La naissance miraculeuse de son Excellence ‘Isâ (as) selon les Evangiles, le Coran et les hadithsLa grossesse de Maryam (as) Après s’être isolée des siens, Maryam (as) se rend en un lieu éloigné, quand elle se trouve tenaillée par les douleurs de l’enfantement. Le Coran ne dit pas de quelle manière elle tombe enceinte. Jabra’îl a-t-il soufflé dans sa tunique, ou dans sa bouche ? Même s’il n’est pas vraiment important de le savoir, les exégètes discourent et divergent à ce sujet. Quoi qu’il en soit, « ce fait la conduit à se rendre du Temple de Jérusalem à un endroit éloigné ». Là , elle est tiraillée entre la crainte et l’espoir, comme inquiète et gaie en même temps. Elle pense par moments que cette grossesse aura une issue évidente. Elle se dit : « Supposons que je me tienne éloignée, quelques jours ou quelques mois, de ceux qui me connaissent, et que je vive ainsi, incognito dans cet endroit, que va-t-il arriver ? Qui admettra qu’une femme puisse être enceinte sans avoir connu de mari, si ce n’est qu’en ayant trahi sa chasteté ? Que ferais-je face à une telle accusation ? » En vérité, pour une vierge qui des années durant aura incarné le symbole de la pureté, de la chasteté, de l’abstinence, un exemple en matière d’adoration et de servitude envers Dieu, les pieux et les dévots parmi les Banî Isrâ’îl s’enorgueillissant de pouvoir se porter garants d’elle depuis sa plus tendre enfance, et qui a grandi sous la tutelle d’un grand prophète (as), pour une personne en somme, dont les qualités morales et la réputation de sainteté sont partout reconnues, il doit être particulièrement douloureux de ressentir un jour que tout ce capital spirituel est en danger, et qu’il manque de disparaître dans le gouffre de la calomnie, et qui plus est, de la pire des calomnies. Ceci constitue le troisième tressaillement qui a parcouru son corps. Elle ressent par ailleurs que : « Ce fils est le prophète de Dieu (as) promis, un grand présent venu du ciel. Dieu m’a fait l’annonce d’un tel fils. Il l’a fait exister par un procédé miraculeux, aussi, pourquoi me laisserait-Il seule ? Est-ce seulement possible qu’Il ne me défende pas face à une éventuelle calomnie ? J’ai toujours fait l’expérience de Sa grâce et j’ai toujours senti Sa miséricorde sur moi. » Il existe un débat entre les exégètes à propos de la durée de la grossesse de Maryam (as), bien que dans le Coran ce point soit tenu secret. Certains avancent qu’elle dure une heure, d’autres parlent de neuf heures, d’autres encore considèrent que sa durée est de six mois, de sept mois, de huit mois, voire de neuf mois comme pour les autres femmes. Cependant, cette question n’a pas tant d’influence sur la suite de ce récit. Il existe également des hadiths différents à ce propos. S’agissant de savoir où se trouve ce lieu qasî / قصي / éloigné, la plupart pensent à la ville de Nâsara / Nazareth. Il se peut également qu’elle demeure continuellement dans cette ville puis qu’elle fasse quelques pas à l’extérieur. Quoi qu’il en soit, sa grossesse touche à sa fin et commencent les instants pénibles de la vie de Maryam (as). La violente douleur de l’enfantement l’atteint alors qu’elle a quitté le lieu habité pour le désert, un désert vide d’êtres humains, sec, sans eau et sans appui ! Alors que dans cet état, les femmes s’appuient sur leurs connaissances et sur leurs amies, afin qu’elles les aident à accoucher de leur enfant, Maryam (as) se retrouve dans une situation d’exception ; ne voulant que personne ne la voie enceinte, malgré le début des douleurs de l’accouchement, elle prend seule le chemin du désert. Le Coran dit à ce sujet : « Les douleurs la surprirent auprès du tronc du palmier. Elle dit : ‘Malheur à moi ! Que ne suis-je déjà morte, totalement oubliée !’