Oumar, le deuxième califeEn l'an l5 A.H., tout le pays de Jordanie fut conquis. En l'an 16 A.H. `Omar se rendit à Jérusalem et y conclut un traité. Takift fut pris. Khâlid défit les Romains près de Kinnisrine ou Chalcia. Ces conquêtes lui valurent le retour de la faveur du Calife, lequel le nomma Gouverneur de Kinnisrine. Par la suite Alep, puis Antioche - la troisième métropole du monde - tomba. La Syrie, depuis l'extrême nord jusqu'à la frontière de l'Egypte, fut mise sous l'autorité de l'Islam, et l'Empereur romain Héraclius abandonna pour toujours la Syrie. Seul Caesaria resta sous la domination romaine. Al-Ahwâz et Madâ'in furent conquis la même année. Dans la bataille de Jalola, l'Empereur persan, Pazdjir, ayant été défait, fuit à Ray, la Capitale du nord de la Perse, en direction de la mer Caspienne. Les ruines de Ray existent toujours, jusqu'à un certain point, à environ dix kilomètres au sud-est de Téhéran. La cité royale fut envahie et démolie par No` aym qui posa la fondation d'une nouvelle ville en 22 A.H. Ziyâd Parmi les prisonniers de guerre faits à Jalola, figurait un jeune homme appelé Ziyâd qui se distinguait par sa vivacité et son adresse. Il fut envoyé à Médine, en même temps que le cinquième du butin, au Calife. On avait des doutes sur sa naissance. Son père était, disait-on, l'omayyade Abû Sufiyân qui, en état d'ivresse, aurait couché avec la mère du jeune homme, une esclave appartenant à une autre personne de Tâ'if. Ziyâd aurait donc été le fruit de cet épisode galant. Plus tard il présenta des signes de ses grands talents administratifs. Abû Mûsâ al- Ach`arî, le Gouverneur de Basrah, lui transféra les sceaux de sa fonction. Plus tard il sera reconnu par Mu`âwiyeh (fils d'Abû Sufiyân) comme étant son frère, au mépris du public, scandalisé par cette reconnaissance illégale (selon la loi islamique). Il jouera par la suite un r6le important dans l'Histoire de l'Islam. L'Ere Musulmane
Au mois de Rabî` I de la même année, l'Ere de l'Hégire, avec l'année commençant par le mois de Moharram, fut adoptée sur le conseil de `Ali Ibn Abî Tâlib. La Révocation de Khâlid
En l'an l7 A.H., Basrah et Kufah furent fondées. Khâlid fit une fois encore l'objet de la disgrâce de `Omar. Il s'était enrichi considérablement avec les butins de guerre en Mésopotamie. Beaucoup de ses vieux amis d'Irak s'étaient attroupés autour de lui dans l'espoir de quelque geste de bonté de sa part. Il avait donné mille pièces d'or à Ach`ath, le chef de Banî Kindah, et fait montre de beaucoup de largesse envers de nombreux autres amis. Les extravagances de Khâlid suscitèrent donc la colère de `Omar beaucoup plus que le fait d'avoir appris qu'il s'était baigné dans le vin à Amida, au point qu'il en exhalait l'odeur lorsqu'il marchait. Khâlid fut inculpé par le Calife pour ces deux charges, mais lorsqu'il se présenta à Médine pour être jugé, seule l'extravagance fut retenue contre lui. Pour sa défense, il dit qu'il avait en tout et pour tout amassé soixante mille pièces qu'il avait obtenues comme butin de guerre, principalement pendant le Califat d'Abû Bakr. Il proposa que si la fortune amassée excédait cette somme, l'excédent en soit confisqué par l'Etat. Ainsi, on procéda à l'évaluation de ses biens, dont la valeur fut estimée à quatre-vingt mille pièces. `Omar confisqua donc la différence entre la somme déclarée et l'estimation finale, et démit Khâlid de ses fonctions. Ce dernier se retira à Himç où il mourut en l'an 8 du Califat de `Omar. Ainsi, l'homme à qui Abû Bakr avait dû tous les succès de son Califat et dont les victoires et conquêtes avaient élevé la position de `Omar à celle d'un empereur, finit-il ses jours dans le dénuement et l'indifférence générale. La Famine
En l'an l7-18 A.H. une famine ravagea le Hejâz. Cette année fut appelée l'année des Cendres, parce que la terre fut couverte d'une couche de sol tellement desséché et sablonneux qu'il obscurcit la lumière par une brume épaisse et lourde. L'air était sec et poussiéreux et il n'y avait aucune trace de verdure sur le sol. La Peste
En l'an 18 A.H. un fléau s'abattit sur la Syrie et fit des ravages dans les principaux quartiers des Arabes à Himç et à Damas : vingt-cinq mille personnes périrent par la peste. Abû `Obaydah, qui avait la charge principale du Commandement en Syrie, fut victime de la peste. Yazîd, le Gouverneur de Damas ne put échapper, lui non plus au fléau qui se propagea jusqu'à Basra en Irak. La Nomination de Mu âwiyeh, comme Gouverneur de Syrie Abd `Obaydah et Yazîd étant morts tous deux par la peste, `Omar nomma Mu`âwiyeh B. Abî Sufiyân, Gouverneur de Syrie, poste qui lui permit d'avoir le contrôle civil et militaire de cette province et de poser la fondation de la dynastie Omayyade. Mu`âwiyeh était un homme d'ambition illimitée, et il sut mettre cette nouvelle position au service de son ambition. Il consolida avec un grand zèle l'administration de la Syrie, et renforça avec une clairvoyance intelligente son contrôle sur cette province afin de faire face à tous les imprévus du futur. Son esprit factieux, hérité de ses parents (son père, Abû Suflyân, fut l'ennemi le plus farouche des Hâchimites, tout comme son grand-père Harb et son arrière-grand-père Omayyah; sa mère Hind, qui éventra le cadavre de l'oncle du Prophète, pour lui arracher le foie et le sucer) l'amena à songer déjà à piétiner les droits divins de `Ali, le lieutenant attitré et le cousin du Prophète, ainsi que le mari de sa fille favorite Fatima et le père de sa progéniture (du Saint Prophète). `Ali n'était ni ambitieux ni envieux. Une seule chose lui tenait à cœur : l'intérêt de l'Islam. Il conseilla très volontiers le Calife et lui proposait généreusement des solutions sages aux difficultés et problèmes qu'il rencontrait, solutions et conseils pour lesquels le Calife ne manquait pas de le complimenter par des propos tels que: "Sans `Ali, `Omar serait mort", "Que Dieu prolonge ta vie", "Que Dieu te renforce", "Que Dieu préserve `Omar d'une situation complexe dans laquelle Abul-Hassan (`Ali, le père d'al-Hassan) ne serait pas présent pour la résoudre". Bien qu'il fût toujours honoré et complimenté publiquement pour son entendement et son esprit judicieux, on ne lui donna jamais la possibilité d'accéder au pouvoir. Au contraire on fit tout pour l'en écarter. Mu`âwiyeh atteindra, comme le montrent quelques événements historiques, les buts de sa politique prévoyante :
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