Qu’est-ce que le chiisme ?



[13] Selon cette vision et comme nous l’avons évoqué plus haut, le Prophète est donc exempt de péché dans l’ensemble des aspects de son existence.

[14] Le Coran fait clairement référence à l’existence de personnes préservées de tout péché, et sur lesquelles le diable ne peut avoir aucune influence. Ces propos du diable rapportés par le Coran évoquent cette réalité : ""Par Ta puissance ! dit [Satan]. Je les séduirai assurément tous, sauf Tes serviteurs mokhlasin parmi eux"." (38:82-83). Mokhlas vient de la racine khalasa signifiant l’idée de délivrance et de purification, et désigne les personnes délivrées de leur égo inférieur.

[15] Le Coran évoque également qu’Ibrâhim atteint le rang de l’Imâmat dans un verset qui nous permet de mieux saisir les caractéristiques d’un Imâm : "[Et rappelle-toi,] quand ton Seigneur eut éprouvé Abraham par certains commandements, et qu’il les eut accomplis, le Seigneur lui dit : “Je vais faire de toi un Imâm pour les gens”. - “Et parmi ma descendance” ? demanda-t-il. - “Mon engagement, dit Dieu, ne s’applique pas aux injustes (zâlimin)”." (2:124) Ce verset exprime la dimension immaculée absolue (’esmat-e motlaqeh) de l’Imâm. En effet, selon ce verset, l’Imâmat ne s’accorde pas et ne peut en aucun cas revenir à ceux qui font preuve d’une quelconque injustice (zolm). Or, le concept d’injustice en islam a une extension très vaste, et comprend tant l’injustice envers les autres que celle que l’on commet envers sa propre personne (zolm be nafs). Ce dernier type d’injustice comprend tout acte qui éloigne l’homme de sa propre nature divine originelle (fetrat), c’est-à-dire qui ne contribue pas à l’élever, à développer ses capacités spirituelles, et à le rapprocher de Son seigneur. Sur cette base, nous comprenons que l’existence toute entière de l’Imâm est orientée vers la vérité et préservée de l’erreur, car le verset évoque clairement que l’Imâmat ne peut être l’apanage des injustes – mot à comprendre ici dans son acception la plus large.

[16] La majorité des commentateurs s’accordent sur le fait que la famille du Prophète désigne ici sa fille Fâtima, son gendre et cousin ’Ali, leur deux fils Hassan et Hossein (deuxième et troisième Imâms), et par extension la descendance de l’Imâm Hossein jusqu’au Douzième Imâm.

[17] Bihâr al-Anwâr : 23/106/7 voir Bihâr al-Anwâr : 23/106 partie 7, Kanz al-‘Ummâl : 870/873 - 898 - 942/947 - 951/953 - 958/1650/1657/1667.

[18] Voir à ce sujet la sourate Al-Baqara (La vache), versets 30-33.

[19] C’est également dans ce sens que certains hadiths présentent la connaissance de l’Imâm comme étant la condition de l’accès au paradis : c’est ici la dimension ésotérique de l’Imâmat dont il est question, c’est-à-dire la correspondance et le rapprochement de l’âme du croyant avec la réalité spirituelle de l’existence des Imâms.

[20] Comme le souligne Yahyâ ’Alavi, "le terme mawlâ, traduit ici par "maître", est de la même famille que le mot awlâ, qui signifie "avoir plus autorité" dans le verset cité ["N’ai-je plus d’autorité sur les fidèles qu’eux-mêmes ?" (33:6), verset évoqué par le prophète Mohammad avant de prononcer la fameuse phrase investissant ’Ali comme son successeur]. En raison du contexte, donc, le terme mawlâ, suivant immédiatement le mot awlâ, doit être entendu dans le sens de "celui qui a autorité", autrement dit le "maître", qui a autorité sur ses serviteurs. C’est bien ce sens qui doit manifestement être retenu pour le mot mawlâ, et non pas celui d’"ami" qui est l’un des autres sens de ce mot en arabe." Ainsi, sur la base du verset cité, "le Prophète commença par mettre en avant la priorité de son autorité sur les fidèles avant de leur faire savoir que ‘Alî aura sur eux la même autorité prioritaire." "Qu’est-ce que l’islam chiite ?", programme radiophonique de la section francophone de l’IRIB.

[21] Walî est en effet un terme polysémique en arabe, faisant référence à la fois aux notions d’amitié, de maître, d’autorité et d’allégeance.

[22] Tafsir al-’Ayyâshi, 1/168/28.

[23] Dieu ne peut réaliser directement cette guidance dans le monde, car Sa transcendance et Son infinitude rendent impossible une intervention directe dans le monde pour régir les affaires de créatures par essence limitées - en témoigne le récit du Coran dans lequel Dieu se manifeste à une montagne et que cette dernière est pulvérisée, soulignant ainsi l’impossibilité d’une manifestation directe du Créateur dans Sa création : "Et lorsque Moïse vint à Notre rendez-vous et que son Seigneur lui eut parlé, il dit : "O mon Seigneur, montre Toi à moi pour que je Te voie !” Il dit : “Tu ne Me verras pas ; mais regarde le Mont : s’il tient en sa place, alors tu Me verras.” Mais lorsque son Seigneur Se manifesta au Mont, Il le pulvérisa, et Moïse s’effondra foudroyé. Lorsqu’il se fut remis, il dit : “Gloire à toi ! A Toi je me repens ; et je suis le premier des croyants”." (7:143)

[24] Yahyâ ’Alavi, "Qu’est-ce que l’islam chiite ?", programme radiophonique de la section francophone de l’IRIB.

[25] De manière générale, à l’envers de toutes les conceptions déterministes, le chiisme donne également un rôle éminent à l’homme dans la détermination de son destin, notamment lors de la fameuse "nuit du destin" (leylat al-qadr en arabe et shab-e qadr en persan) où chaque croyant, en restant éveillé et en prière, peut influer sur le cours des événements qui le concerneront durant l’année suivante.

[26] Qui n’est autre que l’homme parfait (insân kâmil).

 



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