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 23). L’emploi de l’expression jidh‛i al-nakhlatî / جذع النخلة, considérant que jidh‛i / جذع désigne le tronc d’un arbre, indique que seul le tronc de cet arbre subsiste, c'est-à -dire que l’arbre est sec. A ce moment-là , une tempête de tristesse et de désarroi s’empare de Maryam (as) toute entière, cet être pur. Elle a un instant l’impression que ce qu’elle redoutait est en train de lui arriver, un instant où tout ce qui était caché se manifeste, aussi, elle pense que la pluie de flèches calomnieuses des gens sans foi viendra s’abattre sur elle. Dans cette situation de crise dans laquelle Maryam (as) pense à son honneur et à celui de sa famille, et craint les calomnies des gens, il est vital que la miséricorde de Dieu se penche sur elle une nouvelle fois, la tire de son trouble, et fasse resplendir le clair espoir dans les profondeurs de son cÅ“ur effrayé. Soudain, elle entend un son venir de sous elle. Ce son semble lui provenir soit du nouveau-né, soit de l’Esprit à l’apparence parfaite qui se trouve plus bas que l’endroit où elle se tient désormais. En résumé, il lui est dit : « Ne sois pas affligée. La miséricorde de Dieu est sur toi. Pour preuve, regarde sous tes pieds, tu verras une source dans laquelle tu pourras te laver et laver ton fils. Et si tu secoues le dattier sur lequel tu t’appuies, il fera tomber sur toi des dattes fraîches. Manges-en et bois de cette eau. Réjouis-toi de voir cet enfant. Face aux questions et aux objections des gens, fais le vÅ“u de jeûner pour ne pas avoir à t’adresser à eux, cela te sauvera vis-à -vis des difficultés qui prendront forme au-devant de toi. » Le Coran dit : « L’enfant qui se trouvait à ses pieds l’appela : ‘Ne t’attriste pas ! Ton Seigneur a fait jaillir un ruisseau à tes pieds.’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 24). Le style permet de comprendre que le pronom personnel, dans la phrase nâdâhâ / ناداها se rapporte à ‘Isâ (as), et non à l’Esprit dont le nom a été précédemment cité. Et cela confirme que min tahtihâ / من تØتها est également rattaché à ‘Isâ (as), car cela convient mieux à la préoccupation que le nouveau-né peut avoir de l’état de sa mère au moment de l’accouchement, qu’à la disposition de l’Esprit et de Maryam (as). De plus, le fait que le pronom se rapporte à ‘Isâ dans la phrase précédente comme dans la phrase qui suit fournit une confirmation supplémentaire que le pronom en question se rapporte bien à son Excellence (as), ici aussi. Certains exégètes prétendent que le pronom se rapporte à l’Esprit. Ils estiment que, comme Maryam (as) se trouve sur une hauteur et que Jabra’îl se trouve plus bas au moment de l’accouchement, c’est bien lui qui lui parle de l’endroit où il est. Cependant, on ne trouve aucune preuve allant dans ce sens dans ce qu’exprime le verset. Il n’est pas impossible que la position de la phrase nâdâhâ / ناداها par rapport à celle disant qâlat yâ laytanî / قالت يا ليتني... puisse être invoquée pour comprendre que c’est Maryam (as) qui la prononce au moment où elle accouche ou même après, et que c’est ‘Isâ (as) qui lui répond aussitôt allâ tahzanî… / ألا تØزني.... La phrase allâ tahzanî… / ألا تØزني... correspond à l’empathie que ‘Isâ (as) éprouve pour sa mère à l’heure où elle ressent un profond désarroi. Effectivement, aucune infortune n’est plus amère et plus sévère pour une femme chaste et pieuse que de voir son honneur et sa vertu bafoués, alors qu’en plus de cela, elle est une femme pure, et que plus encore, elle provient d’une famille réputée pour sa chasteté et sa pureté, en particulier lorsque la calomnie lui colle à la peau et qu’il ne se trouve aucun moyen de la désavouer, les preuves se trouvant toutes entre les mains de l’adversaire. C’est pourquoi ‘Isâ (as) recommande de ne pas dire un mot et de rester sur une attitude défensive. Son Excellence ‘Isâ (as) va lui-même prendre la défense de sa mère, car là est la preuve ultime qu’aucun de ceux qui rejettent les arguments ne peuvent rejeter. « Et regarde au-dessus de toi, vois de quelle manière le tronc sec s’est changé en un dattier fécond dont les fruits ornent les branches. » Ou, comme on peut le lire dans les versets suivants : « ‘Secoue vers toi le tronc du palmier ; il fera tomber sur toi des dattes fraîches et mûres.’