dastgheib, qui lui avait montré un commentaire du Coran en lui demandant d’indiquer là où des versets étaient écrits. Karbalâ’i Kâzem les lui montra sans se tromper. Il lui demanda alors comment il avait pu faire cela, lui qui ne savait lire ni le persan ni l’arabe. Karbalâ’i Kâzem répliqua : « Cet endroit est lumineux, l’autre est sombre ». [17] Il semble également qu’il savait les effets particuliers liés à la récitation de chaque verset du Coran. Hâjj Sheikh Sadr-od-Din Hâ’eri Shirâzi raconte ainsi qu’il demanda un jour à Karbalâ’i Kâzem de lui parler de la crainte révérencielle envers Dieu (khashiat ilahi). Ce dernier lui dit de réciter la sourate « Al-Zilzilah » ("La secousse"). Lorsque qu’il le questionna sur la subsistance (rizq), il lui dit de réciter 600 fois « man yattaqi’-llah », contenant le sens profond de cette réalité. On raconte également qu’un jour, quelqu’un était venu le voir pour lui demander de prier pour une personne très endettée, ce à quoi il avait répondu : "A part le Coran, je ne sais rien d’autre." ("Man tdjoz Qor’ân tchizi balad nistam.") Puis, après un silence, d’ajouter : "Récitez à la personne "Et quiconque craint Dieu, Il lui donnera une issue favorable""(Wa man yattaqi allah yaj’al laho makrajan") et les versets suivants, pendant dix jours, et in shâ’Allah, il trouvera les moyens de le rembourser. Mais ne le dites à personne, sinon cela n’aura aucun effet." Le verset cité correspond à la fin du 2e verset de la sourate "At-Talâq" ("Le divorce"). Il est suivi du verset suivant : "Et lui accordera Ses dons par [des moyens] sur lesquels il ne comptait pas. Et quiconque place sa confiance en Dieu, Il [Dieu] lui suffit. Dieu atteint ce qu’Il se propose, et Dieu a assigner une mesure à chaque chose." (65-3). [18] Karbalâ’i Kâzem avait été invité à dîner chez un notable de l’époque. Bien qu’il avait très faim, il ressentit une étrange impression de satiété dès qu’il s’assit à table, et refusa de toucher toute nourriture. Devant l’insistance de ses hôtes, il accepta finalement de manger quelques cuillérées de riz et de ragoût. Quelques minutes après, il fut pris d’un malaise et on dut le ramener chez lui. Il s’endormit avec grande difficulté, toujours au plus mal. Il fit alors le rêve suivant : il avait été invité par un riche notable de Qom, et toutes sortes de plats étaient disposés devant lui. Plusieurs grands religieux de l’époque étaient assis à table avec lui, ainsi que les deux hommes qui lui avaient appris le Coran. L’un d’entre eux fit signe à Karbalâ’i Kâzem et lui dit : « Pourquoi ne t’abstiens-tu pas de manger des nourritures illicites (harâm) ? » Ce dernier répond alors qu’il ignorait la provenance de cette nourriture, et le seyyed lui répéta d’une voix forte : « Abstiens-toi des nourritures illicites ! » Hâdjj Sheikh ‘Abdol-Karim Hâ’eri, l’un des religieux invités, pris alors une poignée de riz dans l’un des plats, et des gouttes de sang commencèrent couler d’entre ses doigts. Ce dernier appela le maître de maison et lui dit avec colère : « Quelle est cette nourriture que tu nous offres ? Tu répands le sang des hommes par tes injustices et tu veux nous faire manger le fruit de ton travail ? » Les convives se levèrent alors brusquement de table et Karbalâ’i Kâzem se dirigea vers le Sheikh qui lui récita le verset suivant : "Celui qui a créé sept cieux superposés sans que tu voies de disproportion en la création du Tout Miséricordieux. Ramène [sur elle] le regard. Y vois-tu une brèche quelconque ?" (Sourate "Al-Molk" ("La royauté"), verset 3).
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