II. Après la Hijra



 Il retournera parmi nous encore". Brandissant son épée, il s'écria : "Je couperai la tête de quiconque oserait dire que le Prophète est mort". Alors que `Omar haranguait les gens de cette façon, Abû Bakr apparut.

IL écouta `Omar pendant un moment, puis emprunta la porte de l'appartement de `Âyechah, où il enleva à son tour le drap couvrant le corps du Prophète, se pencha sur lui et l'embrassa sur le front. Puis en posant la tête sur ses mains, il la leva légèrement et scruta les traits du visage minutieusement. Puis, reposant la tête doucement sur l'oreiller, il s'exclama: "Oui, doux tu étais dans la vie et doux tu es dans la mort. Hélas mon maître ! Tu es effectivement mort". Recouvrant le corps, il s'avança et se dirigea tout de suite vers l'endroit où `Omar brandissait son épée et haranguait les gens. "Calme-toi `Omar ! Assieds-toi !" s'écria-t-il. Mais `Omar ne l'écouta pas.

IL se tourna alors vers l'assistance et dit : "Avez-vous déjà oublié le verset coranique qui avait été révélé au Prophète après le jour d'Ohod («Mohammad n'est qu'un Prophète; des prophètes sont morts avant lui. Retourneriez-vous sur vos pas, s'il mourait ou s'il était tué ?", (Sourate Âle `Imrân, verset 144). Et ignorez-vous l'autre verset coranique révélé au Prophète : "Tu vas sûrement mourir, (Ô Mohammad) et eux aussi vont mourir" (Sourate al-Zomar, 30). Et Abû Bakr de poursuivre : "Que celui qui adore Mohammad sache que Mohammad est vraiment mort, mais que celui qui adore Dieu sache que Dieu est immortel :

IL est vivant et ne meurt pas". La vérité étant à présent connue, l'assistance se mit à pleurer à chaudes larmes. On eût dit que les gens n'avaient jamais eu connaissance auparavant de ces versets coraniques, puisqu'on dut les leur répéter.

  Omar lui-même, en les entendant fut frappé d'horreur. Plus tard il dira qu'ayant entendu Abû Bakr réciter lesdits versets, il se mit à trembler et s'écroula, et qu'il sut après avec certitude que le Prophète était vraiment mon. Om Aymân avait envoyé un messager à son fils Osâmah à Jorf pour l'informer de la condition critique du Prophète.

Osâmah avait déjà donné l'ordre à l'armée de se mettre immédiatement en marche et son pied était sur l'étrier lorsque le messager de sa mère arriva. Abasourdi par la nouvelle, Osâmah dispersa l'armée et retourna à Médine précédé par Boraydah B. al-Haçib, son porte-drapeau qui se dirigea directement vers le Masdjid où il planta l'étendard à la porte de la maison dans laquelle le Prophète était étendu mort.

Peu après ces péripéties, dans l'après-midi, un ami vint précipitamment vers Abû Bakr et `Omar au Masdjid pour les informer que plusieurs notables de Médine s'étaient réunis dans Saqîfah Banî Sâ`idah et qu'ils étaient en train d'élire comme dirigeant Sa`d B. `Obâdah. "Si vous voulez détenir l'Autorité Suprême, vous n'avez pas un moment à perdre, et vous devez arriver là-bas avant que l'affaire soit réglée et que l'opposition devienne dangereuse", leur dit-il. Ayant entendu cette nouvelle, Abû Bakr et `Omar accoururent à Saqîfah en compagnie d'Abû `Obaydah et de plusieurs autres personnes.

Le Lavage Rituel et l'Enterrement du Prophète.

  Entre-temps, `Ali, ignorant ce qui se tramait à l'extérieur était occupé, à l'intérieur de la maison, à la préparation du lavage du corps du Prophète, en compagnie de `Abbâs et de ses deux fils, Fadhl et Qutham, ainsi que d'Osâmah et Çâleh ou Charqân. Ayant fermé la porte de l'appartement et arraché un rideau d'un drap de tissu du Yémen, ils y mirent le corps pour le laver.

   Ali était la seule personne désignée par le Prophète pour laver son corps (comme il l'avait d'ailleurs prédit lorsqu'il avait donné le premier bain à `Ali au moment de sa naissance) puisqu'il avait dit que tout personne autre que `Ali qui regarderait sa nudité serait aveugle sur-le-champ. Ainsi `Ali lava le corps et les autres l'aidèrent.

 Après le lavage du corps, ils l'amenèrent dehors et ils le revêtirent des vêtements dans lesquels il était mort. Deux draps de beau tissu blanc furent enroulés autour du vêtement et au-dessus de tout cela fut posé un drap de tissu rayé du Yémen. Puis vint le moment de la prière sur le corps.

 Tout d'abord les proches parents, suivis par les Partisans et les Compagnons du Prophète, entrèrent dans la maison par groupes de dix personnes à la fois, et prièrent sur lui. Le corps resta ainsi jusqu'au moment de l'enterrement.

Les gens tombèrent en désaccord quant au lieu d'enterrement du Prophète. La question fut tranchée par `Ali qui affirma avoir entendu le Prophète dire que là où un Prophète meurt il doit être enterré. A Médine, il y avait deux fossoyeurs, Abû `Obaydah al-Jarrâh qui creusait les tombes des Mecquois et Abû Talhah Zayd B. Sâhel qui creusait les tombes des Médinois. `Abbâs envoya un homme pour les chercher tous les deux. Abû `Obaydah n'était pas chez lui, étant donné qu'il se trouvait avec Abh Bakr et `Omar à Saqîfah, occupé aux questions du Califat (la succession du Prophète); donc on ne pouvait pas faire appel à ses services. Abû Talhah vint et creusa le tombeau du Prophète.

L'enterrement eut lieu le mardi dans la nuit, ou le mercredi, t6t le matin. Le corps fut descendu dans le tombeau par les mêmes proches parents qui l'avaient lavé et transporté dehors. `Ali fut la dernière personne à quitter l'intérieur du tombeau. Le Lahad, ou la voûte, une fois refermé, le tombeau fut rempli de terre arrosée d'un peu d'eau.

 Les gens quittèrent alors la tombe et se dirigèrent vers la maison de Fatima pour la consoler dans son deuil. `Âyechah continua à vivre dans la chambre contiguë à celle qui abritait le tombeau.

 



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