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 25). « ‘Mange, bois et cesse de pleurer. Lorsque tu verras quelque mortel, dis : J’ai voué un jeûne au Miséricordieux ; je ne parlerai à personne aujourd’hui. ’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 26). En résumé : « Il n’est pas nécessaire que tu te défendes toi-même. Celui qui t’a fait don de cet enfant a également pris en charge le devoir de te défendre. Par conséquent, sois sans crainte à tous points de vue et ne te laisse pas aller à la tristesse. » Ces événements successifs qui, comme des étincelles brillantes, ont embrasé un espace saturé d’obscurité et de ténèbres, éclairent le cÅ“ur de Maryam (as) et lui confèrent un état de tranquillité savoureuse. La grossesse de Maryam (as) au regard des hadiths On rapporte de l’Imâm al-Bâqer (as) : « Jabra’îl saisit le collet de Maryam (as) et y souffle d’un souffle par lequel l’enfant qui se trouve dans son sein atteint sa pleine maturité en l’espace d’une heure, maturité qui dans la matrice des autres femmes nécessite neuf mois de temps. Oui, en l’espace d’une heure, cette femme se trouve enceinte, et sa grossesse est si visible que lorsque sa tante maternelle la regarde, elle ne la reconnaît pas. Maryam (as) a honte vis-à -vis d’elle (17) et vis-à -vis de Zakariyyâ (18) (as), aussi elle se met en route et part. » Certains exégètes estiment que sa grossesse dure neuf heures. C’est ce que l’on rapporte notamment de l’Imâm al-Sâdeq (as). Dans le Majma‛ al-Bayân, sous le verset : « Les douleurs la surprirent auprès du tronc du palmier. Elle dit : ‘Malheur à moi ! Que ne suis-je déjà morte, totalement oubliée !’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 23), on rapporte ces explications de l’Imâm al-Sâdeq (as) : « La raison pour laquelle Maryam (as) souhaite la mort est que parmi son peuple, il ne se trouve pas même un individu suffisamment brave et perspicace pour la disculper. » Dans le même ouvrage, sous le verset : « L’enfant qui se trouvait à ses pieds l’appela : ‘Ne t’attriste pas ! Ton Seigneur a fait jaillir un ruisseau à tes pieds.’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 24), on trouve cette explication : « Jabra’îl frappe le sol de son pied, ce qui fait jaillir une eau savoureuse. » D’autres exégètes nous l’expliquent autrement : « Au contraire, lorsque ‘Isâ (19) (as) frappe le sol de son pied, une eau sort et se met à couler. » C’est d’ailleurs ce que l’on rapporte de l’Imâm Abî Ja‛far (20) (as). Dans un autre hadith, également cité dans le même livre, Ibn ‘Umar rapporte de son Excellence qu’il s’agit d’un ruisseau que Dieu fait sortir de terre pour Maryam (as) pour qu’elle puisse se désaltérer. Le Khisâl qui compte quatre cents paragraphes rapporte que ‘Alî (as) déclare : « La femme enceinte ne peut rien manger de meilleur que la datte fraîche, et c’est pourquoi Dieu a dit à Maryam (as) : ‘Secoue vers toi le tronc du palmier ; il fera tomber sur toi des dattes fraîches et mûres. Mange, bois et cesse de pleurer. Lorsque tu verras quelque mortel, dis : J’ai voué un jeûne au Miséricordieux ; je ne parlerai à personne aujourd’hui. ’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 25 et 26). Le même contenu se retrouve tant dans les hadiths sunnites rapportés de l’Envoyé de Dieu (s) que dans des hadiths shiites rapportés de l’Imâm al-Bâqer (as). Dans le Kâfî, Kulaynî rapporte lui-même de Jarrâh al-Madâ’inî, qui le rapporte de l’Imâm al-Sâdeq (as) : « Le jeûne ne consiste pas seulement à s’abstenir de manger et de boire. » Là , il récite : « ‘Lorsque tu verras quelque mortel, dis : J’ai voué un jeûne au Miséricordieux ; je ne parlerai à personne aujourd’hui.’ (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 26). Ici il est question du jeûne du silence. » Dans un autre hadith, il précise : « Ici il est question du jeûne du silence. Alors vous aussi, lorsque vous jeûnez, surveillez votre langue, fermez vos yeux, ne vous querellez pas, ne vous jalousez pas les uns les autres… » Dans le livre de Sa‛d al-Sa‛ûd ibn Tâwûs, il est rapporté du livre de ‘Abd al-Rahmân ibn Mohammad Azadî : « Samâk ibn Harb m’a rapporté de Mughayra ibn Shu‛ba : ‘L’Envoyé de Dieu (s) m’a envoyé à Najrân afin de les appeler [à l’islam]. Ils m’ont opposé une objection à laquelle je me suis trouvé incapable de répondre. Ils m’ont dit : Votre Coran dit que Maryam (as) est la sÅ“ur de Harûn (21) (as), on y lit : Ô sÅ“ur de Hârûn, or un trop grand nombre d’années les sépare. Je me suis alors rendu auprès de l’Envoyé de Dieu (s) et lui ai exposé mon problème. Il m’a dit : Pourquoi ne leur as-tu pas répondu que chez eux, il est courant de donner aux gens les noms des prophètes (as) et des pieux parmi leurs ancêtres ? ’ » Dans le Tafsîr al-Durr al-Manthûr, ce hadith est rapporté de manière détaillée, tandis qu’il apparaît de façon résumé dans le Majma‛ al-Bayân. Cela dit, les deux ouvrages rapportent ces propos de Mughayra ibn Shu‛ba, qui les rapporte de l’Envoyé de Dieu (s). Pour résumer, les propos relatés précisent que dans la phrase « Ô sÅ“ur de Hârûn », Hârûn est le nom d’un homme qui porte le même nom qu’Hârûn (as) le prophète et frère de Mûsâ (22) (as). Précisons qu’en outre, rien ne prouve que l’homme dont le nom est cité ici compte parmi les pieux, comme certains ont pu le penser. Le Kâfî et le Ma‛ânî al-Akhbâr rapportent de l’Imâm al-Sâdeq (as) à propos du mot mubârakan / مبارك, qui apparaît dans le verset 31 de la sourate Maryam (Marie) : « Il m’a béni, où que je sois », qu’il s’agit d’utilité [ce qui donne : « Il m’a rendu utile, où que je sois. »]. Ce hadith, dans le Durr al-Manthûr, est rapporté par les auteurs des recueils de hadiths rapportés du Prophète (s) par Abû Hurayra de la manière suivante : afin d’expliquer le sens des paroles de ‘Isâ (as) lorsqu’il dit : « Il m’a béni, où que je sois », l’Envoyé de Dieu (s) a dit que cela avait pour sens : « Quel que soit la direction vers laquelle je me tourne, que je sois utile aux gens. » C’est dans le Durr al-Manthûr qu’Ibn ‘Adî et Ibn ‘Asâkar rapportent d’Ibn Mas‛ûd que l’Envoyé de Dieu (s) a dit afin d’expliquer cette même phrase : « C'est-à -dire : ‘Il a fait de moi un précepteur.’ » Dans le Kâfî, Kulaynî rapporte lui-même d’Al-Kanâsî : « J’ai demandé à Abû Ja‛far (23) (as) : ‘Lorsque ‘Isâ ibn Maryam (as) s’adressait aux gens depuis son berceau, était-il l’Argument de Dieu (24) pour les gens de son époque ?’ Il m’a répondu : ‘Il était alors prophète et Argument de Dieu, mais il n’était pas encore envoyé (mursal / مرسل). N’as-tu pas entendu lorsqu’il dit : « Je suis, en vérité, le serviteur de Dieu. Il m’a donné le Livre ; Il a fait de moi un Prophète ; Il m’a béni où que je sois. Il m’a recommandé la prière et l’aumône – tant que je vivrai –. » ?’ (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 30 et 31). Je lui ai alors demandé : ‘Par conséquent, à ce stade de l’enfance, à ce moment déjà , il était l’Argument de Dieu pour Zakariyyâ (as) ?’ Il m’a répondu : ‘A ce moment, ‘Isâ (as) était le signe de Dieu (25) et une miséricorde de Sa part envoyé à Maryam (as). Lorsqu’il prit la parole et défendit Maryam (as), il était pour chacun de ceux qui entendaient ses paroles, un prophète et l’Argument de Dieu. Bien entendu, tant qu’il s’exprimait, il était l’Argument de Dieu, et lorsqu’il se tût, durant les deux années où il ne dit rien, c’était Zakariyyâ (as) qui était l’Argument de Dieu pour Maryam (as). Après la mort de Zakariyyâ (as), c’est son fils Yahyâ (26) (as) qui hérite de lui du Livre et de la Sagesse, alors qu’il n’est lui-même également qu’un petit enfant. N’as-tu pas entendu les paroles de Dieu : « ‘Ô Jean ! Tiens le Livre avec force !’ Nous lui avons donné la Sagesse alors qu’il n’était qu’un petit enfant. » ? (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 12) Lorsque ‘Isâ (as) a atteint l’âge de sept ans, il fut appelé à la prophétie, car c’est à ce moment-là que Dieu a fait descendre sur lui la révélation. Par conséquent, ‘Isâ (as) est l’incarnation même de l’Argument de Dieu pour Yahyâ (as) pour tout le monde. En vérité, Ô père de Khâled, depuis le commencement, lorsque Dieu a créé Âdam (as) et l’a placé sur la terre, jamais la terre ne s’est trouvée vide de l’Argument de Dieu, ne serait-ce qu’un seul jour.’ » Maryam (as) revient vers son peuple accompagnée de l’enfant Lorsque Maryam (as) entend le message des anges lui annonçant que son enfant peut parler depuis son berceau, elle se tranquillise et c’est pourquoi après sa naissance elle revient vers son peuple en sa compagnie. « Elle se rendit auprès des siens en portant l’enfant. » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 27). Lorsque les gens de son peuple voient le nouveau-né dans ses bras, ils manifestent leur étonnement. Alors qu’ils connaissaient la vertu de Maryam (as) et avaient entendu louer sa piété et les miracles qu’elle avait suscité, les voici fortement inquiets, à tel point que certains en viennent à douter, et que d’autres plus encore se mettent à la juger avec empressement jusqu’à l’invectiver et à la blâmer, s’écriant : « Quel dommage pour ces glorieux antécédents, perdus par cette pollution ! Il est cent fois dommage que cette famille pure soit ainsi discréditée ! » « Ils dirent : ‘Ô Marie ! Tu as fait quelque chose de monstrueux ! » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 27). Certains s’exclament : « Ceci est étrange ! » D’autres s’interrogent : « Quel est cet acte abominable ? » Ils l’interpellent : « Ô sÅ“ur d’Aaron ! Ton père n’était pas un homme mauvais et ta mère n’était pas une prostituée (alors pourquoi as-tu abandonné leur voie et emprunté une voie inconvenante ? Chacun sachant bien que Maryam (as) ne s’était pas mariée…). » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 28). Le fait qu’ils l’appellent : « Ô sÅ“ur d’Aaron ! » suscite différentes interprétations parmi les exégètes, or ce qui semble le plus juste est que Hârûn soit un homme pur et vertueux, ce que corrobore une expression proverbiale qui a cours parmi les Banî Isrâ’îl (27) et qui dit à propos de celui ou celle qui l’on veut faire connaître en tant que pur(e) : « Il est le frère / elle est la sÅ“ur de Hârûn. » Dans le Majma‛ al-Bayân, feu Tabarsî rapporte cette même explication dans un court hadith attribué au prophète (s). Dans un autre hadith présent dans le livre Sa‛d al-Sa‛ûd, nous lisons : « Le Prophète (s) a envoyé Mughayra à Najrân (afin d’inviter les chrétiens à l’islam). Un groupe de chrétiens dirent afin (d’ergoter à propos du Coran) : ‘N’est-il pas écrit dans votre livre : Ô sÅ“ur d’Aaron ! alors que nous savons que s’il s’agit-là du frère de Mûsâ (as), il se trouve une trop grande période de temps qui sépare Maryam (as) de Hârûn (as) ?’ Comme Mughayra ne parvient pas à répondre, il expose le problème au Prophète (s), qui lui dit : ‘Pourquoi ne leur as-tu pas répondu qu’il est habituel parmi les Banî Isrâ’îl d’identifier les gens bienfaisants au prophètes (as) et aux vertueux ?’ » Face à ces objections, Maryam (as), recevant un ordre occulte, désigne le nouveau-né. Ce qui veut dire en somme : « La réponse à vos questions est à la charge de cet enfant. » La voyant désigner l’enfant, ils s’enfoncent davantage dans la stupéfaction et s’insurgent : « Comment parlerions-nous à un petit enfant au berceau ? » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 29). Afin d’écarter l’accusation portée contre elle pour avoir mis au monde un enfant sans père, Maryam (as), sur l’ordre de Dieu, désigne le berceau de son nouveau-né, ‘Isâ (as). Là , l’enfant se met à parler et expose dans un langage éloquent et clair sa propre servitude à l’égard de Dieu. Il révèle également sa qualité de prophète, et le fait qu’il n’est pas possible qu’un prophète doué d’une telle majesté soit issu d’un sein pollué. Il établit ainsi par la même occasion, miraculeusement, la chasteté de sa mère. Le discours fait par le Masîh (as) depuis son berceau
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