La naissance miraculeuse de son Excellence ‘Isâ (as) selon les Evangiles, le Coran et les hadiths



La biographie de Maryam (as) et de son fils (as) est constellée de miracles. Afin d’être soulagée face à l’opposition et aux reproches que lui adressent les gens, Maryam (as), sur l’ordre de Dieu, se tait. La seule chose qu’elle fait est de désigner son nouveau-né, ‘Isâ (as), ce qui ne fait que susciter davantage la perplexité des témoins de la scène. Il se peut que certains, avec le sentiment d’être raillés, aient dit de colère: « Maryam (as), par cet acte que tu as accompli, tu fais de ton peuple la risée de tous. Â» Quoi qu’il en soit, ils lui demandent : « Comment parlerions-nous à un petit enfant au berceau ? Â» (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 29). Là, son Excellence le Masîh (as) prononce plusieurs phrases, ce qui dissipe les calomniateurs et ferme la voie à l’excès et à la frénésie. Car il s’agit bien là d’ignorants, d’excessifs et de calomniateurs. A cause de leur ignorance, une partie des Banî Isrâ’îl se livre à l’excès, accusant Maryam la Vierge (as) d’impureté, tandis que l’autre partie, toujours sous l’effet de l’ignorance, commet l’excès de considérer ‘Isâ (as) comme le fils de Dieu. Cependant, ‘Isâ (as), depuis son berceau, s’interpose et contient la calomnie par un discours si lumineux qu’il met un terme aux conséquences de cette ignorance. L’explication est que le fait qu’il s’exprime depuis son berceau constitue un miracle, or jamais personne impure n’a occasionné un miracle ou rendu manifeste un signe de Dieu. De ce fait, son Excellence ‘Isâ (as), lorsqu’il se met à parler, établit pour tous : « Je suis pur et je suis venu au monde de ma mère pure. Â» Son discours ferme la porte aux débinages des calomniateurs, à toute éventualité qu’une personne prétende : « â€˜Isâ (as) est le fils de Dieu. Â» Sur l’ordre de Dieu, cet enfant fait alors un discours et se présente lui-même par ces qualités :

1 – Je suis le serviteur de Dieu. 2 – Le Livre m’a été donné. 3 – J’ai été placé parmi les prophètes (as). 4 – Mon être, où qu’il se trouve, constitue une source de bénédiction. 5 – On m’a recommandé d’offrir la prière et l’aumône tant que je serai en vie. 6 – Je suis bon envers ma mère et jamais je ne suis hautain ni cruel. 7 – Le jour de ma naissance, comme le jour de ma mort, et comme le jour où je serai ressuscité, je suis inscrit dans la miséricorde divine, comme on peut le lire ici : « Je suis, en vérité, le serviteur de Dieu. Il m’a donné le Livre ; Il a fait de moi un Prophète ; Il m’a béni où que je sois. Il m’a recommandé la prière et l’aumône – tant que je vivrai –et la bonté envers ma mère. Il ne m’a fait ni violent, ni malheureux. Que la Paix soit sur moi, le jour où je naquis ; le jour où je mourrai ; le jour où je serai ressuscité. Â» (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 30 à 33). Il apparaît donc dans les versets de la sourate Maryam que ‘Isâ (as) parle dès les premiers jours de sa vie, ce qui est normalement impossible pour un nouveau-né et constitue en soi un grand miracle. Cependant, le fait de parler à l’âge adulte et à l’heure de la vieillesse est une chose tout à fait normale, or, s’il est question dans le verset de ces deux âges, il se peut que ce soit pour expliquer que s’il s’exprime déjà de cette façon dans son berceau, lorsqu’il sera adulte et aura atteint l’apogée de sa vie, il produira un discours mesuré, lumineux et expérimenté, et non une parole enfantine. Il se peut également que cette formulation désigne la réalité que le Masîh (as), de sa prime jeunesse à l’heure de sa vieillesse, exprime constamment une parole de vérité et qu’il se maintient sur la voie de la guidance des créatures. En sus, cette formulation au sujet de ‘Isâ (as) semble caractériser une prédiction et désigner son avenir, car nous savons, conformément à l’histoire, que son Excellence le Masîh (as) n’atteindra pas un âge avancé dans ce monde : il sera enlevé à l’humanité à l’âge de trente-trois ans, lorsque Dieu l’emportera au ciel. Selon de nombreux hadiths, il reviendra (28) parmi les gens au moment de l’apparition de son Excellence le Mahdî ('aj) (29) , et il s’adressera à eux comme il l’a fait au tout début de sa vie.

