Les usages en société selon le CoranPar conséquent, ce verset que nous évoquons ici concerne le fait de pénétrer dans des maisons dans lesquelles personne n’habite de façon permanente, comme les hôtels, les hammams, les moulins, etc., car de même que ces édifices sont publics, l’autorisation d’y entrer est commune. On a souvent dit que le sens du mot traduit par « appartenant » est un substantif désignant en réalité les lieux où on achète et vend des biens, des choses, comme les cours couvertes et les bazars pour lesquels la permission d’entrer est commune. Or cela reste improbable car le vocabulaire employé dans le verset ne comporte pas cette signification. « Dis aux croyants de baisser leurs regards, d’être chastes. Ce sera plus pur pour eux. Dieu est bien informé de ce qu’ils font. » Le terme traduit par « baisser » désigne le fait de fermer les paupières, tandis que le mot traduit par « regards » débouche sur la recommandation de baisser les yeux, de préserver l’intimité, tout en ordonnant la pudeur, le fait de ne pas dévoiler les beautés… et désigne donc bien les yeux en tant qu’organes. De là , il est clair qu’il s’agit pour les croyants de commencer par fermer les yeux, au sens propre. Ensuite, dans la phrase « Dis aux croyants de baisser leurs regards », là où le mot « baisser » résulte de l’injonction « Dis », cette même succession des termes prouve inévitablement que le mot « Dis » est un ordre et que la phrase exprime : « Ordonne aux croyants de baisser leurs regards. » Elle dit en réalité : « Ordonne-leur de baisser leurs regards, car si tu le leur ordonnes, ils fermeront les yeux. » Ce verset, au lieu d’interdire de diriger le regard, ordonne de fermer les yeux, ce qui ne fait pas de différence. Cet ordre exprime cette même interdiction, et comme cet ordre est absolu, il est autant interdit aux hommes de regarder une femme étrangère qu’aux femmes de regarder un homme étranger. De même, l’expression « être chastes » (2) a pour sens : ordonne-leur de préserver leurs parties intimes, car les mots faraja et farj désignent une fente située entre deux choses, dont on a fait la métaphore des parties intimes. Dans le noble Coran, qui constitue la source de la morale et de la civilité, cette métaphore est toujours employée, de telle sorte que cela a été repris dans l’usage coutumier, en raison de la multitude des termes employés pour désigner cette partie du corps. La symétrie qui apparaît en arabe entre « baisser leurs regards » et « être chastes » fait penser que ce que désigne le fait de préserver ses parties intimes, de les cacher du regard des non-mahram (3) et non seulement de les préserver de l'acte sexuel illicite. Dans un hadith de l’Imâm al-Sâdeq (as) il est dit : « L’ensemble des versets du Coran portant sur la préservation des parties intimes a pour sens la préservation vis-à -vis de l'acte sexuel [illicite], hormis ce verset qui désigne le fait de les préserver du regard. » Par conséquent, il est probable que la première de ces deux assertions forme un enchaînement avec la seconde et que le verset a pour sens unique l’interdiction de regarder les parties intimes, et l’ordre de les couvrir. Là , le verset indique la ligne de conduite appropriée. En l’exposant de la sorte, il incite les gens à y faire attention : « Cela est mieux, cela vous purifie, de plus Dieu est informé de ce que vous faites. » « Dis aux croyantes de baisser leurs regards… » Les mots sont les mêmes que dans la phrase précédente. Ainsi, il n’est pas non plus permis aux femmes de regarder ce que les hommes n’ont pas le droit de regarder. Et il leur est également obligatoire de couvrir leur nudité vis-à -vis du regard de la personne étrangère – qu’il soit question d’un homme ou d’une femme. Or, lorsque Dieu dit : « de ne montrer que l’extérieur de leurs atours », le mot « ibda’ » à le sens de « montrer », et a pour objet les sièges de la beauté. Il n’est pas interdit de montrer les ornements comme les boucles d’oreilles, les bracelets. Il est bien question des endroits où réside la beauté. Apparemment, Dieu le Très-Haut a fait une exception à ce décret en ce qui concerne ce qui est apparent. Selon le hadith, « ce qui apparent » désigne le visage, les deux mains et les deux pieds. « …de rabattre leurs voiles sur leurs poitrine. » Le mot « khumur » avec un « u » est le pluriel de « khumâr », et dans cette phrase cela désigne le voile dans lequel la femme enveloppe sa tête en laissant les pans tomber sur sa poitrine. Le mot « juhûb » est le pluriel de « jayb » (4) qui désigne la poitrine. Il s’agit donc pour les femmes de laisser tomber leur voile de sorte qu’il descende jusque sur leur poitrine. « … de ne montrer leurs atours qu’à leurs époux… ou aux fils de leurs sœurs… » Le mot « bu‛ûlat » désigne les époux. En dehors de l’époux, les sept types de proches cités, qu’ils le soient par la naissance ou par les alliances, sont ceux que l’on appelle les mahrams. Les aïeuls de l’époux ont le même statut que son père, et ses petits-enfants ont le même statut que ses enfants. Le fait d’avoir ajouté « nisâ’ihînn » (« les femmes » (5) ) indique le fait que celles que l’on nomme « nisâ’ » sont les croyantes, car il n’est pas licite pour une femme croyante de se déshabiller devant une femme non-croyante, ce qui est expliqué dans de nombreux hadiths des Imâms des Gens de la Demeure prophétique (as). Dans la phrase « … ou à leurs esclaves… » les termes « malakat aymanuhunn » recouvrent à la fois les servantes et les esclaves, cette application du mot étant également tirée des hadiths. De même que cela va rapidement se produire, cette phrase est l’un des cas pour lesquels le mot « mâ » a questionné les esprits des Compagnons. Il a été ici employé dans le sens de « min – celui qui ».
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