L’expression mina-s-salehîn / من الصالحين / au nombre des justes, que l’on trouve dans ce verset : « Dès le berceau il parlera aux hommes comme un vieillard ; il sera au nombre des justes. Â» (sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 46), nous indique que d’être juste représente le plus grand des honneurs que puisse recevoir l’être humain, un honneur si grand qu’il semble bien que l’ensemble des valeurs humaines s’y côtoient. Son Excellence (as) n’est absolument pas troublée par la question relative à sa naissance, même si c’est de là que proviennent toutes les difficultés soulevées par les gens, pour le simple fait qu’un enfant qui vient de naître prenne la parole constitue un miracle qui, quoi que l’on puisse dire, ne laisse subsister aucun doute et impose son caractère véridique. En particulier si l’on considère qu’à la fin de son discours, il appelle le salâm (30) sur lui-même, attestant en cela de sa pureté et de son exemption à l’égard de toute souillure, de tout vice, nous informant sur la pureté de sa constitution. ‘Isâ (as) commence son discours en disant : « Je suis, en vérité, le serviteur de Dieu. Â» Il avoue son état de servitude à l’égard de Dieu, il barre la route aux exagérateurs et aux excessifs et leur adresse un ultime avertissement, comme on peut le voir à la fin de sa prise de parole : « Dieu est, en vérité, mon Seigneur et votre Seigneur. Adorez-Le ! Voilà la voie droite ! Â» (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 36). Il informe les gens que le Livre lui a été donné - qui apparemment fait référence à l’Evangile (31) -, puis il fait l’annonce de sa qualité de prophète. Cette phrase fait apparaître qu’à ce moment-là, ‘Isâ (as) n’est que nabî (32) / نبي. Ce n’est que plus tard que Dieu le sélectionnera en tant que « porteur de messages Â». Pourtant, ses paroles nous font comprendre qu’à ce moment précis, le Livre et la qualité de prophète lui ont été donnés. Rien ne nous prête à croire que ces mots concernent l’avenir. « Il m’a béni où que je sois. Il m’a recommandé la prière et l’aumône – tant que je vivrai - Â» (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 31). Le fait qu’il soit béni où qu’il se trouve, signifie qu’il est lui-même le lieu de la bénédiction, la bénédiction au sens où il fait croître le bien. Ce qui veut dire qu’il revêt un grand intérêt pour les gens, car plus tard il leur enseignera le savoir à leur profit, il les invitera à la bonne action, il les instruira à une civilité plus nette, il guérira la cécité, la lèpre, il amendera les puissants, il fortifiera les faibles et leur viendra en aide. Dans la phrase suivante, il indique que dans la loi qui est la sienne, la prière et l’aumône sont prescrites. La prière consiste à ce que l’attention du serviteur soit exclusivement tournée vers Dieu le Glorifié, et l’aumône consiste à donner de ses biens. Ces deux décrets apparaissent plus de vingt fois dans le Coran de manière symétrique, par conséquent, il n’y a pas lieu de nous attarder sur ce que certains prétendent, à savoir que l’aumône désigne la purification de l’âme et ne concerne pas obligatoirement les biens matériels.

A la suite de son discours, ‘Isâ (as) dit qu’il a été rendu bienfaisant envers les gens, ce qui se manifeste dans la bonté qu’il a à l’égard de sa mère. Il dit aussi qu’il n’est ni oppressif ni cruel envers les autres. On dit de quelqu’un qu’il est jabbâr / جبار lorsqu’il impose sa tyrannie aux autres tandis qu’il ne subit pas lui-même la tyrannie des gens. Ibn ‘Atâ’ rapporte que le jabbâr / جبار est celui qui ne veut pas le bien. On dit de quelqu’un qu’il est shaqî / شقي lorsqu’il n’agréé par la bienfaisance venant des autres. Ce qui est étonnant ici est qu’au cours de la description qu’il fait de lui-même, ‘Isâ (as) mentionne sa bonté envers sa mère, alors que c’est exactement le contraire de ce que l’on peut déduire des Evangiles canoniques.

Au cours de son existence, son Excellence ‘Isâ (as) mentionne les trois jours particuliers qui comportent une importance prépondérante pour les êtres humains. Car chacun de ces trois jours se situe à l’aube d’une nouvelle vie : le jour de la naissance, le jour du trépas et le jour de la résurrection.

Le huitième Imâm (33) (as) dit : « En trois occasions l’être humain est amené à ressentir plus de frayeur qu’en d’autres circonstances : 1 – Le jour où il vient au monde. 2 – Le jour où il trépasse et aborde l’autre monde ainsi que ceux qui l’habitent. 3 – Le jour où il est ressuscité et voit les décrets et les jugements qu’il ne voyait pas dans ce monde. Dieu répand Ses salutations sur Yahyâ (as) en ces trois circonstances, comme Il les répand sur le Masîh (as) en ces trois circonstances. Après avoir exposé cette biographie, le Coran rappelle que la biographie du Masîh (as) est ainsi faite, que la parole de vérité à propos de sa naissance est ainsi que nous l’avons entendue : « Celui-ci est Jésus, fils de Marie. Parole de Vérité dont ils doutent encore. Â» (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 34).



Notes

1- Jésus (as). (Texte traduit du persan. Les notes sont du traducteur et les traductions des passages du Coran de Denise Masson).

2- Il s’agit généralement des cinq grands prophètes, soit Nûh / Noé (as), Ibrâhîm / Abraham (as), Mûsâ / Moïse (as), ‘Isâ / Jésus (as) et Mohammad (as). Il arrive que leur nombre change, ou que l’un laisse la place à un autre. La grande question consistant à savoir si Âdam (as) en fait partie ou pas. D’après Majlesî, la qualité de ‘Ûlû al-‘azm a trait au degré de fermeté de ces prophètes (as), qui est notamment mesuré par la rapidité à laquelle ils ont répondu à la question primordiale (Ne suis-Je pas votre Seigneur ?), lors du grand rassemblement des futures créatures, dans la préexistence.



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